PlayStation 4

Test : Call of Duty: WW2

Neuf ans après avoir quitté les sentiers boueux de la Seconde Guerre mondiale pour des conflits plus récents et même futuristes dans des rixes interplanétaires, la série Call Of Duty est de retour à ses premières amours pour tenter de reconquérir le cœur de ses fans. Car si elle a longtemps tutoyé les cieux en inondant les unes de la presse généraliste bien trop heureuse de parler de l’objet culturel le plus vendu de l’année, la série phare d’Activision a clairement perdu de sa superbe ses dernières années face à une concurrence toujours plus féroce. Mais si ce retour aux sources n’a rien de la révolution promise lors d’une communication rondement menée, le sergent Kalof frappe un grand coup sur la table avec un jeu solide et un mode solo qu’on n’attendait pas à ce niveau.

Il faut sauver le soldat Kalof

On pourra toujours dire que la scène d’introduction de Call of Duty : WW2 manque cruellement d’originalité, mais on doit lui reconnaitre qu’elle prend sacrément aux tripes. Après avoir fait connaissance du Caporal Daniels et de ses frères d’armes dans les cales chaleureuses d’un destroyer qui vogue vers les côtes normandes, l’ambiance change du tout au tout lorsqu’il s’agit d’enfiler ses bottes et son casque avant d’embarquer dans une berge à destination de ce qui ressemble à l’enfer. Le ciel est obscur, la mer est agitée, la peur se lit sur chaque visage qu’on croise du regard et les détonations sonnent de plus en plus fort à mesure que le moment fatidique approche : celui où les portes tombent, les balles sifflent et les corps tombent sous les cris et les gerbes de sang qui viennent s’étaler sur le visage des « chanceux » qui arrivent à atteindre la plage. L’entame du jeu de Sledgehammer est peut-être aussi spectaculaire qu’elle est crue et donne le ton pour le reste d’un périple qui ne cherche pas à prendre des gants avec le joueur et qui aborde même le sujet délicat des camps de la mort d’une façon plutôt intelligente. Pour les moins jeunes d’entre nous ayant eu la chance de découvrir « Il faut sauver le soldat Ryan » au cinéma à l’époque de sa sortie, cette introduction n’aura certainement pas la même saveur, mais Call of Duty WWII ne vole en aucun cas son appellation de blockbuster du jeu vidéo avec une cascade de scènes d’action explosives qui s’enchaine avec un certain sens rythme sans jamais basculer dans l’overdose. Par contre, s’il n’y a strictement rien à dire sur la qualité du travail effectué sur la bande sonore, où l’on pourrait presque discerner chaque grain de sable qui vient s’écraser au sol après une explosion de mortier, on ne peut pas en dire autant de la réalisation graphique qui souffle aussi bien le chaud que le froid. C’en est même assez déconcertant lorsqu’on passe d’une forêt qui grouille de végétation avec le soleil qui perce la cime des arbres à l’intérieur tout grisâtre d’un bunker où les textures donnent l’impression d’être sur PS3 ou Xbox 360 en tout début de génération. À croire que tous les environnements n’ont pas eu droit à la même attention et c’est surtout lorsque le jeu met en avant sa gestion de la lumière impeccable qu’il impressionne le plus. Au final, malgré un déséquilibre qui déçoit plus qu’il ne dérange, on peut dire sans aucune forme d’exagération que Call Of Duty : WW II est agréable à l’œil.

Toujours tout droit

Malgré toute la bonne volonté du monde, s’extraire d’un moule qu’on a pris soin de forger pendant plus de quatorze ans ne doit pas être une tâche des plus aisées. Ainsi, et malgré de vagues promesses d’un renouvellement de la formule, Call Of Duty : WW II propose une aventure on ne peut plus dirigiste où il suffit de filer droit devant pour atteindre son objectif. Découpé en onze chapitres et d’un épilogue qui ne vous prendront pas plus de huit heures de votre vie pour en venir à bout, le jeu prend donc la forme d’un long couloir plus ou moins large où les ennemis arrivent toujours d’en face et où il faut prendre soin de se mettre à couvert et d’arroser de plombs tout ce qui dépasse pour s’assurer une progression sans encombres. Les amateurs d’open world fustigeront l’absence d’une certaine liberté, qui n’est finalement qu’une douce illusion dans le jeu vidéo, mais WW2 nous propose une formule bien rodée qui fonctionne merveilleusement bien du début à la fin. On s’embarque ainsi dans un rollercoaster où l’on ne s’ennuie presque jamais, où les explosions et les vagues d’ennemis n’arrivent jamais au hasard, où les armes offrent de bonnes sensations avec un minimum recul pour un semblant de réalisme et où les différentes mécaniques de jeu s’assimilent en deux temps trois mouvements pour un plaisir de jeu immédiat. Mais si le jeu de Sledgehammer ne révolutionne en rien la série, il apporte tout de même quelques nouveautés dont une qui va en laisser plus d’un sur son séant : la disparition de la régénération automatique. Alors qu’il suffisait jusque-là de se mettre à couvert quelques secondes pour se refaire un brin de santé, ce qui a toujours valu à la série les quolibets des vieux briscards du FPS, il faut maintenant utiliser des trousses de soin qu’on peut trouver ici et là sur le champ de bataille ou auprès de ses alliés lorsque-ils en ont en stock. Dit comme ça, ça n’a l’air de rien, mais ça bouscule les habitudes et il faut maintenant réfléchir à deux fois avant de foncer vers un nouvel abri lorsque la Wehrmacht vous balance la purée. Enfin, comme le veut la grande tradition des Call of Duty, le jeu propose aussi d’autres phases de jeu avec une course-poursuite en véhicule, une séance de dogfight en plein ciel, le traditionnel passage à bord d’un tank ainsi qu’une mission d’infiltration dans les quartiers généraux Nazis en plein cœur de Paris. Bien que scriptée jusqu’au trognon, cette séquence est de loin la plus intéressante des petits à côté et agit comme une bouffée d’air frais au beau milieu de la campagne.

Band of Brothers

À moins d’être ce qu’on appelle un fan hardcore de Call of Duty, d’avoir terminé chaque campagne solo une bonne dizaine de fois et d’avoir poussé le vice jusqu’à aller lire les différents romans qui existent autour de la franchise, il est assez difficile de s’enthousiasmer sur les scénarios qu’on nous sert depuis quatorze ans. Qu’on se le dise, les histoires sont rarement passionnantes, la narration est brouillonne et c’est à peine si on se souvient du nom du personnage qu’on incarne. Ici, même si on reste sur un récit de guerre relativement classique, le jeu se concentre sur un petit groupe de soldats à l’image de ce qu’on pouvait le voir dans Band of Brothers. Mais si la trame scénaristique n’a bien évidemment pas la même qualité d’écriture que la série produite par Steven Spielberg, on finit par s’attacher à ce petit groupe de soldats unis par le même destin. De quoi s’inquiéter pour eux à la moindre explosion d’obus et d’avoir envie d’écharper la moitié de l’Allemagne Nazi à grands coups de sulfateuse lorsque l’un d’eux est blessé. Mais au-delà des liens qu’ils peuvent tisser entre eux d’un point de vue scénaristique, ces affinités se matérialisent également au cœur du gameplay. Comme je vous le disais plus haut, on peut demander une trousse de soin à l’un de ses frères d’armes, mais aussi des minutions, des grenades, un fumigène pour demander le soutien d’un mortier ou bien utiliser une paire de jumelles pour localiser les ennemis aux alentours qui apparaissent avec un léger halo lumineux. Par contre, on ne peut pas utiliser ces assistances de manière illimitée et il faut attendre qu’une jauge se recharge, soit en s’armant de patience, soit en accélérant le processus en dénichant des souvenirs cachés dans les niveaux ou en accomplissant des actes héroïques. Ce qui se matérialise par un sauvetage in-extremis d’un pauvre civil ou en extirpant un soldat du feu ennemi. Des actions qui sont au final assez rares et jamais aléatoires.

Kollossal War !

On papote, on papote, mais le mode solo d’un Call Of Duty a beau avoir son importance, quoiqu’en disent et pensent certaines personnes, mais le nerf de la guerre reste son mode multijoueur. Et de ce côté-là, rien de vraiment nouveau sous le soleil. Du moins, presque rien. Ainsi, même si la mode est actuellement aux grandes batailles endiablées à plus de 32 joueurs sur des cartes aussi vastes que le mordor, Call Of Duty : WW II reste sur ses acquis avec des cartes de petite taille où l’affrontement à courte distance prévaut sur les joutes de plus grande ampleur. Là encore, au lieu de céder aux sirènes d’une quelconque mode et d’offrir aux joueurs ce qu’ils tendent à réclamer vu le succès de certaines licences, Activision et Sledgehammer ont préféré rester sur ce qu’ils savent faire le mieux, et c’est très bien comme ça. Les habitués de la série auront la douce sensation d’enfiler une paire de chaussons tout doux et bien chaud avec des armes puissantes sans le moindre recul, une jolie collection de perks, des classes qui ont changé de nom mais qui proposent la même chose, des affrontements aussi plaisants qu’expéditifs sur des cartes étriquées et un plaisir de jeu immédiat peu importe le mode sur lequel on se lance. Mais si la philosophie de jeu n’a pas changé, Sledgehammer a tout de même apporté quelques nouveautés à commencer par le mode WAR où deux équipes de six joueurs s’affrontent sur une succession de cartes avec différents types d’objectifs comme couvrir la progression de chars d’assaut ou encore détruire un pont ennemi. Si le mode n’offre fatalement pas les mêmes sensations que son équivalent chez Battlefield à cause de la taille du champ de bataille mais aussi, et surtout, du faible nombre de joueurs, on finit par y prendre gout assez rapidement. Ça offre une alternative non négligeable aux autres modes de jeux plus classiques et puis ça permet de faire exprimer le jeu en équipe de la plus belle des façons. Ce qui reste assez rare pour un Call of Duty où le chacun pour soi était ce qui fonctionnait le mieux jusqu’à présent.

Tué du Nazi c’est bien, mais du Nazi Zombie, c’est mieux

Pour continuer à parler des nouveautés, en plus du mode WAR, ou GUERRE pour les anglophobes qui souhaitent une réhabilitation de la langue de Molière, le jeu intègre ce qu’on appelle le QG : un hub central à l’image de la citadelle de Destiny où le joueur peut vaquer à différentes activités comme s’entrainer, voir des vidéos, consulter des statistiques ou encore accepter différents types de contrats pour faire le plein d’XP. Des challenges à durée limitée qui demande par exemple de faire un certain nombre de kill sur un mode de jeu donné ou enchainer les headshots. Le genre de petites activités qui donnera du grain à moudre aux complétistes et qui sert aussi à maximiser ses gains en XP lorsqu’on passe toute une nuit sur le jeu. Pour finir, comment ne pas aborder le fameux mode Nazi Zombie où l’on doit repousser des vagues successives de zombies en costume de S.S. jusqu’à plus soif. S’il y a de quoi dire deux ou trois mots sur un certain manque de contenu, le mode fonctionne toujours aussi bien et on prend vite goût à éradiquer tous ces zombies du troisième Reich pour faire exploser son compteur de point et mettre la main sur des armes toujours plus puissantes pour faire toujours plus de dégât. Une activité on ne peut plus délectable et qui plaire à coup sûr à tous les fans du mode.

Bon

En revenant à ses premières amours, on peut dire que Call of Duty : WW2 opère un retour aux sources des plus réussis. On pourra toujours reprocher à la série de rester engoncer dans un moule qui commence à sérieusement dater, mais force est de constater que la formule fonctionne toujours aussi bien. Sledgehamer nous gratifie ainsi de l’un des meilleurs modes solos de la franchise qui arrive à être aussi spectaculaire qu’intéressant à jouer. De plus, le scénario ne s’embourbe pas dans les détails et est porté par un petit groupe de soldats auxquels on finit par s’attacher et qu’on suit du début à la fin sans aucun déplaisir. Quant au mode multijoueur, on reste sur une formule qui n’a plus rien a prouver et qui accueille un nouveau mode de jeu efficace et l’intégration du QG qui apporte une composante qui manquait à la série. Et puis le mode Zombie reste ce qu’il est, mais avec des nazis. Ce qui devrait plaisir aux fans du genre.

Jeu testé sur PlayStation 4 à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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