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Test : Firewatch

S’il m’était demandé de citer un parc national nord-américain, je balancerais sans hésiter le nom du mythique parc du Yellowstone présenté maintes fois au cinéma et quelques fois dans le jeu vidéo. Pas facile pour nous européens d’en citer d’autres, pourtant le National Forest Service administre pas moins de 780000km² d’espaces protégés aux Etats-Unis. Ca en fait des lieux pour raconter des histoires ! En tout cas ça a captivé l’esprit des développeurs de Campo Santo, un petit studio monté par des ex-membres de Telltale qui nous emmènent passer un été au coeur de la forêt Nationale de Shoshone au Wyoming avec leur premier bébé, Firewatch.

Après une brève introduction épurée qui nous laisse faire d’anecdotiques choix établissant en partie la psyché du héros Henry, nous voilà en jeu. Pour faire simple, à la suite d’un événement bouleversant, Henry fuit sa vie tourmentée et se réfugie dans la première chose qui lui tombe dessus, un job de garde forestier pendant les trois mois d’été au beau milieu de la forêt de Shoshone. Perché en haut d’une tour de guet, il pensait que cette retraite solitaire allait pouvoir lui permettre de faire le point sur son état, mais il était loin de s’imaginer la tournure qu’allait prendre cet été 1989.

Après un trek qui lui a semblé une éternité, notre frais quarantenaire se retrouve enfin dans sa tour d’ivoire. Mais au lieu d’y trouver le calme nécessaire à sa méditation, une voix se fait rapidement entendre dans un talkie-walkie. Il s’agit de Delilah, sa responsable qui lui souhaite la bienvenue depuis une autre tour de guet à quelques kilomètres de là. D’abord curieuse et agaçante, Delilah se montrera rapidement d’une aide indispensable dans l’accomplissement de vos premières tâches. En garde forestier expérimenté, elle a réponse à tout et saura vous guider lors de vos premiers pas dans le vaste monde qui s’offre à vous.

Mieux encore, au fil de vos discussions pendant toute la durée du jeu, vous développerez des liens de confiance, puis d’amitié sincère avec elle. L’approche réaliste des interactions entre les deux personnages dans Firewatch force le respect. Les dialogues sont totalement crédibles et le jeu d’acteur de chacun des protagonistes sonne incroyablement vrai, tant et si bien qu’on se retrouve à ne plus vouloir lâcher le talkie ! Delilah peut être tour à tour sauvage, tendre, parfois même sexy, mais sait aussi vous rappeler qu’elle est votre boss. Elle aura également un avis sur tout, vos actions, des situations particulières ou des objets du quotidien.

La première heure de jeu est assez atmosphérique, on se balade dans la forêt avec comme seule musique le bruit du vent dans les arbres et les cris des animaux au loin. On se sent bien, la tête vide, à mille lieues de la civilisation et ses soucis. Les développeurs ont su retranscrire en jeu cette béatitude que connaissent les randonneurs lors de leurs treks. Seule la voix de Delilah vient perturber de temps à autre votre retour à la nature pour vous poser des questions sur votre vie ou vous raconter la sienne. Jamais une séance de psy n’aura été aussi agréable. Tout cela vous ferait presque oublier que vous n’êtes pas là pour vous reposer.

Oui parce qu’en tant que garde forestier vous êtes en première ligne et devez déclarer tout incident ou départ de feu à votre superviseur et aux pompiers le cas échéant. Et vous n’allez pas manquer de la solliciter, car l’été sera chaud et mouvementé. Sans vous dévoiler trop en détail l’histoire du jeu, disons que Firewatch est un amalgame de différentes tranches de vie qui s’entremêlent tout au long de la courte aventure pour tisser une métahistoire mature, mystérieuse et émotionnellement intense. Si j’ai adoré les trois quarts du jeu, j’ai mis du temps avant d’assimiler la dernière partie et un final qui pourrait sembler décousu et décevant de prime abord.

Mais en fait il n’en est rien. C’est juste que Firewatch est incroyablement brutal et réaliste dans sa narration et nous fait réfléchir sur nos choix de vie. A la place d’Henry, qu’aurais-je fait ? Qu’aurais-je attendu de cet exil ? Autant de questions qui viennent faire écho au joueur après le retentissement du clap final. Tel un film, Firewatch a un début, un milieu et une fin. Clairement il ne faudra pas compter plus de 5 heures pour faire le tour du jeu, mais que cela ne vous repousse pas pour autant, car on est totalement happés par ce titre, par la relation entre Henry et Delilah, par ces paysages magnifiques et l’ambiance qui se dégage du jeu.

En parlant des environnements, le jeu offre à la manière d’un metroidvania un monde ouvert avec différents embranchements qui se débloqueront au fil de vos découvertes. Malgré une nature foisonnante et une carte pas si lisible que ça qui pourraient donner le tournis, on retrouve assez facilement son chemin dans ce dédale de forêts grâce notamment à des repères visuels tous très bien trouvés (rochers aux formes étranges, cache de garde forestier placé à un endroit particulier, différentes variétés d’arbres, etc.) tous ponctués d’informations par notre chef réponse à-tout Delilah. Techniquement le jeu mise tout sur les tons de couleur et la lumière du soleil pour mettre en valeur des éléments du décor aux textures épurées et sobres. C’est une réussite totale.

Bon 

Firewatch est une véritable prouesse narrative, un jeu d'aventure à la première personne mature, sans combats, sans interactions complexes, dans lequel on se contente de vivre pleinement l'histoire que les développeurs nous racontent. Mais Firewatch est aussi un de ces jeux qui se digèrent, qui nous fait réfléchir sur des thèmes très ancrés dans notre réalité. Et en cela, son final ne plaira probablement pas à tout le monde et il y a fort à parier que vous le trouviez décevant si vous ne rentrez pas à 100% dans le jeu. Enfin, c'est surtout un trip visuel et auditif qu'on conseille vraiment à tous les joueurs qui n'ont pas pris de vacances depuis un certain temps ou qui souhaitent faire un break sans avoir à sortir de chez eux.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par le développeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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