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Test : Hollow Knight

C’est toujours avec une bonne dose d’excitation que j’entame un metroidvania. Cette race de seigneurs dans le jeu vidéo n’a cessé de me surprendre au fil des décennies et honnêtement, je pensais que l’on avait atteint le pinacle de l’évolution avec Ori and the Blind Forest il y a deux ans. Forcément, le jeu ovationné par la Terre entière avait tout pour lui : une direction artistique qui renvoyait les productions Ghibli se faire une beauté en coulisses, un gameplay efficace, une construction habile et une bande originale orchestrée avec soin. Impossible de faire mieux ? Certains osent prétendre le contraire, quitte à bousculer les codes du genre et jouer les entremetteurs entre des genres qui n’ont à priori rien en commun. Il en ressort des étrangetés comme l’original Salt & Sanctuary, l’arlésienne Chasm ou encore le titre dont je vais vous parler aujourd’hui : Hollow Knight.

Depuis l’annonce et son petit succès sur Kickstarter en 2014, il s’était fait bien discret et ce n’est que depuis quelques mois que les trois développeurs australiens ont amorcé une communication plus agressive. J’ai un peu honte, mais je l’avais même oublié alors que, rien que visuellement le chevalier fantomatique en jette ! Nul besoin de s’attarder outre mesure sur sa direction artistique tant est est fabuleuse : chaque personnage, chaque écran est dessiné et animé avec soin. Les screenshots parlent d’eux-mêmes. Mais son look c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Hollow Knight est en réalité un monstre de gameplay qui se savoure autant du bout des doigts que du coin de l’oeil. Vendu par ses créateurs comme un jeu d’action aventure en 2D, on pourrait plus le positionner à la croisée des chemins entre la Sainte Trinité : plateformer, metroidvania et Souls-like psychologique.

Avant de détailler les différents aspects du jeu, évoquons son histoire assez éthérée qui va de pair avec son coup de crayon comic-gothic. Après une petite cinématique entièrement dessinée à la main qui nous introduit avec brio un mystérieux danger et l’arrivée de notre héros « insectoide » dans le monde du jeu, vous prenez directement le contrôle de ce petit personnage chétif et inexpressif donc immédiatement adorable. Après une première zone qui sert de tutoriel aux mécaniques primaires, vous allez rapidement débarquer dans le village à l’abandon de Dirtmouth. A partir de là, l’histoire commence vraiment, si l’on peut dire. Le scénario du jeu ne se dévoile que très lentement et le royaume en ruine qui s’étend dans les profondeurs souterraines de Dirtmouth est prétexte pour vous faire avancer. L’histoire n’est elle qu’évoquée dans les discussions avec les PNJs.

Il faut attendre une bonne douzaine d’heures pour avoir une idée précise de notre quête et je ne vous en dirais pas plus. Intelligemment, Hollow Knight peut compter sur ses mécaniques de jeu pour donner envie au joueur de se surpasser et d’avancer. Le réseau de galeries souterraines imbriquées de Hollownest bourrées d’insectes de toutes mandibules y joue pour beaucoup. De mémoire de joueur, j’ai rarement vu un metroidvania aussi bien structuré. Chaque environnement est interconnecté avec celui d’en face de bien des façons et possède non seulement son propre look, son propre bestiaire, mais une topographie singulière. Après avoir arpenté les grottes froides et les petites salles lugubres de Forgotten Crossroads, vous vous émerveillez bientôt devant la jungle luxuriante et les lianes qui vous bloquent le chemin dans Greenpath, et ainsi de suite tout au long du jeu.

Pour vous repérer dans ce dédale, n’oubliez surtout pas d’acheter votre carte ! Première grosse caractéristique intrinsèque d’Hollow Knight, le repérage dans l’espace. Si dans n’importe quel autre metroidvania la carte s’écrit au fur et à mesure de l’avancée du joueur dans le monde sans poser de question, ici c’est différent. Chaque zone possède sa propre carte et elle doit tout d’abord être achetée chez le marchand itinérant qui se planque quelque part dans les galeries avant de pouvoir être alimenté par le joueur au fil de ses déplacements. Si la première demi-heure de jeu peut être déroutante, on se fait vite à ce choix de design qui met en avant la composante exploration et crée originalement l’emphase sur la détresse d’un chevalier perdu dans les profondeurs sombres de Hollownest. Toutefois, l’idée ne séduira surement pas certains joueurs qui trouveront agaçant le temps passé à chercher le marchand, certes.

Comme vous vous en doutez, cette mécanique de carte a un impact fort sur la progression dans ce monde. On se demande souvent si on suit le bon chemin, mais le jeu l’a bien compris et sait récompenser le joueur où qu’il aille. Ici vous trouverez l’équivalent d’un tiers de coeur de vie, là un PNJ vous vendant des objets utiles. Malgré une structure volontairement chaotique, car dénouée de fil conducteur et la volonté des développeurs de nous faire déambuler sans repères, Hollow Knight s’en sort très bien et saura toujours vous offrir quelque chose en retour d’une bonne heure de découverte à l’aveugle d’un nouveau secteur. En bon metroidvania qu’il est, il mettra à disposition des joueurs des améliorations de gameplay qui serviront à débloquer des passages et avancer. On en vient tranquillement au second pilier du jeu, la plateforme.

Sans prendre trop de risques, les wallabies de Team Cherry ont investi dans un système simple, mais qui a fait ses preuves : saut, dash, glissade sur les murs et combat à l’épée… enfin plutôt au clou qui sert de sabre à notre minuscule insecte. La plateforme est fluide et précise, jamais le joueur n’est pris en défaut par le gameplay. Contrairement à d’autres titres et justement, car il demande de l’investissement lors des phases de crapahutage dans des grottes sans repères, Hollow Knight met un point d’honneur à proposer une lecture parfaite des interactions possibles à la fois avec l’environnement (distance des sauts, parois, pièges, etc.) que de l’action, évitant ainsi la frustration occasionnée par des paris risqués de la part des joueurs. Attention cependant, il ne sera pas pour autant une promenade de santé. En vérité, et de l’avis de tous, il est assez difficile.

Que les souterrains sois truffés de pièges mortels, passe encore, mais vous n’allez pas que vous faire des amis lors de votre descente dans l’inconnu, oh ça non ! Les insectes rodent dans l’ombre et ils sont pour la plupart hostiles. Comptez pas moins de 130 races d’invertébrés à affronter ayant pour la grande majorité leur pattern ou leur résistance propre. Les combats se cantonneront le plus souvent à des duels très tactiques typiques de ce que l’on retrouve sur les jeux de FromSoftware où il faudra d’abord analyser les mouvements de l’adversaire, puis défier leur garde et enfin asséner le coup fatal. On évitera soigneusement d’affronter plus de trois ennemis à la fois sous peine de voir notre jauge de vie fondre comme neige au soleil. A ce sujet, petit aparté sur la santé dans le jeu et la réserve d’âmes. Vous récupérerez des âmes à chaque coup porté sur un ennemi.

Elles viendront remplir une réserve qui vous permet au choix d’utiliser des pouvoirs très classiques (boule d’énergie, etc.) ou bien plus intéréssant, de recharger vos coeurs de vie en vous immobilisant dans une posture de Focus temporairement pendant une seconde. Tout le sel du jeu vient donc de la bonne utilisation du Focus pour regagner de la vie, à utiliser avec parcimonie surtout en combat, car vous êtes totalement vulnérable pendant ce temps-là. Une autre manière de regagner de la vie est de se reposer sur l’un des bancs que vous croiserez sur votre route, mais cela réinitialisera tous les monstres tués jusque-là. Vous le sentez le petit côté Dark Souls ? Autre héritage de cette école du jeu vidéo : votre ombre qu’il faudra aller chercher (et combattre !) à chaque décès pour espérer récupérer tout l’argent amassé avant votre mort. Enfin, dernière corde à votre arc : les charmes que vous pourrez trouver ou acheter et épingler sur votre carapace.

Ils feront office de bonus passifs comme une plus grande allonge, un compas indiquant votre position sur la carte, un temps de Focus réduit et bien d’autres encore. Mais attention, les points d’ancrage sont limités et il faudra faire des choix en fonction de la « build » de personnage que l’on veut monter. Je pourrai vous parler du jeu encore longtemps, de ses 30 boss tous charismatiques et vraiment challengeant, de ses passages secrets infernaux, de la foule de PNJs attachants qui parlent un langage arthropode fait de bribes de voix humaines du plus bel effet, de sa bande originale totalement folle composée à l’orgue et au piano par un Christopher Larkin très juste, des petits challenges de plateforme représentés par les arbres à rêves et surtout du contenu du jeu, riche et qui ne cesse de nous étonner, mais il est déjà l’heure de tirer une conclusion sur cette aventure.

Très bon Obligé !

Et quel trip ! Hollow Knight est un magnifique metroidvania dessiné à la main pimenté par un petit rien de Dark Souls qui ajoute au titre toute sa saveur. Son action millimétrée ne pardonnera pas le manque de discipline et de concentration du joueur et saura récompenser ses prises de risque audacieuses. Mais c'est surtout dans sa proposition d'exploration quasi à l'aveuglette que le jeu offre toute son originalité et une dimension unique. Riche d'un contenu qui vous tiendra en haleine pendant plus de vingt-cinq heures dans des environnements tous différents, alimenté par un bestiaire fourni dans un univers d'insectes à la fois étrange et fascinant, il est le compagnon idéal des joueurs qui cherchent une expérience entre Ori and the Blind Forest et Salt & Sanctuary. Avides du genre, vous ne devez absolument pas passer à côté de cette merveille.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par le développeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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