Xbox One

Test : Teenage Mutant Ninja Turtles: Des mutants à Manhattan

Si PlatinumGames ne nous a pas habitués à une régularité dans la qualité de ses productions ces dernières années, on a tout de même été surpris par des jeux à licence plus que corrects réalisés pour le compte d’Activision. Il y a deux ans La Légende de Korra se posait en une adaptation honnête du dessin animé du même nom diffusé sur la chaîne américaine Nickelodeon. L’année suivante, PlatinumGames faisait encore mieux avec un titre qu’on n’attendait absolument pas : Transformers Devastation. Le nouveau beat-em-all de Kenji Saito frappa très fort et nous redonna l’envie de croire en l’exploitation de licences dans le jeu vidéo. Fier de cette coopération fructueuse, Activision confia une nouvelle adaptation de série à succès au studio japonais : Les Tortues Ninja avec la promesse d’un mode multi à 4 ! Il nous tardait donc de poser nos mains sur ce titre.

Le voilà donc disponible ce Teenage Mutants Ninja Turtles: Mutants in Manhattan et ayant adoré Transformers Devastation, je n’ai pas pu résister à l’envie de m’y jeter dessus. Hélas, le jeu pue le traquenard dès le menu principal, avant même de démarrer. En lieu et place d’une campagne classique qui se dévoile au fur et à mesure, on peut directement sélectionner chaque mission… qui porte le nom du boss à affronter. Bon OK TMNT est souvent associé au jeu d’arcade du même nom, mais là ils poussent le délire un peu loin. Enfin bon, pourquoi pas, ne jugeons pas le jeu sur une première impression. La campagne commence donc par une cinématique nous expliquant qu’une invasion imminente de la Terre par le général Krang, Shredder et le Foot Clan va venir bouleverser le week-end pizza-canapé de la bande des Tortues.

Lâchez la zappette et rangez les doubles pepperonis, vous allez donc devoir faire la chasse à tous les éminents membres du Foot Clan (Bebop, Rocksteady, Armaggon et les autres), déjouer leurs plans via des missions aléatoires dans chaque niveau et botter les fesses des têtes pensantes Shredder et Krang, la routine quotidienne quoi. Vous ne serez pas seul dans l’entreprise puisque maître Splinter et April O’Neil seront également de la partie et vous fourniront une aide non négligeable (surtout votre père). La structure du jeu s’apparente donc à un beat-them-all très classique dans des niveaux de deux types : une ville ouverte, mais désespérément vide pour ce qui est de la surface et un dédale de couloirs en sous-sol (égouts et métro évidemment).

Le level design importe peu puisque de toute façon vous devrez effectuer les mêmes tâches dans chaque environnement, et ceci dans le but ultime de faire monter la jauge du boss du niveau. Et le gameplay dans tout ça ? C’est simple, on est devant le niveau zéro du beat-them-all : on avance et on matraque les deux boutons de la manette essentiels, coups faibles et coups puissants. Lorsqu’ils sont rechargés, on utilise les pouvoirs des tortues et on répète ces opérations à l’infini en passant d’une tortue à l’autre pour faire varier un peu les plaisirs (aucune variation du gameplay, ce sont surtout l’allonge et la latence de nos coups qui changent). A bien des égards, le jeu pourrait être comparé à un jeu d’action free2play en ligne. Mais où est donc la patte PlatinumGames là-dedans ?!

Le studio a bien intégré une esquive millimétrée sensée nous faire obtenir un avantage si on l’utilise, comme ils l’ont fait dans leurs précédents jeux, mais d’une, elle est parfaitement inutile et en plus on a bien du mal à la déclencher, le titre plafonnant à 30 fps. Et puis vu que l’action à l’écran se trouve souvent brouillonne, voire illisible, à cause des pouvoirs qui déclenchent des tonnes d’effets graphiques, il aurait été encore plus difficile d’utiliser à bon escient cette esquive. De toute manière le jeu n’est pas bien difficile et il sera rare de se retrouver KO. Si tel était le cas, les développeurs de Bayonetta font une jolie fleur aux joueurs en leur proposant d’aller faire un tour chez Splinter pour se gaver de pizza et revenir sur le champ de bataille complètement requinqués. Oui, ce n’est définitivement pas la même équipe qui est aux commandes.

Les missions sont elles aussi très basiques et se répètent en boucle : désarmer des bombes en laissant nos doigts appuyés sur une touche pendant que vos petits camarades s’occupent des ennemis aux alentours, nettoyer une zone infectée de membres du Foot Clan, récupérer des sacs d’or et les ramener à un point d’extraction, rien de très excitant sous le soleil de Manhattan je vous l’accorde. Ce faisant, vous devrez combattre des ennemis qui apparaissent aléatoirement sur la carte. Une fois la jauge complètement remplie, vous débloquerez l’entrée de la salle du boss et après une maigre cinématique, vous vous retrouverez devant l’un des sbires de Shredder affublé d’une barre de vie gigantesque. Enfin quand je dis une barre de vie, ce sont plutôt SEPT barres de vie qu’il faudra descendre avant d’en arriver à bout !

Les combats sont longs, très longs, trop longs même. On passe souvent plus de temps à abattre un de ces gros sacs à points de vie qu’à effectuer les missions dans le niveau. On aurait bien du mal à les appeler des boss puisqu’à part un look particulier, ils ne possèdent pas de pattern qui les différencie vraiment du menu fretin. Une fois ces séquences terminées, le jeu nous balance une nouvelle cinématique et nous invite à distribuer les points d’expérience acquis en cours de partie pour améliorer nos pouvoirs et c’est parti pour la suite. On avance sans jamais se poser de questions, sans jamais buter sur un niveau plus difficile qu’un autre et on s’ennuie sec pendant toute la partie à moins d’être rejoint par des amis dans le mode multijoueur en ligne qui sauve à peine Mutants in Manhattan de la noyade.

Comme à l’accoutumée, faisons un rapide tour par la technique. Ici on peut clairement dire que PlatinumGames a fait le minimum syndical. On nous avait promis un jeu sans multi local pour pouvoir se rapprocher le plus possible des 60 images par secondes, le jeu est bloqué à 30… En plus d’afficher des textures hideuses, le moteur vieillissant du studio d’Osaka peine lors de combats contre des ennemis trop nombreux ou lorsqu’on contemple la ville ouverte depuis les toits des gratte-ciels. Enfin, les bugs sont légion, mais la permissivité du jeu fait qu’ils occasionnent des situations assez comiques comme certaines missions qui se terminent avant que l’on ait complété les objectifs, alors que notre personnage est coincé dans le décor.

Mauvais 

Teenage Mutants Ninja Turtles: Mutants in Manhattan remplit à la lettre le cahier des charges du jeu à licence à l'ancienne avec tout le package de défauts pénibles qui vient avec. A part un aspect visuel des protagonistes et des mimiques qui sont fidèles à la série Nickelodeon, le jeu est ennuyeux à mourir dès les premières minutes et ne fait aucun effort pour se renouveler. Et ce ne sont pas les blagues Carambar de Michelangelo qui vont arranger l'affaire. Sûrement trop occupé à terminer Scalebound et Nier Automata, PlatinumGames n'a même pas pris le temps de saupoudrer le jeu de cette magie qui fait de leurs titres des jeux atypiques. Les Japonais ont confié la réalisation de cet opus à une équipe B qui aurait bien mieux fait de s'inspirer de Transformers Devastation, voire d'en faire un habillage TMNT que de nous pondre ce beat-em-all sans âme. Quelle déception !

Jeu testé sur Xbox One à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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