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Aperçu : The Vagrant

A choisir entre Odin Sphere, Muramasa ou Dragon’s Crown, mon coeur balance. Chacun à sa manière a contribué à construire la magie des jeux Vanillaware. Le développeur japonais a clairement de l’or dans les doigts de ses artistes qui réalisent des prouesses jeu après jeu et qu’importe s’il faut patienter 5 ans ou plus entre chaque tant le produit final vend du rêve à tous les amateurs de personnages et décors croqués à la main. Pour l’instant réservés aux seuls possesseurs de consoles Sony, nous espérons secrètement voir sortir des « superior versions » sur PC. Et nous ne sommes pas les seuls puisqu’une petite équipe venant tout droit de l’Empire du Milieu, OTK Games a décidé de faire son propre Vanillaware-like pour PC, dans la grande tradition des copies chinoises totalement assumées.

The Vagrant, c’est son petit nom est même de sortie en early access sur Steam, l’occasion pour nous d’y jeter un oeil avisé et de statuer sur son appartenance ou pas au genre initié par ses mentors. La fiche produit est en tout cas tout ce qu’il y a de plus alléchant : un action-RPG en 2D donc, entièrement dessiné à la main reprenant un arbre de compétences en constellation inspiré de Skyrim et Final Fantasy X, des combats musclés et un bestiaire conséquent. Alors, pâle copie made in China bourrée de défauts ou jeu de l’amour indispensable ? Où s’arrête l’hommage et où commence le plagiat ? Le développeur aurait en tout cas pu éviter un scénario aussi peu palpitant que celui d’un Dragon’s Crown. Et pourtant on retrouve dans The Vagrant une histoire à dormir debout d’héroïne à la recherche de son papounet.

En quête de réunification avec son dernier lien de sang, Vivian la guerrière va donc s’échouer sur les rives de Mythrilia, un étrange continent peuplé de créatures malfaisantes, mais aussi d’humains qu’il faudra sauver des griffes d’un paquet de boss, etc., etc. Vous connaissez la rengaine, un va devoir faire un certain nombre de quêtes, si possible imbriquées les unes dans les autres pour justifier une histoire improbable écrite sur un coin de table à la taverne du coin… Le jeu ne brille effectivement pas par son scénario dans les deux premiers actes disponibles sur cet accès anticipé. Toutefois il a d’autres atouts ; par exemple son système de combat. Percutant comme il faut, il fait vraiment honneur au genre.

Mashup éhonté de tout ce qui se fait de bien chez la concurrence, il permet de conserver souplesse et agilité tout en offrant un vecteur de customisation impressionnant face aux hordes de monstres que le jeu nous envoie sur la tronche. A notre disposition deux attaques classiques : coup rapide et coup fort qu’on pourra enchainer comme dans un Mortal Kombat pour effectuer des combos. A cela s’ajoute un grand nombre de coups spéciaux ayant chacun des effets particuliers (dégâts perforants, AOE et bien d’autres joyeusetés) qui consomment votre barre de rage. En plus de ces capacités à apprendre en déverrouillant des embranchements dans l’arbre de compétences, vous pourrez compter sur des armes à effets élémentaux sur lesquelles vous pourrez évidemment sertir des gemmes conférant des bonus à vos caractéristiques de base.

Ainsi, The Vagrant permet de se cuisiner sa propre petite build de personnage. J’ai personnellement opté pour un auto-healer bourré de rage qui se soigne avec l’or récupéré en combat et balance des AOE à gogo sans se fatiguer. Et ce grosbill là ne sera pas de trop, car le jeu n’est pas une promenade de santé. Il offre même un challenge relevé passées les deux premières heures de jeu, votre barre de vie descendant très très rapidement lors des affrontements. Si la plupart des ennemis se trouvent à chaque nouvel écran, à certains moments, le jeu vous enferme dans une arène virtuelle au beau milieu de l’écran et vous n’avez qu’une issue, sortir vainqueur face à vos adversaires. Il faut donc penser à faire le plein de « popos » chez le marchand en ville avant toute tentative d’exploration. Le jeu offre aussi tout un système d’upgrade d’armes et d’armures à l’aide du mana et de l’or, monnaies récupérées sur les cadavres des ennemis.

Si le jeu propose parfois de sacrés défis, il peut aussi frustrer, la faute à des points de sauvegarde pas toujours placés aux meilleurs endroits et qui obligent à se retaper une vingtaine de minutes à chaque mort. D’ailleurs ce n’est pas le seul grief avec le jeu : jeu indépendant chinois oblige, la traduction anglaise laisse le plus souvent à désirer. Il y a encore un gros effort à faire de ce côté. L’enchainement des dialogues n’est lui pas exempt de bugs et il arrive qu’on répète 2 ou 3 fois les mêmes phrases… enfin pour clore sur l’aspect technique, les chargements sont assez longs, on ne s’explique toujours pas l’écran noir de 30 secondes au lancement du jeu. Pour le reste, l’Unreal Engine 4 employé ici fait le job même si 2D oblige, il n’est pas poussé dans ses retranchements.

Le juge de paix, vous imaginez bien, sera définitivement le look de ce The Vagrant. Et bien face aux merveilles de Vanillaware, on n’est franchement pas déçus ! Les personnages sont tous bien dessinés et animés dans le plus pur style du développeur nippon, comprenez des avatars féminins aux formes généreuses et des messieurs aux coiffures improbables. Les décors sont très variés et détaillés. Mention spéciale au bestiaire vraiment important (OTK Games nous parle de plus de 70 ennemis différents) et surtout dans lequel chaque monstre est immédiatement reconnaissable dans le pack. C’est en 2017 assez rare pour être signalé. Là où par contre le jeu doit faire ses preuves à l’examen final, c’est sur son enrobage cinématique pour l’instant uniquement composé de vignettes qui manque de charisme, on espérait mieux.

Un premier contact satisfaisant, voilà ce qu’il ressort de ces heures passées sur The Vagrant. Architecturée autour d’un solide système de combat et de compétences qui procurent une immédiate sensation de puissance, la production d’OTK Games aura vite fait de vous faire oublier sa partie technique qui manque cruellement de polish. Si en l’état il ne détrônera pas son maître, The Vagrant s’affirme comme une alternative PCiste honorable aux exclusivités PlayStation de Vanillaware. Maintenant, comme tous les accès anticipés, on ne se prononcera pas avant de voir le produit final qui devrait arriver en fin d’année, mais il a de grandes chances de figurer dans notre liste des petites surprises de cette année, surtout s’il conserve son prix tout riquiqui d’une quinzaine d’euros.

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