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Test : RUINER

Ce n’est pas parce qu’on ne s’appelle pas CD Projekt qu’on à pas le droit de parler cyberpunk dans le jeu vidéo. Reikon Games et leur premier jeu RUINER en sont l’exemple parfait. Bon alors on se doute tout de même que l’influence des anciens de l’équipe de Cyperpunk 2077 a du faire son petit effet sur le studio, mais ils ont voulu partager une vision originale d’un futur sombre : leur invitation ne singe donc pas le genre, bien au contraire : RUINER c’est avant tout un jeu d’action exigeant dans un monde futuriste et une histoire de famille.. et de cyborg… et de robots, oui OK vous avez compris. Présenté par son éditeur Devolver Digital comme un jeu difficile à grand renfort de vidéos ultra-nerveuses, il est temps de voir si la bête peut se faire dompter par le plus grand nombre ou s’il restera un jeu de niche.

Avant d’analyser en détail le coeur du jeu : son gameplay, attardons-nous un moment sur sa direction artistique tout simplement exceptionnelle. On peut clairement dire qu’on est en face d’un de nos coups de coeur de l’année dans ce domaine. Pour matérialiser un monde au futur incertain foisonnant de cultures différentes, de corporations asservissant robots et humains et une ville-souk, Rengkok, les artistes ont redoublé d’efforts pour créer des personnages, des costumes, des objets tous extrêmement bien détaillés. Tous les méchants de l’histoire ont un look unique, les bâtiments et usines traversés ont des architectures recherchées, on est vraiment face à un travail d’orfèvre de la part des designers. Mais ce n’est pas tout, la présentation de l’ensemble est elle aussi très travaillée.

Séquences cinématiques précalculées, 2D brute stroboscopée, 3D avec un minimum de textures, dessin de type anime ou comics, RUINER se paye une panoplie complète de mise en valeur de ses assets, pour le plus grand plaisir de nos yeux. C’est bien simple, on ne sait jamais comment le jeu va introduire tel ou tel PNJ ou lieu, on est toujours émerveillé par ses choix osés et ses combinaisons parfois déstructurées raccord avec son univers. Du grand art sublimé par une bande originale composée par des DJs venus du monde entier et un featuring de Susumu Hirasawa qu’on retrouve notamment à la composition de l’anime Paprika… tiens donc. Autre fantaisie qui n’en est pas une : les dialogues ne sont jamais doublés, les seules voix du jeu étant des cris et motivations de votre sidekick féminin spécialiste du hacking et du cerveau grillé au feu de bois.

Place à l’action ! Si l’on n’évoque pas le scénario du jeu c’est qu’il reste lui très simple : utiliser nos poings pour sauver le frérot prisonnier de la corporation HEAVEN et ce faisant, dézinguer tous les gros bonnets de la boite. On va donc se balader des faubourgs de Rengkok aux profondeurs des usines d’HEAVEN dans un titre qui pourrait ressembler à un Hotline Miami survolté dans des environnements clos. Les niveaux sont quasi exclusivement des successions de salles dans lesquelles on verra débouler des gangs dont il faudra venir à bout pour débloquer la sortie, et ainsi de suite. A la différence d’Hotline Miami, le jeu n’est pas pensé pour la couverture et les lignes de vue, au contraire il force au mouvement continuel. A notre disposition, une variété d’armes à feu et d’armes blanches pour alterner corps à corps et combat à distance.

Et là on touche au gros point noir du jeu. Si l’utilisation les armes à feu s’avère efficace et jouissive (bonnes sensations de shoot et d’impact sur les corps explosant littéralement ou volant à travers la pièce), lorsque le jeu insiste pour nous faire combattre au corps-à-corps, il se plante lamentablement, car il oblige à tourner notre personnage sur lui-même pour être en face de l’ennemi pour toucher. RUINER privilégiant la vitesse, la précision et le mouvement autour de notre cible, il devient parfaitement inutile de se lancer dans des rixes au sabre ou autre arme contondante. Amputant une bonne moitié de son système de combat, qu’est-ce que RUINER nous laisse à disposition ? Et bien le héros possède heureusement un semble de pouvoirs technologiques pour échapper aux tirs adverses et les faire tourner en bourrique.

Cette douzaine de compétences se débloque à l’aide du Karma récupéré sur les cadavres et dans des coffres : dash multiple, bouclier énergétique, barrière cinétique qui renvoie les tirs, implant fantôme pirate qui permet de prendre le contrôle des adversaires, amplificateur de réflexes qui agit comme un mode ralenti, etc. On peut investir dans ces pouvoirs au fur et à mesure de notre progression et il est à tout moment possible de revenir en arrière et réattribuer son Karma. Ainsi, le jeu nous invite régulièrement à modifier notre build pour faciliter les combats contre tel ou tel ennemi. Et ça ne sera pas du luxe, car il est assez difficile. Alors certes on peut toujours se le faire en Facile même si la difficulté se fait sentir sur les derniers niveaux, mais dès le taquet est positionné sur Normal, on sent que RUINER nous veut du mal.

On apprend donc par l’erreur, on utilise les upgrades à la carte pour se monter la build parfaite et on choisit ses armes en fonction de la menace. L’IA est elle assez basique, se contentant la plupart du temps de nous foncer dessus sans réfléchir. Seuls certains boss ont des patterns peu évolués, même s’ils restent destructeurs. Au-delà de cette difficulté, RUINER s’avère être un titre assez court malgré ce que l’on peut penser à l’arrivée dans la ville. Il faudra compter un peu moins de 6 heures en Normal pour finir le jeu. Cela ne nous a pas choqués, car le gameplay est intense et sans temps morts, mais certains pourraient regretter de voir le bout du tunnel aussi vite. On sent qu’il en reste encore sous le pied des développeurs et on ne serait pas étonné de voir revenir cet univers pour une suite.

Bon

RUINER se permet toutes les excentricités dans son design comme dans son gameplay jusqu'à se perdre par moments sur le chemin du succès, mais qu'importe. On est en face d'un jeu d'action solide qui n'a rien à envier à Hotline Miami. Alors certes, on en fera hélas rapidement le tour, mais la virée est assez intense pour qu'on en ressorte avec le sourire du joueur satisfait. De même, on se demande encore pourquoi sacrifie-t-il le combat au corps-à-corps sur l'autel de la précision, mais tout ce qu'il propose en retour de ses bonnes sensations de shoot à son système de compétences à la carte compense largement ce défaut. Et on n’oublie pas de citer sa direction artistique de haute volée qui fait pour beaucoup dans le charme du jeu.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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