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Test : Homeworld: Deserts of Kharak

Après une année 2015 placée sous le signe du dépoussiérage de licences cultes via la technique désormais bien rodée du remaster, on attend de 2016 qu’elle nous apporte un vent de fraîcheur, de nouveautés ou à défaut de suites de nos jeux favoris. En tout cas, pour ceux qui regardent par-delà les étoiles, 2016 sera l’année de tous les espoirs avec une myriade de titres comme ADRIFT, Astroneer, les extensions futures de Elite Dangerous, la sortie du premier épisode de Squadron 42 et histoire de bien commencer, le prequel surprise du mythique jeu de stratégie temps-réel Homeworld.

Pendant que tous les vautours se battaient autour des restes fumants de THQ, le développeur Gearbox Software a lui racheté discrètement la licence Homeworld et s’est empressé de sortir une édition remastérisée des deux premiers titres l’année dernière. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais c’était sans compter le petit projet indé en cours de développement par la bande d’ex-Relic menée par Rob Cunningham sous la bannière de Blackbird Interactive. Shipbreakers se proposait de reprendre les bases de Homeworld (campagne scénarisée, gros travail sur l’ambiance, vaisseau-mère et armée persistante). Les canadiens avaient même cherché à racheter la marque Homeworld, en vain.

Heureusement pour eux, Gearbox les ont contacté pour leur proposer de transformer leur Shipbreakers en Homeworld: Deserts of Kharak, le genre d’offre qu’on ne peut pas refuser. Voilà donc que déboule sur nos écrans de PC ce prequel qui reprend l’histoire contée dans l’introduction du premier Homeworld. Nous sommes sur la planète désertique Kharak, 106 ans avant le lancement du mothership original. Alors que les humains sont condamnés à l’extinction, la faute à un désert grignotant toujours plus de terre, des satellites ont capté un signal provenant d’une « anomalie » qui pourrait bien changer l’avenir de l’humanité.

Alors que la guerre gronde aux portes des grandes cités jouxtant le désert, une expédition de la dernière chance est préparée par les forces de la Coalition. Orchestrée par la scientifique Rachel S’jet, cette gigantesque caravane du désert avec en son centre le vaisseau-mère Kapisi s’enfonce dans les régions brûlantes du Nord Kiithid et vous en prenez le commandement. Et c’est sur ce plot de départ qui nous met directement dans l’ambiance que démarre la campagne de Deserts of Kharak. Décrite par ses développeurs comme un road-trip à travers le désert, cette aventure vous tiendra en haleine facilement pendant plus d’une dizaine d’heures.

S’inspirant énormément de la structure narrative des précédents jeux, elle vous fera rencontrer d’autres factions pour mettre en place peu à peu son univers et sa mythologie, offrant au joueur avide de détails son lot de théories religieuses, de conflits globaux et de découvertes scientifiques. Le tout rythmé par des missions aux objectifs variés qui ne sont finalement qu’un prétexte pour nous plonger toujours plus dans l’univers du jeu. Vous l’aurez compris, le scénario est très travaillé et fait pour beaucoup dans l’implication du joueur à la campagne. Mais alors qu’en est-il du jeu à proprement parler ?

Et bien les joueurs de Homeworld ne seront pas dépaysés. Nous aurons par exemple à démanteler de vieilles carcasses de vaisseaux extraterrestres pour s’approvisionner, tenir des positions face à un ennemi en surnombre, conquérir des points stratégiques, porter secours à un allié en détresse et avancer toujours plus profondément dans le désert. Ce qui est certain c’est que le jeu saura nous offrir un challenge que l’on qualifiera d’intéressant, jamais insurmontable mais nécessitant une très bonne macro-gestion pour s’en sortir car les ressources se font rares sur Kharak.

De plus, les développeurs on réintroduit le principe de troupes persistantes d’une mission à l’autre. Durant la grande majorité de la campagne, vous n’aurez que très peu de ressources à portée de récolteur. Il vous faudra donc faire des choix tactiques, de véritables sacrifices, vous séparer d’unités critiques pour votre survie pour pouvoir en construire d’autres. Ainsi les joueurs prudents termineront la campagne en roulant littéralement sur leurs adversaires alors que les plus audacieux souffriront pour venir à bout des armées ennemies. C’est aussi ça la force de Homeworld, un RTS ou les choix du joueur influent sur son avenir.

Le placement des unités est aussi un des points important de Deserts of Kharak. Si de par sa nature, le jeu n’offre pas une profondeur de mouvements dans l’espace comme ses prédécesseurs, l’environnement composé exclusivement d’ergs et de canyons concède tout de même des possibilités tactiques assez sympathique pour qui veut bien se prêter au jeu. Le général des armées en herbe utilisera donc des positions en hauteur pour pilonner son adversaire à l’aide de ses plus puissants croiseurs obtenant dans ce cas un bonus offensif ou cachera ses escouades derrière les dunes pour fondre au moment propice sur les Touaregs locaux et leur asséner un coup fatal.

Lors des affrontements, qu’ils soient terrestres ou aériens, le principe du pierre-feuille-ciseaux fonctionne à la perfection. Les unités du premier tier seront efficace contre les unités adverses du troisième mais vulnérable à celles du second et ainsi de suite. Il en résulte des combats qui peuvent être résolus avec violence en quelques secondes si on ne prend pas le temps de préparer ses groupes d’unités convenablement, surtout dans les premières minutes de la partie. L’accumulation des ressources et le bon choix de recherche technologique permettent plus facilement d’envoyer des dizaines d’unités massacrer l’autre sans se préoccuper de l’équilibrage des forces.

Si le design de chaque carte a été étudié pour permettre un maximum de diversité dans l’approche que l’on a face à notre objectif il en reste que la vue classique du jeu est la majorité du temps un frein lorsqu’il s’agit de planifier des attaques coordonnées ou gérer la collecte des ressources sur plusieurs sites. On ne peut pas dé-zoomer autant que dans les opus spatiaux d’Homeworld, aussi la maîtrise de la carte tactique est désormais un passage obligé pour gérer son armée convenablement. Tant et si bien que l’on se surprend à passer parfois 75% du temps de jeu en vue tactique.

Que les amateurs des cinématiques de Homeworld se rassurent, Deserts of Kharak reprend la main aux moments clés de l’histoire et désactive la vue tactique pour vous faire partager les événements marquants de la campagne en vue classique avec des angles de caméra toujours bien choisis, empruntés avec brio au registre cinématographique. On remerciera d’ailleurs au passage les ingénieurs de Blackbird ayant travaillé sur un module de caméra dynamique pour le moteur Unity qui fait ici des merveilles et dessert l’excellent travail des artistes. Car oui le cachet tout particulier de la direction artistique fait pour beaucoup dans l’intérêt du jeu.

On se souvient avec nostalgie des vaisseaux très « carrés » de Homeworld. Et bien ici, c’est très logiquement la même chose. Le vaisseau-mère est un porte-nef massif de plusieurs centaines de mètre de long monté sur des chenilles, brut, taillé pour le désert. Les unités sont du même acabit, sans fioritures, ces polygones sont pensés pour être efficace avant tout. Il se dégage de toute cette gamme de machines une certaine classe. On ne peut s’empêcher de regarder les Baserunners dévaler les dunes en rebondissant sur les aspérités du terrain. Il en va de même de l’ambiance sonore du jeu, des voix omniprésentes jusqu’à la sublime bande son du génial Paul Ruskay.

Que reste-t-il comme contenu une fois la campagne terminée ? Deserts of Kharak offre naturellement un mode escarmouche face à une ou plusieurs IA et un mode multijoueur. En plus du classique deathmatch, on retrouve un mode récupération d’artefacts inspiré du solo, pas bien original, mais qui rajoute un peu de piment aux parties entre amis. Complets, tous les modes de jeu peuvent être jouer en compétitif ou en coopératif contre vos adversaires. Petit bémol cependant, l’IA aurait pu se montrer un poil plus agressive. Enfin cela ne gêne pas pour autant le plaisir que nous procure le jeu.

Très bon Obligé !

Bien plus qu'un simple surf sur la vague de Homeworld, Deserts of Kharak est un prequel nécessaire et efficace qui permet au fan de renouer avec le RTS original en attendant... une hypothétique suite. En effet, tous les pores du titre transpirent la volonté des développeurs de remettre le couvert sur un troisième jeu et ils ne sont pas les seuls à le vouloir : une fois le jeu terminé, on a eu qu'une envie c'est de refaire les deux premiers ! Le feeling du jeu, la justesse de ses combats, la qualité évidente de son scénario et cette ambiance planante en font un RTS unique qu'on dévore rien que pour sa campagne magistrale. Il ne reste maintenant au couple Blackbird/Gearbox qu'à transformer l'essai. On croise les doigts.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par le développeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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