PlayStation 4

Test : Hitman 2

Après avoir racheté les droits de la licence à Square-Enix, signé un nouveau partenariat avec Warner et mis définitivement sous le tapis l’orientation « action » emprunté par Absolution en 2013, les Danois d’IO Interactive ont décidé d’abandonner le format épisodique pour nous fournir une aventure d’un seul tenant avec Hitman 2. Un jeu qui reprend la même formule que son prédécesseur mais avec quelques améliorations ici et là pour bonifier la recette et surtout embarquer les fans de la licence dans une nouvelle série d’assassinats où ils ne bouderont certainement pas leur plaisir.

Chauve qui peut

Il y a maintenant près de 18 ans qu’Hitman est né sur PC. Hier comme aujourd’hui, on ne peut pas dire que la trame scénaristique de la série ait été l’un de ses points forts. Suite directe des épisodes de 2016, Hitman 2 voit l’agent 47 continuer de collaborer avec l’organisation Providence pour tenter de percer les zones d’ombre qui entoure son passé. Entre ses commanditaires et le client de l’ombre qu’il doit éliminer, notre assassin au code-barres tatoué sur le crane ne pourra compter que sur l’aide de Diana Burnwood pour mener sa mission à bien. Malgré un ou deux passages intéressants et des cinématiques en plans fixes plutôt bien fichues, il y a de très fortes chances que la plupart des joueurs auront oublié de quoi parle le jeu aussitôt après l’avoir terminé tant le scénario peine à susciter un quelconque intérêt et ne sert que de simple prétexte pour envoyer l’agent 47 en mission aux quatre coins de la planète. Entre la Colombie, Miami, Bombay, le Vermont ou encore la Nouvelle-Zélande, Hitman 2 nous propose des destinations exotiques qui assurent un dépaysement aussi bien esthétique que ludique. Ce qui fait que malgré une certaine tiédeur dans le propos, le jeu d’IO Interactive propose une aventure carrée, efficace et aussi très variée. Un peu comme son gameplay qui sans réinventer la roue nous offre l’aboutissement de 18 années d’expérience en assassinat.

Les vieux pots…

Après un écart loin d’être catastrophique mais perçu comme une forme de trahison par une certaine frange de joueurs avec Hitman Absolution, IO Interactive a opéré un magnifique retour aux sources il y a deux ans avec Hitman. Mais au-delà de son format épisodique, c’est surtout son gameplay rigoureux et méthodique qui a été la raison de son succès. En s’appuyant sur la même formule et en prenant soin de corriger certains problèmes en plus d’apporter quelques modifications bien venues, comme la possibilité de se faire voir dans le reflet d’un miroir par exemple, Hitman 2 enfonce le clou et propose ce qui est sans aucun doute la meilleure formule à ce jour. Le but du jeu est toujours de zigouiller sa ou ses cibles dans des environnements suffisamment vastes pour y perdre la tête tant les options pour parvenir à ses fins sont nombreuses. Mais s’il est possible de débusquer sa cible et foncer sur elle pour lui coller une balle entre les deux yeux avant de fuir comme un lâche pour aller se planquer dans les hautes herbes ou au comptoir d’un bar, tout l’intérêt du jeu réside dans les multiples manières d’opérer. La découverte des lieux, l’observation des personnages, l’identification d’une faille et enfin l’élimination de sa cible. Autant vous dire que le champ des possibles offert par Hitman 2 est tout simplement gargantuesque.

Etudier pour mieux plomber

À l’exception de la mission d’ouverture, qui se déroule dans une villa luxueuse en bord de plage, la plupart des zones de jeu d’Hitman 2 sont immenses. De véritables labyrinthes où le level design a été scrupuleusement étudié pour nous donner toutes les clefs nécessaires au bon déroulement de nos multiples assassinats. Rien ne semble avoir été fait au hasard et chaque objet, muret, ruelle, passage ou personnage que l’on peut croiser en mission ont été placés pour un but très précis. Comme ce tournevis, posé là pour qu’on puisse forcer un système de sécurité quelques maisons plus loin, ou encore ce mécanicien qui va tranquillement aux toilettes mais qui peut nous permettre d’infiltrer le paddock d’une course pour ensuite y faire d’autres actions. Non, rien n’est fait au hasard et il en va de même pour la foule, vraiment très danse à Bombay, qui en plus de dynamiser l’action augmente encore plus les possibilités d’actions. Chaque joueur a les outils pour construire sa propre expérience de jeu, mais il est indispensable d’étudier scrupuleusement les lieux pour parvenir à ses fins sans être repéré. Car si tuer sa cible est la finalité de la mission, le faire en toute discrétion ou faire croire à un accident reste l’objectif ultime. La cerise sur la montagne de chantilly. C’est encore meilleur lorsque l’improvisation rentre dans la danse et qu’on passe à deux doigts de se faire repérer par une femme de chambre au détour d’un corridor après le meurtre du siècle. Enfin, si certains joueurs enchaineront les missions sans même un regard aux alentours, la plus grande force d’Hitman 2 est cette envie presque viscérale de recommencer encore et encore jusqu’à atteindre la meilleure note possible avec son propre scénario idéal.

Orgie 47

La rejouabilité a toujours été une marque de fabrique de la franchise Hitman. Depuis le tout premier épisode. Mais là, on atteint une certaine forme de paroxysme. Entre la taille des cartes, la réaction des PNJ toujours plus naturelle, malgré certains comportements parfois lunaires, l’envie personnelle de varier les plaisirs et surtout la liste des défis et des intrigues bien mise en évidence dans le menu, il y a de quoi passer plus d’une vingtaine d’heures de jeu par mission sans avoir forcément tout vu. En plus des gouts relatifs à chacun quant à utiliser du poison, la corde à piano ou la chute d’un lustre pour occire sa proie, la « très » longue liste des défis donnent énormément d’idées et une source de motivation supplémentaire pour recommencer une partie. Puis il y a aussi les intrigues, des assassinats plus ou moins scénarisés qui en plus d’habiller la mission permettent de faciliter la vie aux joueurs qui en auraient marre de tourner en rond sans forcément trouver la bonne solution à adopter. Il y en a plusieurs par mission et nous donnent la possibilité de faire tomber une statue sur un baron de la drogue, bruler vive une pilote sur le podium de fin de course ou encore tuer un magnat de la technologie par l’une de ses créations. Ce sont des exemples parmi tant d’autres, mais les possibilités sont nombreuses et on peut les suivre manuellement via le menu de mission ou tomber dessus par hasard ou détour d’une conversation entre deux personnages. Mais si les intrigues apportent du relief aux missions, la sensation d’être tenue par la main est un peu trop forte même s’il reste possible de désactiver tout un tas d’aide. Par contre, si on ne boude pas son plaisir à faire encore et encore les mêmes missions, surtout qu’il est possible de débloquer de nouvelles armes et possibilités à chaque nouvelle partie, on commence malheureusement à voir toutes les ficelles de la machinerie avec une IA qui montre certaines limites ou encore la multitude de scripts qui ont parfois beaucoup de mal à se lancer. Mais rien de suffisamment méchant pour entacher un plaisir de jeu certain et bien présent.

Jouer plus pour tuer plus

En plus du mode histoire qui va bien vous demander plusieurs grosses dizaines d’heures de jeu pour être retourné à 100%, Hitman 2 propose également l’intégralité des missions de l’épisode de 2016 (uniquement pour les possesseurs du premier opus), le mode Contrats avec des missions façonnées par les développeurs ou la communauté à l’aide d’un éditeur et enfin un mode de jeu en ligne qui est loin d’être anecdotique. Si le mode Sniper Assassin -où l’on doit shooter plusieurs cibles dans un temps imparti- est déjà plutôt divertissant, c’est le mode Ghost qui est le plus grisant et inventif. En gros, deux joueurs s’affrontent sur une même mission mais via deux univers parallèles où il est tout de même possible d’interagir pour envoyer quelques pics à son adversaire. Sachant que lorsque l’un des joueurs à tuer sa cible, l’autre est dans l’obligation de la tuer également dans un délai très court sous peine de perdre la manche. Entre crises de nerfs et plaisir pervers à mener la vie dur à son adversaire, ce mode devient rapidement addictif. D’autant plus qu’il vient combler une certaine timidité du titre à offrir de véritables nouveautés et où la prise de risque est aux abonnés absents. On peut comprendre la motivation d’IO Interactive d’assurer leurs arrières pour ce nouvel épisode, notamment avec un changement d’éditeur entre temps, mais les fans de la première auraient sans doute apprécié l’ajout d’une petite nouveauté plus tranchante qu’un mode de jeu en ligne ou une remise au gout du jour du moteur graphique. Surtout que, malgré une bonne maitrise des lumières, un certain goût de l’esthétisme et une parfaite gestion de la foule, le moteur commence à accuser le coup face à une concurrence toujours plus impressionnante. Mais en même temps, on pourrait dire que ce n’est pas vraiment du jeu de sortir quelques jours après un monstre comme Red Dead Redemption 2. Du coup, on lui pardonne, mais on n’aurait pas craché sur un rendu moins « plastique » des environnements.

Bon

Malgré ses écueils, comme une IA perfectible, quelques bugs de script, l’absence de nouveautés marquantes et un moteur qui manque un peu de relief, il est vraiment difficile de reprocher quoi que ce soit à Hitman 2 tant le jeu transpire de générosité. Une générosité dans le contenu, dans le gameplay et dans le plaisir qu’il procure quand on le prend par le bon bout. Hitman 2 ne fait pas partie de ces jeux qu’on parcoure d’une seule traite avant de passer à autre chose. Non, c’est un jeu dans lequel on se plonge pour profiter de sa densité, de son intelligence et de ce qu’il a simplement à offrir. À savoir un fantastique laboratoire d’expérimentations pour assassins en herbe.

Jeu testé sur PlayStation 4 à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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