Xbox One

Test : Manual Samuel

Dans la catégorie des mariages les plus improbables du jeu vidéo, il fallait oser le mélange diabolique d’Octodad et de QWOP. Le premier nous propose des situations de la vie quotidienne à vivre en tant que poulpe qui doit tout faire pour paraitre humain, de l’autre un jeu absurde de course à pied mélangeant physique démentielle et contrôles alambiqués. Et bien les développeurs norvégiens et célibataires (ce n’est pas moi qui le dis, ils n’arrêtent pas de le mentionner dans leur jeu !) de Perfectly Paranormal osent tout et nous offrent aujourd’hui Manual Samuel qu’on pourrait décrire comme un simulateur d’humain débrayé en manuel. Dans les faits, on y joue un jeune gosse de riche qui se retrouve lié à la faucheuse par un contrat… mortel !

Le jeu vous présente rapidement son protagoniste principal : Samuel, un fils à papa égocentrique de la pire espèce. Comme à l’accoutumée, Sam à oublié l’anniversaire de sa copine (pour la troisième année consécutive, tout de même) et mérite donc bien la raclée qu’elle lui fiche à la vue de tout le monde dans un café. Reprenant ses esprits après s’être mangé une bouteille de verre en pleine tronche et profitant d’un éclair de lucidité venant d’on ne sait où, le bellâtre court retrouver sa belle dehors pour s’excuser. Manque de bol, il ne voit pas le 3 tonnes qui traverse la rue à ce moment-là et l’écrase violemment. Le jeune garçon se retrouve illico presto en Enfer où il fait rapidement connaissance avec la Mort elle-même, bizarrement accoutrée : casquette rivée sur le crâne et skateboard à la main qui l’accueille par un « Yo ! » évocateur.

Vous vous doutez bien que la Mort ne va pas lui faire de cadeau, mais elle lui propose tout de même un deal qu’on ne peut refuser : Sam sera ressuscité s’il arrive à tenir 24h dans le monde des vivants en mode manuel, dénué de tonus musculaire : traduction, c’est à vous le joueur qu’il incombe de faire bouger tous les membres de Sam pour donner l’illusion à son entourage que tout va pour le mieux. Attention on a bien dit tous les muscles, y compris ceux de la mâchoire et des yeux, il faudra donc penser régulièrement à faire respirer Sam et lui faire cligner des yeux (si si !) pour éviter de tomber dans le coma. A partir de là, les gags s’enchaînent, la Mort et le narrateur du jeu commentant tous vos « FAILS » et gestes et des mouvements maladroits, vous allez en commettre pendant tout le jeu.

Le gameplay de Manual Samuel s’articule autour de trois grands axes : tout d’abord vos jambes que vous contrôlez à tour de rôle à l’aide de la manette avec les gâchettes LT et RT. Ne vous emmêlez ici pas les pinceaux entre pied gauche et pied droit sous peine de vous casser la gueule dans des escaliers ou de faire le grand écart. Votre tête, elle est animée par trois des boutons de la manette : inspirez avec X, expirez avec B et clignez des yeux avec A. Enfin vos membres supérieurs sont utilisés avec les gâchettes hautes de la manette. Une pression continue de LB près d’un objet interactif vous permettra de l’attraper. Le jeu vous demandera souvent de jouer au Twister avec vos doigts sur la manette en laissant appuyé sur plein de touches tout en tapant frénétiquement sur une autre (majoritairement la touche Y).

Manual Samuel est franchement rigolo pendant les trois premiers chapitres. On découvre les ridicules animations de Sam, sa tête qui devient toute bleue lorsqu’on oublie de le faire respirer et des situations de la vie quotidienne qui deviennent absurdement pénibles à affronter lorsqu’on a plus toute sa tête, ni son corps : se doucher, conduire, aller travailler sont autant d’épreuves que le pas si pauvre héros devra accomplir pour espérer revenir du monde des morts. La plupart des scènes présentées en début de partie fonctionnement immédiatement. Le gameplay alterne entre les phases de mouvements coordonnés et des QTEs d’actions à effectuer en rythme. Non seulement on se retrouve à réfléchir pour faire deux pas, mais la moindre erreur est commentée par la cinglante Mort qui vous humiliera verbalement de la pire des façons.

D’ailleurs, si le jeu marche bien et crée l’hilarité auprès du joueur, c’est grâce à ses dialogues très bien sentis lus par des acteurs qui savent insuffler une vie dans ces personnages dignes des meilleurs cartoons, un comble pour celui qui double l’ange de la Mort. Les dialogues et les gags, justement pourraient rivaliser avec l’humour noir que nous distille les networks américains dans des dessins animés comme Rock & Morty ou American Dad. On parle quand même d’orphelins tués par des robots femmes de ménage devenus fous, entre autres. La direction artistique est elle aussi très réussie, simple et efficace, à l’image de la plupart des productions animées télévisuelles actuelles avec des touches de couleur par-ci par-là, des lignes franches et des visages accentués.

Seulement voilà, les rires laissent place à la morosité lorsqu’on s’en rend compte que le concept de Manual Samuel s’essouffle après seulement une petite heure de jeu. Les chapitres tirent sur la longueur, le jeu nous faisant répéter trois ou quatre fois le même pattern de gameplay par chapitre sans réelle variété. Plus on se rapproche de la fin et plus le jeu aura tendance à répéter la mécanique de gameplay introduite en boucle, jusqu’à l’écoeurement. On a hélas vite fait le tour des mécaniques offertes à chaque nouveau tableau et malgré l’espoir, l’évidence est que Manual Samuel à bien du mal à se renouveler. Le dernier boss du jeu, Satan en personne aura raison de notre calme en nous demandant de connaître par coeur plusieurs patterns composés de multiples mouvements complexes et chronométrés, une souffrance après seulement 3 heures de jeu.

Moyen

Honnêtement, Manual Samuel n'est pas un mauvais jeu, mais il a du mal à nous faire rire jusqu'à son final démoniaque. Pourtant il partait sur de bonnes bases, en combinant l'absurde d'un personnage amorphe et détestable au possible avec lequel on doit composer et un gameplay intéressant qui fait finalement réfléchir un minimum. De plus, il faut reconnaître que les développeurs ont su écrire des dialogues et des scènes tordantes jouées par des acteurs vraiment très convaincants. Pourtant, des patterns répétés en boucle jusqu'à l’essorage complet dans chaque niveau et des séquences d'action qui manquent d'audace sur la longueur viennent à bout du plus patient des joueurs...

Jeu testé sur Xbox One à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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