PlayStation 4

Test : Days Gone

Sortie il y a 3 mois, Days Gone a fait parlé de lui à sa sortie en partie pour ses nombreux problèmes techniques et ses patchs day one de 21 go. Ayant pris beaucoup de retard sur ce test, nous avons finalement eu l’idée de vous proposer un test un peu particulier, à savoir se lancer dans le jeu plusieurs semaines après sa sortie afin de découvrir ce que vaut Days Gone après toutes ces mises à jour. Alors qu’à notre époque les jeux s’améliorent au fil des patchs et que certains reviennent de très loin (No Man’s Sky, Rainbow six siege…) cette démarche nous semblait intéressante et on espère qu’elle le sera pour vous aussi.

Tout commence de manière assez brutale avec ce qu’on comprend être le début de l’apocalypse. A la manière de l’intro de Last of Us, les protagonistes voient leur monde s’effondrer sous leurs yeux. [SPOILER LAST OF US=ON]Dans le jeu de Naughty Dog, Joël voyait sa fille mourir dans ses bras,[SPOILER LAST OF US=OFF] dans Days Gone, Deacon St. John, le héros, membre d’un gang de motards, confie sa femme blessée à une équipe scientifique pour l’évacuer. Notre aventure commence réellement quelques mois après, dans l’Oregon où notre héros survit tant bien que mal avec son ami Boozer (ça veut dire alcoolique en anglais). On apprend rapidement que sa femme est présumée morte, car l’hélicoptère qui la transportait s’est écrasé. Nous n’irons pas plus loin que cela dans le scénario pour ne pas vous gâcher la surprise.

Ce qu’on peut dire néanmoins sur la mise en scène, c’est que dès le début on sent l’inspiration Naughty Dog mais nous sommes loin de l’égaler dans Days Gone. Les cut-scenes sont en permanence coupées, hachées par des transitions inutiles, ce qui nous sort de l’immersion. Même si une partie de la narration repose sur des flashbacks, les scénaristes en abusent et ne prennent pas le temps de développer leur narration ou de poser le récit. Ainsi on débute l’aventure avec une mise en scène quelque peu brouillonne qui se fera sentir tout du long du jeu, surtout au niveau de l’écriture des personnages. Assez stéréotypé, parfois simpliste, on aurait aimé voir plus de complexité et de maturité à ce sujet.
Cette première sensation évacuée, nous commençons véritablement notre aventure dans le No man’s land. On découvre l’Oregon version post apocalyptique à la fois terrifiant et magnifique. Chose assez logique car, « le sachiez-tu », les locaux de Bend studio sont justement en Oregon. Vous le savez sans doute déjà, mais Days Gone propose un gameplay basé sur son monde ouvert. Ainsi, étant donné le nombre important de jeux similaire sortis ces dernières années, nous allons pouvoir comparer l’exclusivité de PlayStation avec ses concurrents.

Commençons par l’environnement. Comme nous le disions, les décors sont à la hauteur de ce qu’on attendait. Ils sont variés et les concepts artistes ont fait du très bon boulot. On reste certes dans du classique, un peu moins inspiré que Last of Us, mais cela reste de qualité. Les changements météorologiques fonctionnent parfaitement. On redoute l’arrivé de l’orage et on se laisse surprendre par ce monde vivant. Pour ce qui est dans la carte en elle même, elle n’est pas immense mais tient ses promesses en termes de variété en plus de compenser cela par une découverte de la carte en plusieurs étapes, un peu comme celle de Red Dead Redemption 2… Ainsi en ce qui concerne ses environnements, Days Gone tient tête à ses plus gros concurrents et ce n’était pas une mince affaire quand on parle de studios tels que Ubisoft ou Rockstar.

Passons au gros morceau du jeu, le gameplay. Comme tout jeu à monde ouvert, on retrouve les mêmes fonctionnalités que chez les voisins : l’upgrade des armes, la chasse, le craft, les missions… bref mélangez tous les jeux de ce type sortis ces dernières années (Far Cry, Assassin’s creed, Spider-man…) et vous obtiendrez une recette générique. Néanmoins le jeu de Bend Studio se démarque sur quelques points. Tout d’abord les camps, en effets dans Days Gone, à l’exception des marginaux comme Deacon, les survivants se sont regroupés dans des camps pour échapper aux mutants. Ils sont de différents types (camps de travail, militaires ou libertaire…). C’est là-bas que vous trouverez du travail, que vous pourrez améliorer votre matériel ou vous faire un peu d’argent. Mais pour cela, il vous faudra gagner la confiance de chaque camp en rendant des services, ce qui de fait pour donnera accès à plus de choses. En parlant des missions ces dernières seront divisées en scénario. Par exemple, les missions avec votre amis Boozer (décidément ce blase…) feront partie du grand  scénario ‘c’est mon frère”. Certains ont eu du mal sur cet aspect, mais personnellement j’ai trouvé que ça apportait un peu de fraîcheur sur la découpe de l’histoire. Cela évite notamment d’accumuler 40 quêtes dans son journal et cela est appréciable.

Je suis sûr que vous pensez maintenant, vous qui lisez ces lignes, “tes gentil Rorschach, mais qu’en est-il du vrai gameplay, de la baston ?”. Et bien j’y viens jeune lecteur imaginaire. Une fois notre b*** et notre couteau à la main, on part pour nos premières missions. Ainsi, les premiers ennemis rencontrés vous donneront du fil à retordre, même si vous êtes armé. En effet, La sensation manette en main est déroutante, notamment à cause du système de gun-fight. Le jeu se repose sur un système de concentration, qui rétrécira la réticule de visé plus vous visé longtemps (et les 2 secondes en trop se font sentir), ce qui rend les affrontements réalistes d’un côté mais parfois pénible à longue distance. Vous pourrez aussi activer le « bullet-time » durant quelques secondes pour gratifier votre ennemi d’un tir à la tête. Lorsque vous vous ferez submerger ou attaquer par surprise -et croyez-moi cela vous arrivera souvent-, plus d’alternatif, il sera temps d’y aller à la zob (au corps à corps si vous préférez). Au début, on fait avec ce qu’on a sous la main (un morceau de bois, une batte…) et on fracasse des crânes. Si votre style de jeu c’est plutôt la discrétion vous pourrez essayer de la jouer fine en vous faufilant pour décimer vos ennemis. On ne va pas se mentir, cette manière ne s’avère pas particulièrement fun ou intéressante à jouer. On est loin de la purge qu’étaient celle du jeu spider-man, car ici au moins c’est plus ouvert et cela arrive moins souvent. Du coup, pas besoin d’être Solid Snake, car les buissons sont magiques dans ce jeu, il vous dissimule à 100% même si l’ennemi passe à 30 cm de vous. Et c’est là où le jeu manque le coche selon moi, c’est dans l’I.A. de ses personnages. A l’ouest rien de nouveau, mais c’est encore une fois dramatique de voir une I.A. aux fraises à ce point. C’est d’autant plus dommage que Bend studio avait essayé de mettre en place un élément de gameplay (le Freak-O-System), un système où les différentes factions s’affrontent entre elles de manière réaliste. Ainsi, vous pouvez tomber sur des humains qui affrontent des zombies alors que des animaux commencent à attaquer l’un ou l’autre. L’idée, très intéressante et immersive, du coup quand ça marche, on est pris dans le feu d’action. Par contre lorsque les ennemis se tournent autour sans s’attaquer, on est vite déconcerté.

Cela aurait pu être un véritable atout si l’I.A. était au niveau, car le jeu dispose de plusieurs types d’ennemis intéressant entre les humains de différent clans, les animaux, les animaux zombifiés et bien sur les zombies eux-mêmes. C’est le moment de parler de ces derniers, car ils ont beaux avoir un look tout à fait générique (inspiré du film “je suis une légende”) leur nombre en fait un ennemi terrifiant. PlayStation avait capitalisé sur cet aspect à l’E3, avec notamment le principe de la horde et ses centaines d’ennemis. Véritable prouesse technique il faut reconnaître cela au jeu. Il est certain que cela ajoute un vrai plus au titre, surtout après plusieurs heures de jeu. Les hordes sont terribles et les affronter sans préparation se révèle être du suicide. Vous tomberez dessus le plus souvent par hasard lors de vos balades nocturnes, surtout si il pleut (quand je vous parlais de l’importance de la météo). Il se peut aussi que vous tombiez dessus en pleine journée en pénétrant dans une maison par exemple.
Toutefois, même si ce système rajoute une mécanique de jeu rarement vue, il faut admettre que le gameplay tourne pas mal en rond. Tout cela manque de fraîcheur, de nouveautés. On a l’impression que Bend Studio a repris tous les éléments récurrents des open world, a rajouté le système de horde et c’est contenté de cela. On refait souvent le même type de missions (infiltration, d’objets à récupérer, de personne à emmener) ou d’objectifs secondaires (détruire des nids d’infestés, points d’intérêts à visiter, tuer les membres de gang d’un camp, infiltrer un camp scientifique ou les missions flashback concernant votre femme disparue). C’est d’ailleurs ces dernières qui sont le plus intéressantes pour l’histoire même si le gameplay y est très limité. Concernant les campements scientifiques, ils seront toujours sur le même modèle : trouver le campement, alimenter le générateur en essence, désactiver les alarmes pour ne pas rameuter les zombies et enfin rentrer dedans pour améliorer une des 3 statistiques (santé, endurance, concentration).

Heureusement que la gestion de l’équipement et capacité peut nous permettre de casser cette boucle de gameplay. Ainsi, vous devrez faire attention à l’état de votre moto et la réparer avec de la ferraille si nécessaire (Léa passion ferrailleur style) ou faire le plein. Vous pourrez aussi l’améliorer ce qui sera indispensable car au début vous conduisez une brique qui se traîne. Coté armement, vos disposez d’un arsenal conséquent, à condition d’améliorer la confiance des différents camps (à noter que l’argent que vous débloquez dans un camp est lié uniquement à ce camp. Du coup vous pouvez être riche dans un des camps et pauvre dans un autre). Au fur et à mesure de l’aventure et de vos actions, vous débloquerez des points de compétences que vous pourrez utiliser dans un des arbres de développement (survie, tir & corps à corps). Sur cet aspect le jeu est assez agréable car on sent une véritable montée en puissance de Deacon et de ses équipements. En termes de durée de vie vous pouvez vous attendre à 30-50 h de jeu en fonction de votre manière de jouer.

Parlons maintenant des choses qui fâchent : les problèmes techniques. Nous allons passer brièvement sur chaque point car comme vous l’aurez compris, c’est un des gros points faible de Days Gone. Mais qu’en est-il 3 mois après la sortie du jeu et ses nombreux patchs. Tout d’abord, je pense que le titre s’est considérablement amélioré. On est passé d’un jeu techniquement à la ramasse comme Fallout 76 à un jeu qui tient la route. J’ai bien sur aperçu certains problèmes techniques, mais rien de comparable à l’expérience proposée à la sortie du jeu. Ainsi, dans la famille des bugs, j’ai eu le droits à plusieurs problèmes sonores (répétitions de phrases en boucle, accumulation des plusieurs pistes sonores en même temps), des bugs de collisions, des ennemis qui se téléportent ou commence à voler, des chutes de framerate (surement le bug le plus courant), des temps de chargement très long, des freezes et c’est à peu près tout. Les problèmes de crashs ont l’air d’avoir été réglés. Si seulement les problèmes de performances étaient totalement réglés, on serait en face d’un produit tout à fait correct, du moins techniquement parlant. A croire que monde ouvert et tests ne font pas bon ménage (n’est-ce pas Fallout 76 ?).

Dans la catégorie « ce n’est pas un bug c’est une feature », j’ai trouvé que le champ de vision de la caméra était assez restreint, ce qui a pour effet de se faire surprendre en permanence lorsque un ennemi nous attaque. Il n’y a pas de cycle jour/nuit et ainsi l’heure changera directement avant le début d’une mission (comme dans Spider-man). L’interface n’est pas toujours très simple à comprendre et certaines touches sont paramétrées de manière étrange (la touche carrée sert à recharger ou à prendre des objets ou à monter sur sa moto, du coup, on se plante toujours et on perd des chargeurs inutilement ou alors on démarre sa moto en voulant ramasser un objet. D’ailleurs sachez que vous ne pourrez sauvegarder qu’à coté de votre moto, ce qui peut devenir très pénible à terme (surtout lorsque vous attendez comme une victime qu’une horde s’en aille pour revenir à votre moto pour sauvegarder). Alors certes, c’est du réchauffé puissance 10, mais quand on se penche sur les équipes de Bend Studio, qui représentent à peine 130 personnes au maximum et qui n’étaient connues jusqu’ici que pour la série Syphon Filter, Bubsy 3D et quelque portages PSP et PsVita, ça permet de mettre en perspective par rapport aux mastodontes de l’industrie. Du coup, je tiens tout de même à signaler le travail fait par le studio qui a réussi à surmonter pas mal de problèmes techniques. Dommage que cela ait entaché la réputation du jeu à sa sortie car le potentiel était là.

Coté ambiance musicale, on reste sur du classique, à mi-chemin entre Last of Us & Red Dead Redemption 2. On profite de vrais moments de jeu épique ou dramatique, accompagnés par la musique. Mention spécial à la version française du jeu, qui n’a pas séduit tout le monde mais qui m’a convaincu personnellement. L’acteur (dont j’ignore le nom malheureusement) a fait un excellent travail d’appropriation du personnage de Deacon.

Bon

Au final que pensez de ce Days Gone, 3 mois après sa sortie ? En ce qui me concerne, j’ai été agréablement surpris. J'ai lontemps hésité à lui mettre un 6 ou un 7, mais vu l'amélioration du titre et le challenge que cela représentait pour ce petit studio, j'ai décidé d'être indulgent. Loin d’être très original et exempt de défauts, le jeu m’a suffisamment intéressé pour que je prenne plaisir à me balader en moto et à fuir la horde de zombies. Bend studio misait gros avec ce jeu, qui était sans doute trop ambitieux pour eux. Alors certes, on est loin d’avoir à faire à un des meilleurs jeux en monde ouvert, l’écriture est assez basique, mais l’exploration, la montée en puissance de Deacon ainsi que la volonté de savoir ce qu’il s’est passé et se passera peut suffire à apprécier le titre. Days Gone revient de loin, surtout qu’il ne m’attirait plus du tout au moment de sa sortie (la faute en partie dû à une communication de PlayStation qui a lâché ce jeu petit à petit). Il reste une expérience corrigée de la grande majorité de ses défauts, qui pourrait séduire certains joueurs, surtout à un tarif qui commence à baisser. Ne vous attendez pas à une révolution, on a ici à faire à une formule ultra classique. A vous de voir, mais après 3 mois d’existence il y a eu une amélioration considérable selon moi, et c’est bien cela le plus important.

Jeu testé sur PlayStation 4 à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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