Xbox One

Test : Deus Ex: Mankind Divided

A l’heure des open-worlds toujours plus vastes, de la génération procédurale et ses possibilités infinies, du tout connecté et son voyeurisme, il fait bon parfois se poser et jouer à un triple-A qui mise avant tout sur son gameplay pour créer l’excitation auprès du jouer plutôt que sur un déballage d’atouts techniques. Un jeu fabriqué avec amour qui provoque hérissement de poil et assouplissement de la mâchoire dès les premières minutes de jeu, un jeu comme Deus Ex Human Revolution. Le renouveau de la licence mythique d’Ion Storm avait fait sensation lors de sa sortie mi-2011. A mi-chemin entre RPG et jeu d’infiltration pure, le titre flirtait avec l’excellence en proposant un level design, une direction artistique et un scénario très recherchés.

Seuls quelques écueils techniques et des ratés dans l’exécution des séquences de tir venaient nuancer une revisite quasi-parfaite de la formule qui fit de Deus Ex bien plus qu’une simple formulation latine. Qu’à cela ne tienne, les équipes d’Eidos Montréal se sont mis au boulot et nous sortent cinq ans plus tard la suite tant attendue des aventures biomécaniques d’Adam Jensen. On aurait pu vous faire languir devant notre avis, mais franchement, on ne va pas tourner autour du pot bien longtemps : Deus Ex Mankind Divided surpasse son aîné sur presque tous les points. Il est lui aussi une réussite bien que nous ne soyons pas pour autant étonnés de certains choix des développeurs en ce qui concerne le gameplay. Mais commençons par décortiquer les points positifs.

Tout d’abord, l’impressionnante structure narrative qui a fait la renommée des Deus Ex est de retour en force. On retrouve Mary DeMarle aux commandes des équipes déjà en charge de l’histoire du premier jeu et le scénario reprend tout naturellement là où il s’était arrêté dans l’épisode précédent : deux ans ont passé depuis l’incident de Panchaia et les humains voient désormais les augmentés comme une menace potentielle qu’il faudrait pouvoir contrôler, ou à défaut parquer dans des ghettos. Jensen, lui, bosse maintenant pour Interpol et est envoyé en mission à Prague où il est le témoin d’un attentat commis sous ses yeux par des pro-augmentés. A partir de ce moment, les tensions éclatent et Jensen se retrouve rapidement au beau milieu d’un imbroglio politique complexe avec en trame de fond… les Illuminati évidemment.

Mankind Divided joue à fond la carte de la crédibilité en présentant un scénario plausible et effrayant, des personnages qui sentent le vrai et des dialogues d’une exceptionnelle justesse. Les différentes cinématiques et séquences de dialogues sont plus abouties que dans Human Revolution, pour notre plus grand plaisir. Il ne s’est pas passé une seule fois où je n’ai pas voulu en savoir plus sur les tenants et les aboutissants d’une mission ou la réflexion d’un personnage au sujet de son environnement ou les événements en cours. Les missions secondaires ne sont pas en reste, bien au contraire. Le plus souvent passionnantes, elles vous embarquent dans de longues heures de balade dans tout Prague à la rencontre de PNJs attachant.

Fait étonnant qui m’a frappé sur ce nouvel épisode, les scénaristes ont su s’affranchir définitivement de la vision héroïque d’Adam Jensen et soumettent au joueur un titre dans lequel le héros n’est qu’un témoin parmi tant d’autres de moeurs humains en pleine mutation. Les efforts pour insuffler la vie dans la ville de Prague jouent un rôle déterminant dans cette volonté d’écrire quelque chose d’original dans le jeu. A partir de ce postulat narratif, on avance dans la campagne comme n’importe qui, en constatant les bouleversements autour de nous sans pour autant pouvoir y changer quelque chose. Ce détachement est à nouveau l’une des forces de Mankind Divided et nous fait nous impliquer beaucoup plus dans l’histoire que dans le devenir de notre avatar.

Le seul bémol dans la narration ne vient pas de l’écriture, mais bien de la version française de Deux Ex Mankind Divided qui occasionne d’affreuses désynchronisations labiales, assez navrantes en 2016 surtout lorsqu’on regarde ce qui est fait chez la concurrence. Espérons que Eidos Montréal corrigera le tir dans les prochaines aventures d’Adam. De même, on est assez surpris de la qualité graphique du titre qui oscille entre le très bon et le médiocre, certaines textures comme celle du jeu d’échecs dans le bureau de Miller étant particulièrement baveuses. Restons sur les considérations techniques avec le point sur la version Xbox One testée : le titre s’en sort moyennement avec des baisses notables du framerate en dessous des trente images par secondes lors de certains gunfights gourmands.

Justement, parlons de la partie FPS. Critiqués à ce sujet lors de la sortie de Human Revolution, les développeurs avaient fait la promesse d’offrir aux joueurs des séquences de shoot plus présentes et plus variées. Mankind Divided remplit ici sa part du contrat puisqu’on en retrouve en abondance dans la trame principale du jeu. Ceci est évidemment dans le but de divertir les petits nouveaux qui découvrent Deus Ex avec sa dernière occurrence sans pour autant les noyer dans un gameplay trop posé et technique. Même si elle est également présente tout au long de la campagne, j’ai le sentiment que la composante infiltration se développe plus dans les missions secondaires qui font la part belle aux échappées discrètes dans des environnements regorgeant d’ennemis, de pièges et de machines qu’on préfèrera éviter soigneusement.

Malgré cela, on décèle les mêmes travers qu’avait Human Revolution à sa sortie dès que l’on utilise la manière forte : les phases de tir en FPS restent toujours aussi moyennes et les sauts du héros sont toujours aussi erratiques, c’est à croire que les développeurs ont réutilisé le même modèle de gameplay sans trop se poser de questions. Fort heureusement, l’aspect RPG reste solide. Seuls les ajouts des super-augmentations à développer avec parcimonie pour éviter des instabilités système et du crafting des mines viennent pimenter un peu la mécanique bien huilée de Deus Ex période post-Invisible War. Enfin comme précédemment, les puristes se la joueront « non-augmenté » et finiront le jeu à la dure sans débloquer d’augmentation supplémentaire, un must pour les fans !

Car oui il est parfaitement possible de terminer Mankind Divided sans tuer personne ou en se faufilant dans des conduits d’aération plutôt que d’avoir à pirater des circuits informatiques. Et pour tout cela, on salue l’incroyable level design du jeu qui saura vous offrir à n’importe quel moment plusieurs opportunités d’accomplir votre objectif, augmenté ou non. Il suffit parfois de lever les yeux au ciel pour apercevoir des goulottes de câbles métalliques qui passent au-dessus d’une salle et qui permettent de s’infiltrer sans se faire voir par des caméras de sécurité. Le jeu regorge de ces petits instants d’exception ou l’on découvre presque par hasard de nouvelles possibilités d’infiltration et une liberté offerte par les concepteurs de ces gigantesques aires de jeux qui font office de niveaux.

Très bon Obligé !

Bon sang, qu'il est bon de retrouver Adam Jensen ! Deux Ex Mankind Divided fait partie de ces titres qui n'ont pas besoin de strass pour briller de mille feux. C'est en reprenant presque à la lettre la formule qui a fait le succès de Human Revolution tout en réaffirmant la puissance narrative insufflée par ses développeurs depuis toutes ces années que cette suite entre directement dans le palmarès des meilleurs jeux de 2016. Un jeu foutrement bien écrit, réalisé avec panache et qui laisse le joueur découvrir à son rythme ce qui se fait de mieux en terme de level design et d'infiltration à l'heure actuelle. Cerise sur le gâteau, le mode Breach, indépendant au jeu qui rajoute une palanquée de défis pour ceux qui en veulent toujours plus. Chapeau bas aux équipes d'Eidos Montréal qui ont sur résister à la mode de vouloir tout bazarder par la fenêtre et qui ont préféré capitaliser leurs acquis. Un exemple à suivre.

Jeu testé sur Xbox One à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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