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Test : On Rusty Trails

Si les joueurs allemands sont connus pour leur amour inconditionnel de la stratégie sous toutes ses formes, les gars de Black Pants Studio eux ont autre chose en tête : des mondes étranges, des personnages difformes, des histoires abracadabrantes… et des slips ! Ne vous y trompez pas, ces gars-là ont su imposer leur style et accumuler les récompenses dans les plus hautes sphères de la scène indépendante mondiale avec leurs deux premières productions, About Love, Hate and the other ones et Tiny and Big: Grandpa’s Leftovers. C’est donc avec un plaisir non dissimulé que nous accueillons leur retour après 4 ans d’absence ! Si le studio allemand nous avait habitués à des productions atypiques, il propose aujourd’hui une expérience plus accessible et à même à conquérir un public varié avec leur petit On Rusty Trails.

Fini la physique et les puzzles, on est ici face à un bon vieux plateformer pur, sans combat, mais avec pas mal d’atouts en poche : deux mécaniques de gameplay bien singulières, une direction artistique soignée et un scénario très actuel habilement amené. Car On Rusty Trails c’est avant tout une histoire de cohabitation entre deux civilisations que tout oppose : d’un côté des créatures métalliques qui vivent sur la terre ferme à proximité de villes et d’usines ou le métal en fusion coule à flot et de l’autre de paisibles bonhommes bleus et poilus se baignant en altitude sous des cascades d’eau pure. Elvis, le héros de l’aventure, nous est introduit abruptement dès le début, sa maison étant réduite en cendres à cause d’une chute de météorite. Pas de bol !

Mais le bon bougre ne se laisse pas abattre. Elvis est un fier travailleur de la nation métallique et compte bien aller faire valoir ses droits en allant voir son superviseur, contrat d’assurance à la main pour se faire payer un nouvel abri. Seulement ce faisant, il prendra part malgré lui au conflit qui gronde dans le petit monde de On Rusty Trails. Rapidement la paix fragile va voler aux éclats et vous allez récupérer un costume permettant de prendre l’apparence des voisins du dessus, ce qui vous accordera le droit de traverser les chutes d’eau et de marcher sur les plateformes de glace qu’affectionnent tout particulièrement les bonshommes bleus et qui disparaissent automatiquement lorsque vous vous en approchez sous votre forme originelle.

Voilà donc tout le gameplay de ce plateformer qui emprunte la mécanique d’un certain Outland, on saute et on passe en un éclair d’un état à l’autre pour avancer dans les niveaux et déjouer les nombreux pièges tendus par l’environnement (jets d’eau et de métal en fusion, canon ne tirant que sur telle ou telle faction, rayons laser, etc.). Elvis pourra également compter sur ses bottes magnétiques pour rester collé aux plateformes en toute circonstance et ainsi se mouvoir la tête en bas pour accéder à des zones à priori impossibles à atteindre. Pratique également pour grimper sur n’importe quel mur, à condition que l’on soit dans le bon état (rouge ou bleu). La gravité elle est relative au sol et non pas à la plateforme sur laquelle on se trouve.

Il faut garder en tête cette constante et prendre le temps de s’y habituer lors des premiers niveaux sous peine de voir mourir bêtement notre petit héros. Après quelques minutes de jeu, on arrive à mieux jauger nos sauts et nos déplacements la tête en bas. Le gameplay se fluidifie rapidement sans jamais nous frustrer, le jeu ne nous faisant pas le coup du saut millimétré pour rejoindre une plateforme. On se sent donc en sécurité et on progresse tranquillement dans la centaine de niveaux au total. Si On Rusty Trails n’est jamais aussi difficile qu’un Super Meat Boy par exemple, il n’en faut pas pour autant oublier de rester concentré, car certains passages requièrent une sacrée dextérité. D’autant que les points de sauvegarde dans les niveaux peuvent se faire rares.

Est-ce par volonté de simplification ou pour contrôler la possible frustration du joueur à certains moments, toujours est-il que les développeurs ont pris le parti de créer des niveaux assez courts qui se terminent le plus souvent en une trentaine de secondes. Force est de constater que ce rythme convient parfaitement à un titre qui se picore sans pression. On enchaine les niveaux, on découvre au fur et à mesure du scénario le monde créé par les Allemands, ses personnages qui discutent avec des pictogrammes, sans aucun dialogue, mais toujours avec des petits sons et une bande originale de qualité en fond. Le titre distille même des phases de boss et des passages en chute libre qui ont le mérite de faire varier les plaisirs, toujours en conservant la mécanique du changement d’état au coeur de ces niveaux.

On en arrive aux points du jeu un peu décevants et hélas il nous est impossible de ne pas mentionner la durée de vie. Honnêtement, en fouinant un peu dans les niveaux, sans se presser, on termine le jeu en trois petites heures seulement. C’est un peu dommage surtout que les développeurs auraient pu tirer un peu plus sur la corde en rajoutant quelques niveaux par monde sans que cela soit préjudiciable pour le rythme de l’ensemble. De même, le manque de rejouabilité évident du titre ne nous incite pas à reprendre les niveaux pour dénicher des passages secrets cachés. Du point de vue de la technique, si le moteur maison Scape Engine fait globalement le job, il reste encore des efforts à faire sur les effets et notamment les explosions et certains jeux de lumière qui paraissent un peu cheap à notre goût.

Bon 

On Rusty Trails est un plateformer sympathique et attachant. Le titre est clairement moins ambitieux que les précédentes productions de Black Pants Studio, mais l'imagination débordante de ses développeurs allemands se ressent dans tout ce qui le compose, de son héros Elvis la petite boite de conserve pyramidale à son gameplay simple, mais terriblement efficace. Le travail effectué à la fois sur les contrôles du héros et sur le rythme du jeu est tout à fait admirable. C'est désormais une habitude, mais la direction artistique du jeu est elle aussi de toute beauté. Toutefois on reste un peu sur notre faim une fois le jeu terminé et on aurait aimé passer plus de temps à arpenter le monde étrange du jeu tout en découvrant de nouveaux twists de gameplay.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par le développeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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