Switch

Test : Flashback 25th Anniversary

Attention, séquence nostalgie : été 1994, alors que nous découvrons la capitale parisienne avec mon meilleur ami d’enfance au sortir de l’adolescence, nous découvrions également le monde du PC grâce au 286 de mon oncle et un titre restera dans nos mémoires aux côtés de Gorillas et Perestroika comme le jeu d’un été : Flashback. Développé par Delphine Software et sorti sur Amiga deux ans auparavant, il était l’une des plus grosses productions françaises de l’époque, aux côtés d’un certain Another World. Le jeu nous a tout de suite séduit par son propos, une conspiration alien dans un futur lointain, son univers graphique incroyablement riche et un gameplay pour le moins original. 25 ans et bien des déboires plus tard pour son créateur Paul Cuisset, le « Hit Mégastar » ressort dans une version remasterisée qui pourrait être celle attendue par les fans, non pas sur PC mais sur la petite dernière de Nintendo. C’est donc avec une certaine fébrilité doublée d’une grosse charge émotionnelle que j’ai entrepris de voir si l’on était bien en face d’un remaster ou juste d’un jeu qui surfe sur la vague des nombreux succès réédités sur la Switch.

Le jeu est desservi par un scénario hollywoodien de gros calibre pour un jeu vidéo, jugez plutôt. 2142 : Conrad B. Hart, un scientifique humain de renom fait une terrible découverte : une mystérieuse race extra-terrestres s’est infiltrée jusqu’aux plus hautes sphères de la population humaine ayant colonisé l’espace. Pourchassé par les aliens suspicieux, il décide de sauvegarder puis d’effacer sa mémoire avant de se faire capturer. Profitant d’un instant d’inattention de ses ravisseurs, l’amnésique Conrad s’échappe de sa geôle et fuit avant de se crasher dans la jungle de Titan. Commence alors une course poursuite contre le temps dans lequel il devra recouvrer la mémoire à l’aide d’indices gravés par lui-même dans des holocubes puis déjouer ce complot interplanétaire. Ce faisant il rencontrera de nombreux personnages et fera le tour du système solaire. Un scénario digne des meilleurs bouquins de science-fiction et qui fait écho au tout juste sorti en salle à l’époque Total Recall…

Flashback s’aborde sous la forme d’un mélange entre plateforme, action et aventure s’inspirant de Prince of Persia et Another World. Dans une vue 2D à écrans fixes, le personnage se déplace de manière pseudo-réaliste comme le prince de Jordan Mechner : on est donc en face de sublimes animations mais en contrepartie, il y a un temps de latence entre l’action choisie et son déroulement à l’écran. Il faut donc bien synchroniser ses mouvements pour réussir par exemple à faire des sauts parfaits et éviter de finir mort 2 étages plus bas. Les contrôles du jeu sont assez atypiques pour l’époque : on appuie sur le bouton A puis on choisit une direction pour courir et enfin on appuie sur la direction haut pour sauter. Le joueur peut également utiliser des objets de son inventaire avec le bouton X et dégainer/rengainer son flingue avec Y avant de tirer avec ZR. Une configuration qui respecte en tous points la vision originelle des développeurs, on retrouve très vite le feeling typique du jeu et c’est vraiment l’une des forces de ce dépoussiérage.

Le gameplay aventure s’articule aussi autour de différentes missions à accomplir pour retourner sur Terre. On reprend vite ses marques, traverser des niveaux entiers en courant et s’agrippant sur les corniches, s’accroupir avec l’arme dégainée avant de rouler-bouler et de tirer sur tout ce qui bouge, oui c’est bien ça Flashback et cette version Switch est plutôt réussie de ce côté-là ! Le remaster étant basée sur la version PC, on redécouvre avec grand plaisir la fluidité des animations de cette mouture mais aussi une patte graphique particulière et jamais égalée lors du passage sur les consoles 16-bits (NDLR : et surtout de l’immonde portage SNES). De Titan à New Washington en passant par la Death Tower où le monde des aliens, la direction artistique est toujours aussi punchy et n’a pas pris une seule ride. Et que dire des cinématiques low-poly, véritable prouesse technique dans les années 90, qui passent encore très bien à l’écran aujourd’hui et pourraient donner des leçons de mise en scène à bien des designers en herbe.

Là où la réédition du 25e anniversaire diffère de l’original, c’est qu’elle intègre un panel d’options supplémentaires sensées faciliter l’approche du jeu par les néophytes. Tout d’abord, des tutoriaux nécessaires pour les joueurs élevés à Super Mario Bros. D’autre part, Flashback 2018 introduit un système de sauvegarde unique dans des bornes d’accès situées un peu partout et un mode rembobinage qui permet de revenir en arrière quelques instants avant la mort, artifices qui nous étaient interdits sur MS-DOS, tout juste avions-nous la possibilité de charger un niveau à l’aide d’un code offert à chaque fin de chapitre. Techniquement, le jeu propose aussi des post-traitements plus ou moins douteux (bloom, bruit, lissage, filtre CRT) qui sont heureusement désactivables, pour profiter du jeu dans son plus simple appareil. Il en va de même pour la bande originale retravaillée elle aussi pour l’occasion. J’ai pour ma part eu tellement de bons souvenirs avec les bruits stridents qui sortaient du beeper que j’ai préféré remettre la version « 8 bits » comme ils l’appellent même si le boulot de réorchestration est plutôt honnête, il faut le reconnaitre.

Bon

Sans conteste, Flashback 25th Anniversary est la meilleure version à ce jour du chef d'oeuvre de Paul Cuisset. Microids et son créateur ont eu l'intelligence de se baser sur la version MS-DOS pour fournir ici l'édition définitive d'un des monuments du jeu vidéo : des animations très fluide, des scènes cinématiques au complet et sans trop de framedrop et enfin un gameplay inchangé. De quoi pousser un ouf de soulagement pour les fans même si les nouveaux venus seront peut-être désorientés pendant la première heure par des contrôles pas évidents à prendre en main. On pouvait également craindre le bricolage graphique forcé, heureusement toutes les options sont désactivables et on peut profiter de Flashback comme il a été pensé à l'origine. C'est non seulement étonnant en 2018 mais surtout venant de Microids, plus habitué aux ressorties poussives et suites discutables. Un grand merci donc !

Jeu testé sur Switch à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

Cliquez pour commenter

Envoyer

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Derniers articles

En haut