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Test : Crossing Souls

Polaroid fait son grand come-back par la petite porte, on s’arrache les Tamagotchis nouveaux dans les boutiques spécialisées, les anciennes stars du TOP 50 font s’amasser les foules dans tous les Zéniths de France et de Navarre : pas de doute, la culture des années 80 fait un retour en force dans le coeur des quadras désabusés par les us et coutumes de la Generation Y. Pas étonnant donc de voir quelques petits malins surfer sur le filon comme Netflix avec sa série Stranger Things. Côté jeu vidéo, cela fait déjà quelques années qu’on nous ressert les vieilles gloires d’antan modernisées pour l’occasion. La démarche du studio espagnol Fourattic est différente : faire une photo souvenir, l’instantané d’une époque, quitte à copier-coller en passant univers, oeuvres et mécaniques de jeu historiques. Alors hommage ou pastiche ? Chaussez vos Pump’s, mettez des piles neuves dans votre Walkman autoreverse et en avant pour une plongée dans notre enfance.

Aménagé comme le scénario d’un film de Spielberg, Crossing Souls nous propose de suivre les vacances d’été d’une bande de gamins qu’on a pas de mal à imaginer faire les 400 coups ensemble dans une petite ville californienne sans histoire. Mais comme dans tous les bons films de l’époque, un élément extérieur déclenché par des adultes va venir foutre la pagaille et ça sera bientôt à ces jeunes héros de sauver leurs familles, la ville et la planète entière. Ici c’est la découverte de la Pierre de Douât volée par un scientifique des mains de l’abominable Major Oh Rus qui bouleverser la vie de ce groupe d’amis. Grâce à elle, ils peuvent à leur gré pénétrer dans la dimension des morts et interagir avec des fantômes tout autour d’eux. S’en suivront une épique course poursuite entre méchants stéréotypés et gentils, de l’amour, des bons sentiments et des morts, aussi.

Car le titre se faisant le reflet des années 80 emprunte aussi cette mise en scène brutale de la mort récurrente dans les bouquins de Stephen King par exemple. C’est d’ailleurs l’une de ses forces, il n’hésite pas à faire mourir des membres du groupe sans nous prévenir à l’avance. Alors certes l’enrobage pixel-art mignon atténue le choc, mais on est plus habitués à tant de banalité de nos jours, les oeuvres artistiques étant édulcorées au maximum pour plaire au plus grand nombre. Le jeu multiplie également les clins d’oeil aux blockbusters qui ont fait de cette décennie une légende : Gremlins, Ghostbusters, E.T. ou encore Retour vers le Futur sont autant de références qu’on retrouve avec plaisir tout au long de notre périple. Toujours employés, jamais singés, c’est de là aussi qu’il tire sa puissance nostalgique. Enfin, Crossing Souls à eu le bon goût de s’octroyer une BO en deux temps mixant envolées symphoniques à la Williams et synths à la sauce Carpenter, du grand art.

Voilà pour la mise en situation, passons maintenant au gameplay. Crossing Souls est conçu comme un action-puzzler narratif. Ne cherchez donc pas de multiples embranchements de scénario, des compétences à développer, il ne s’embarrasse pas de tout ça. Non, on suit un fil d’Arianne du début à la fin, et le balisage d’un chemin dans la ville ou les portes fermées dans tous les sens sont là pour nous le rappeler. Comme chez les Goonies, chacun des membres du gang à sa propre capacité : Chris le chef peut dévier des tirs avec sa batte, Matt lui vole pendant un cours instant, Big Joe c’est la force brute et Charlie peut se projeter d’une plateforme à l’autre avec son fouet. Enfin Kevin, le frère de Chris… va rapidement mourir et rejoindre la dimension parallèle. Le joueur devra donc switcher entre chaque personnage et en plus utiliser Kevin et ses potes de l’autre côté pour déverrouiller des passages ou dialoguer avec certains morts.

Ce continuel passage de l’un à l’autre des jeunes héros est au coeur des phases les plus techniques du jeu, dans les courses poursuites millimétrées où la recherche des collectibles qui fera appel à toutes les caractéristiques du groupe même si la légère difficulté du jeu ne vous mettra quasiment jamais en défaut. Par contre ses puzzles ne cassent pas trois pattes à un canard sauf à de rares occasions où le casse-tête peut être complètement obtus (ah ce satané damier dans les mines !). Sinon, le jeu nous laisse toujours un petit indice comme un bouton poussoir bien en évidence qu’il faut actionner dans le royaume des morts pour débloquer l’entrée de l’autre côté. Limpide et déjà vu. C’est d’autant plus dommage que les phases de jeu ont la fâcheuse tendance à baisser en qualité passée les 3 premières heures. Et là on touche au gros point noir du jeu, son end-game.

Si la première partie du jeu est haute en couleur et en détails, Crossing Souls multipliant les hommages, le dernier tiers du jeu se repose uniquement sur l’imaginaire et l’inventivité du studio, aie ! On y découvre alors un nouvel ennemi pas franchement original qui crée une incohérence scénaristique, de nouveaux environnements aux assets bien moins travaillés, répétitifs au possible et de nouveaux défis frustrants, la faute à un gameplay pas taillé pour les sauts millimétrés dans des phases de runner qui ne pardonnent aucun écart. Il ne reste que la carotte des trop rares séquences animées (qui font furieusement penser aux Minipouss ou Denver Le Dernier Dinosaure) pour nous faire tenir jusqu’au prochain chapitre. Si l’on rajoute des combats de boss peu intéressants et surtout punitifs à l’ensemble, le retour à la réalité est un peu violent pour le nostalgique en plein trip.

Moyen

Crossing Souls ne manque pas de charme et d'humilité lorsqu'il dresse un tableau honnête des années 80. On y retrouve presque tout, des gloires passées du cinéma et de la littérature à la mise en avant de thèmes forts comme la mort où le lien avec le monde des adultes par une bande de gamins sans peur rivés à leurs BMX. Hélas, le titre enchaîne les fausses notes à partir du moment où son studio Fourattic tente l'originalité, jusqu'à laisser le joueur contempler un final téléphoné au possible. Il en reste toutefois trois premières heures magiques qui figent un instant les meilleurs souvenirs de notre enfance et ce n’est déjà pas si mal.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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