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Test : Mass Effect Andromeda

La première saga du space opera de Bioware semble bien loin et pourtant Mass Effect et son Shepard résonnent encore dans nos coeurs assoiffés d’espace et d’aventure. Faut dire qu’ils se comptent sur les doigts de la main, les titres qui ont su capturer l’essence même du genre. Electronic Arts l’avait bien compris et a su distiller les restes de l’épilogue dans des DLCs à histoire (Leviathan et Omega tout particulièrement). Et derrière une partie de ces contenus additionnels, on retrouvait le tout nouveau tout beau studio québécois de Bioware également responsable de l’excellent mode multijoueur du jeu. Après ces premiers faits d’armes, la maison mère d’Edmonton allait confier aux bleus un nouveau challenge, dépoussiérer la licence pendant qu’ils allaient se concentrer eux sur Dragon Age et Star Wars. Cinq ans plus tard, Mass Effect Andromeda sort d’hyperespace.

La tâche à relever était lourde, faire aussi bien que la trilogie originale. Et plutôt que de se prendre les pieds dans les ficelles de la timeline Shepard, le studio a préféré opter pour une pirouette scénaristique qui leur permettrait de recommencer de zéro : l’Initiative Andromède. En 2185, constatant l’avancée irrémédiable des Moissonneurs dans la galaxie, les races de la Citadelle décidèrent de créer des arches gigantesques pouvant transporter chacune 20000 colons et de les envoyer dans la galaxie d’Andromède. Un voyage de 600 ans en cryosommeil chapeauté par une équipe de gestion et des Pionniers, représentant chacun une race et leur volonté d’exploration. Leur but, faire un backup de la vie sur des planètes viables appelés Mondes en Or situés à 2.5 millions d’années-lumière de la Terre et sélectionnées à l’avance. Le voyage d’une vie.

Le jeu commence donc en 2819 à bord de l’arche Hyperion qui vient d’émerger de l’hyperespace. A son bord, les colons humains, leur Pionnier Alec Ryder et ses enfants Scott et Sara. Après un rapide checkup et le choix de votre avatar familial homme ou femme, quelque chose cloche. Nous sommes bien dans la galaxie d’Andromède, mais l’Habitat 7 : la planète qui devait servir de havre de paix aux humains n’est pas vraiment viable. Un mystérieux réseau d’anomalies electro-statiques qui n’était pas là lors des analyses pré-Initiative a contaminé le sol de la planète, et il en est de même pour la grande majorité des Mondes en Or. Voilà le point de départ du jeu et notre première mission va nous mettre immédiatement dans le bain d’un scénario abracadabrant qui se justifie par le vieil adage des cowboys américains « tire d’abord, pose les questions ensuite ».

La première heure de jeu est à la hauteur de tout ce que le scénario aura à nous offrir pendant les 15 suivantes. Notre père nous répète pendant le briefing de la toute première mission d’exploration qu’il est important de faire bonne figure en tant que nouveau voisin dans ce lotissement spatial. Tu parles ! Il ne faut pas plus de 20 minutes avant qu’il ne tire à toute berzingue sur les premiers extra-terrestres d’Andromède que l’on rencontre. Les Kerts sont une race qu’on nous présente comme belliqueuse, car on n’arrive pas à les comprendre et qui représentera notre principal ennemi pendant toute la campagne. Premier enjeu, premier problème : on comprend bien que les scénaristes ont voulu nous faire comprendre ce qu’ont vécu les explorateurs du Nouveau Monde en 1492, mais c’est très mal amené et est au final plus une excuse maladroite qu’une fin en soi.

Il faut attendre la cinquième heure pour assembler une partie des pièces du puzzle de Mass Effect Andromeda : un grand méchant Kert, l’Archonte, qui veut s’emparer d’une technologie capable d’insuffler ou d’annihiler la vie dans toute la galaxie crée par une mystérieuse race éteinte, les Jaardans dont on n’apprendra rien pendant le reste du jeu, cela dit en passant et découvrir où le studio veut nous amener. Au final c’est une énième histoire bateau comme la télévision sait en produire depuis les années 90. J’insiste sur cette analogie, car le jeu voudrait tellement y ressembler qu’il en singe jusque dans ses dialogues les plus plan-plan et qui tombent à plat dès que Ryder prend la parole. Pensé comme un Starlord du pauvre, notre héros/héroïne ne peut s’empêcher de sortir un petit trait d’humour hors propos dans les situations les plus dramatiques.

Mass Effect Andromeda pourrait ainsi se situer entre Les Frères Scott dans l’espace pour tout ce qui concerne les relations avec l’équipage, romances y compris et une série nulloche que la production aurait annule au milieu de la saison 2 pour les (not so) « epic moments ». Et pourtant, à de très rares moments pendant la quête principale, la patte de l’expert Bioware ressort dans un plan caméra ou une cinématique bien rythmée. Ces petits instants magiques sont hélas immédiatement bâclés par une intervention ratée du clown Ryder. Le jeu regorge d’actes manqués comme ce passage ou Ryder fait un discours digne d’un politicien alors que les membres d’équipage retournent vaquer à leurs occupations, jusque dans ses missions de loyauté qui étaient souvent là où le développeur excellait. Ici on oscille entre la bonne vieille quête Fedex déguisée et la curiosité scénaristique qui ne décolle jamais.

Enfin les Montréalais déploient des efforts considérables pour nous aiguiller vers les missions secondaires à grand renfort d’interfaces pas claire qui brouille les pistes entre le fil rouge et l’accessoire, de messages insistants pour nous signifier sans cesse qu' »on a trouvé une anomalie » dans tel secteur ou qu' »il faudrait assurer la viabilité de l’avant-poste » sur telle ou telle planète. Usant. Et comme si cela ne suffisait pas, Andromeda signe le retour de la carte galactique lourdingue qui nous inflige des aller-retour à gogo qui cachent des chargements de données en arrière-plan. Bon d’accord, le premier patch du jeu a en partie corrigé ça, mais il en reste encore. D’ailleurs cette mise à jour vient améliorer un autre trou noir au milieu du système : les animations faciales.

Même si vous n’avez pas joué au jeu, vous avez surement dû voir trainer des GIFs qui présentent les abominables animations du jeu. C’est simple, jusqu’il y a peu, on avait l’impression de parler à des animaux à l’agonie avec leur regard de poulpe mort. Alors oui, par la force des choses on s’y fait et même s’il y a du mieux aujourd’hui, on constate avec tristesse que la grande majorité des PNJs humains sont mieux sculptés que Scott et Sara. Seuls les aliens de la Citadelle semblent avoir échappé au désastre. On en vient donc à parler des espèces rencontrées dans le jeu. Incroyable, mais vrai, la galaxie d’Andromède ne compte que 3 races extra-terrestres. Les experts en exobiologie seront eux désolés d’apprendre que la faune animale de toutes les planètes visitées n’excède pas la dizaine de nouvelles espèces. Etonnant n’est-ce pas.

En ce qui concerne les mondes à explorer, on ne sera jamais surpris par une direction artistique qui reste dans les fondamentaux. Pourtant il y avait matière à imaginer de nouvelles règles physiques et à repenser ce qu’on pourrait trouver sur une planète. Mais non la seule folie a été l’installation des structures Reliquates au design peu inspiré et leurs mini-puzzles basés sur des sudokus interstellaires. On se contentera donc de profiter de panoramas parfois bluffants il faut l’avouer comme sur Elaaden, la planète désertique ou s’est installée une colonie de Krogans. Pour se balader dans ces grandes étendues, le jeu nous introduit au Nomad, un nouveau véhicule à six roues motrices qui pour le coup est une vraie bonne surprise. Sa conduite est parfaite. Au registre des bonnes nouvelles, on trouve également un crafting peu intrusif dans le gameplay et assez efficace.

De passage sur votre vaisseau, vous pourrez investir des points dans la R&D pour augmenter vos technologies de craft. Pour le reste du gameplay, très peu de changements par rapport à l’orientation action de la licence Mass Effect. Sous ses faux airs de RPG, Andromeda est en fait un vulgaire jeu d’action à la troisième personne avec des arbres de compétences de combat. Les phases de shoot n’offrent rien d’extraordinaire dans le mode de difficulté normal, on passe son temps à se planquer derrière des barricades pour recharger son bouclier et à tirer sur tout ce qui bouge. Le bestiaire rencontré ne saura jamais vraiment vous surprendre, tout au plus quelques sacs à PVs comme les colosses ou les prophètes vous obligeront à aller récupérer plusieurs fois des munitions. Les amateurs de challenge se tourneront vers un mode de difficulté supérieur ou surtout sur le mode multijoueur du jeu.

Reprenant les bases de la réussite qu’était celui du troisième épisode, le mode coopératif annexe de Mass Effect Andromeda est LA dose de challenge du jeu. Avec trois de vos amis, vous participez à des missions groupes d’assauts APEX et devez accomplir différents objectifs lors de vagues successives sur une carte donnée : hacking en restant dans une zone, survie face à des hordes d’ennemis qui n’hésitent pas à vous prendre à revers, destructions de cibles prioritaires et pour finir extraction du site. A la fin de chaque mission, vous récupérerez de l’argent qui permettra d’acheter des caisses d’objets dans la boutique et de l’expérience qui vous permettra de booster votre personnage. Plusieurs classes humaines et aliens permettent de varier les plaisirs, que l’on soit plus combat direct ou pouvoirs biotiques, il y en a pour tous les gouts.

Mauvais

600 ans de cryostase... pour ça ? Mass Effect Andromeda est la déception que je n'attendais pas. Qu'il s'agisse de son propos méta maladroitement amené ou de la lourdeur de son script digne d'une série TV de seconde zone ou d'un film fantastique low-cost que l'on trouverait à la station essence du coin, le jeu ne fait aucun effort pour nous donner envie d'aller nous battre jusqu'à un dénouement cousu de fil blanc. Pire, il saccage ses moindres moments un tant soit peu Mass Effect-esques comme s'il ne se rendait même pas compte de ce qu'il faisait. Et ce n'est pas la valeur honteuse de sa production au rabais et ses visages malades qui me feront mentir. Le studio a pris conscience des nombreux problèmes et est vraisemblablement parti en croisade pour changer la donne, mais le mal est fait et il sera impossible de poser une rustine sur le véritable souci du jeu : son histoire sans ambitions.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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