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Test : Fox n Forests

Fondé par deux anciens de Deep Silver et Koch Media, le petit collectif de Bonus Level Entertainment a réussi son pari en réunissant plus de 107000 euros sur Kickstarter pour créer un platformer en pixel-art hommage aux meilleurs jeux de la Super Nintendo. Et le challenge n’était pas gagné d’avance, car cette seconde vague de financements participatifs n’a pas toujours eu le succès escompté après les reports successifs de certains (Chasm, River City Ransom: Underground) ou l’annulation pure et simple d’autres (Midora). Ils n’ont tout même pas dérogé à la règle du report, leur jeu sortant finalement 8 mois après la date fixée sur leur planning prévisionnel. Qu’à cela ne tienne, il débarque avec tout ce qu’il avait promis lors de sa campagne avec en bonus une sortie sur la Switch, console rêvée pour ces nostalgiques des années 90. Nous avons pu nous y essayer pendant un peu plus de 6 heures. Alors délivre-t-il autant que les perles de notre enfance ? C’est ce que nous allons voir ensemble.

Rick est un renard chenapan (sacripant sacré vaurien, oui, également). En sa qualité de cleptomane maladif, il ne peut s’empêcher de convoiter ce qu’il ne peut s’offrir. Par une belle matinée ensoleillée, alors qu’il furetait sournoisement dans la forêt, il tombe nez à nez avec l’appétissante Patty la Perdrix qu’il imagine bien transformer en repas gratuit. Le volatile l’interpelle et lui propose autre chose, des montagnes d’or, de poulets frits et d’objets magiques en échange d’une mission de la plus haute importance : venir en aide à l’Arbre des saisons. Attiré par l’appât du gain, notre héros d’infortune accepte la proposition et le voilà embarqué dans une aventure pour sauver l’Arbre, la forêt et tous ses habitants des sombres projets d’un tyran mystérieux souhaitant instaurer une cinquième saison au cycle de la vie. L’Arbre des saisons confère donc le pouvoir des saisons au renard qui peut à sa guise changer de saison dans n’importe quel niveau, passant ainsi de l’été à l’hiver, de l’automne au printemps, etc.

Ce pouvoir va permettre à Rick de déverrouiller de nouveaux passages dans chacun des tableaux traversés en marchant sur l’eau gelée en hiver par exemple ou en faisant apparaître des feuilles qui le transportent entre des crevasses infranchissables en automne, ce sont des pans entiers de niveaux qui s’ouvrent au fur et à mesure de la progression du joueur. Surtout qu’à chaque boss de saison vaincu, le héros débloque également de nouvelles flèches pour son arbalète magique, projectiles qui vont l’aider à découvrir des endroits secrets et là aussi des plateformes cachées en hauteur ou des sous-terrains. Si Fox n Forests n’offre qu’un nombre limité de niveaux, il propose un contenu totalement rejouable qui gagne à y revenir faire un autre run histoire d’amasser des pièces d’or ou découvrir des passags secrets et collectibles cachés permettant d’acheter des potions à la boutique, de nouveaux coeurs de vie ou tout simplement débloquer l’accès à d’autres niveaux. Et la plateforme classique n’est pas le seul atout du jeu.

Souhaitant faire un hommage complet, les développeurs ont intégré notamment un très chouette niveau en plateforming vertical dans un moulin géant et de vraies phases de shoot-em-up horizontal à dos de perdrix (pas de blague !). Ces phases millimétrées demanderont un maximum d’adresse de la part du joueur, la faute à une sensibilité étonnamment très relevée des contrôles au stick. Mais du challenge nait le plaisir, comme dans nos souvenirs de pouces meurtris par la croix de la manette SNES sur les pires atrocités de l’époque… Il en va de même pour les tout derniers stages du jeu qu’on peut qualifier sans mal de bouches des enfers avec des cerfs maudits, de gros sacs à PV qui balancent des projectiles laser suivant le héros jusqu’à rencontrer un obstacle, des faunes armés de fourches qui repopent à l’infini et des chauves-souris démoniaques. Un bestiaire qui a le mérite d’être original, mais on a rarement le temps de se poser dans l’herbe pour observer en détail ces ennemis tant ils sont nombreux.

Et lorsqu’on n’affronte pas des hordes de bestioles de tous poils, on a fort à faire à de véritables boss ayant chacun un pattern propre faisant appel aux pouvoirs de maître renard de bien des manières. A défaut d’exiger des acrobaties particulières, ils nous demandent toutefois de combiner action et pouvoirs des saisons, par exemple, faire tomber une stalagtite sur le bouclier d’un troll virtuellement inattaquable pour le geler puis changer de saison pour faire fondre la glace du bouclier sur tout son corps et rechanger de saison pour geler entièrement son corps pour enfin le rouer de coups tranquillement. Le studio ne fait pas qu’un effort sur le gameplay, mais a aussi mis les bouchées doubles en ce qui concerne le look de son jeu et de ses boss. Ils ont même recruté l’un des artistes responsables de certaines jaquettes d’album de Megadeth et on retrouve sa patte dans ces boss aux ombres super bien dessinées et au design monstrueusement incomparable, mais qui tranche pas mal avec le reste du jeu, nous en convenons.

Toujours sur la partie graphique globalement très réussie, on pourrait citer les décors qui évoluent sans faux raccords au fil des saisons et toutes les animations des personnages du jeu très soignées, du héros flippé qui regarde furtivement à gauche et à droite lorsqu’il est au repos aux simples objets comme les graines magiques qui apparaissent dans un déluge de pixels en passant par des polices de caractères colorisées en dégradé de jaune orangé typiques du début des années 90 (NDLR : et qui d’ailleurs sont plus l’apanage des consoles Sega que de la SNES mais nous transigeons volontiers sur ce détail historique). Enfin, big up comme disent les jeunes à Filippo Beck Peccoz, le musicien de l’équipe qui a su s’approprier avec brio la palette caractéristique du chip son de la Super Nintendo pour cuisiner une bande originale doudou qui nous rappelle nos dimanches assis en tailleur autour de la TV devant Zelda: A Link To The Past, ActRaiser ou Terranigma.

Bon

Dans ses bandes-annonces, Fox n Forests nous pose une simple question : "vous souvenez-vous de l'ère 16-bits ?". En tout cas, ses créateurs Bonus Level Entertainment font tout pour nous remémorer notre jeunesse de la plus belle des manières en craftant ici un superbe jeu de plateforme rétro, instantané d'une époque révolue. Un titre qui de plus est très agréable à jouer, ce qui est devenu rare de nos jours. Alors oui, son contenu aurait pu être un poil plus long et se recycler davantage, surtout dans le dernier monde visité un peu paresseux, mais c'est en revenant dans les précédents tableaux de chaque saison qu'on se rend compte que l'ensemble est bien plus ouvert qu'il n'y parait et offre un maximum de rejouabilité. Une bien belle petite cartouche donc qu'on conseille sans hésiter aux quadras qui jurent à tout va que "c'était mieux avant !".

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par le développeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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