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[TEST] Hotline Miami 2: Wrong Number

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Encensé par tous à sa sortie, le phénomène masqué Hotline Miami se devait de revenir nous hanter avec un second épisode, ne serait-ce que parce que sa première itération était finalement trop vite terminée et parce que oui, après y avoir gouté, on a rapidement soif à nouveau de ce cocktail d’ultra-violence et de die and retry ! Alors après des mois d’attente et quelques petites présentations discrètes ça et là dans les salons ces deux dernières années, les deux enfants terribles de Dennaton Games nous livrent leur vision du Hotline Miami ultime : plus long, plus dur et plus complet. Le genre de proposition qu’on ne peut pas refuser.
Testé sur PC avec une version fournie par l’éditeur.

HotlineMiami2WrongNumber_coverJ’ai aimé Hotline Miami, je l’ai aimé jusqu’à ignorer les patchs qui rajoutaient plus de bugs qu’ils n’en corrigeaient, les problèmes récurrents sur Windows 8 et jusqu’à pardonner les limitations et imperfections de son gameplay inhérents à Game Maker. J’ai adoré refaire ses « scènes » jusqu’à arriver au timing parfait, celui qui vous fait comprendre que vous êtes dans la zone, tel un Boris Pare-Balles dématérialisé et que plus rien ne vous arrêtera tant qu’il restera une âme vivante sur la map. Bref, Hotline Miami était ma religion et c’est avec une certaine fébrilité que j’ai attaqué sa suite Hotline Miami 2: Wrong Number.

Hotline-Miami-2-Level-Editor-3Dès le début du jeu, on se rend compte que rien n’a foncièrement changé depuis Hotline Miami. Tout d’abord, le scénario de ce second épisode est tout aussi étrange que celui du premier. De plus, il se permet de nous perdre dans plusieurs histoires qui se croisent et se mêlent, le tout formant une frise du temps totalement désordonnée et bien plus incompréhensible que dans l’original. Pour vous résumer, les randonnées punitives de Jacket dans le premier épisode ont fait parler d’elles et un groupe de justiciers autoproclamé sème la terreur dans le crime organisé. Aux côtés de ces droogs locaux, on trouvera un journaliste enquêtant sur Jacket, un flic corrompu, et bien d’autres personnages gravitant autour de la légende vivante du premier jeu. Une fois de plus, le scénario est bien trop accessoire et ne provoquera aucun véritable affect de notre part pour les protagonistes. Et pourtant, les développeurs insistent et nous infligent des cinématiques interactives soporifiques un peu partout entre et pendant les missions et souvent sans intérêt pour l’histoire du jeu. Allons messieurs… était-ce bien nécessaire ?

HotlineMiami2WrongNumber_05Enfin soit, si l’on doit se fader des tonnes de lignes de dialogue pour pouvoir gouter au sublissime gameplay du jeu, pourquoi pas… Eh bien non, car et je le regrette vraiment, une accumulation de petits changements font qu’on ne retrouve pas tout ce qui faisait de Hotline Miami une véritable drogue dure. Si dans les premières missions, Hotline Miami 2: Wrong Number est un délicieux cupcake au coeur fondant d’hémoglobine, on arrive vite à l’indigestion devant tous les petits « plus » déstabilisants du jeu : à vouloir en faire trop, Dennaton Games se serait-il perdu en cours de route ?

HotlineMiami2WrongNumber_04Par où commencer ? Parlons de l’intelligence artificielle et du level-design. Fini les missions courtes se terminant en 20-30 minutes, ici chaque scène se déroule sur trois, quatre ou cinq étages. Alors oui, dans l’absolu c’est très bien, mais lorsque l’intelligence artificielle n’est plus un tant soit peu prévisible comme c’était le cas dans Hotline Miami premier du nom et lorsque la longueur des couloirs n’est pas compatible avec notre champ de vision maximum, on en vient vite à baisser les bras après 1h45 de tentatives infructueuses sur le même niveau. Quitte à nous rajouter du contenu, on aurait préféré enchaîner des missions plus courtes et plus nombreuses.

HotlineMiami2WrongNumber_02Le savant dosage d’aléatoire, de mise dans Hotline Miami, laisse ici sa place à une I.A. qui fait ce qu’elle veut, quand elle le veut et qui sera le plus souvent punitive et cruelle envers le joueur. Je n’ai rien contre un peu de difficulté et un challenge relevé, surtout lorsque c’est le concept même du jeu, mais là cela va trop loin. Et lorsqu’en plus, les bugs agaçants du premier s’invitent à la fête, ça devient franchement pénible. On retrouve par exemple les problèmes de trajectoires de balles, un avantage certain dans le champ de vision pour les ennemis, des bugs qui font que l’on reste coincé dans les murs, etc.

Autre sujet qui fâche et toujours dans les petites nouveautés, la gestion des masques. Si auparavant, nous pouvions choisir celui que l’on voulait en début de mission, ici on nous en impose quelques-uns liés aux personnages. Ils sont donc souvent peu utiles et peu adaptés aux situations que l’on va rencontrer. Hotline Miami 2: Wrong Number propose aussi de nouvelles armes exotiques comme par exemple une tronçonneuse ou une paire d’uzis dévastateurs. Cool. Mais lorsque le jeu nous interdit de remplacer ces derniers par une autre arme sous prétexte qu’il reste des balles dans les chargeurs… NON.

HotlineMiami2WrongNumber_03Malgré tous ces problèmes, Wrong Number est brillant lorsqu’il ne se prend pas pour un Hotline Miami ++. A quelques rares occasions, notamment dans les premières heures, on ressent ces incroyables poussées d’adrénaline, ce sentiment d’échapper à notre enveloppe charnelle et de faire partie intégrante du jeu. La machine infernale créée par Dennaton Games pousse toujours autant nos réflexes dans leurs retranchements et on ressort d’une mission avec cette même sensation d’épuisement physique et mental qui nous animait il y a deux ans sur HM1.

Bien évidemment, tout ceci est aussi en grande partie dû à la bande originale du jeu qui rythme nos massacres et qui est, à l’image de ce second épisode, très riche. Ce ne sont pas moins de 50 titres sélectionnés avec soin qui forment un mix musical incroyable, une sorte de méga-compilation de tout ce que la scène synthwave fait de mieux. On retrouvera pêle-mêle MOON, les Français Carpenter Brut et The Perturbator, Jasper Byrne, Magic Sword et bien d’autres encore. Il ne manque finalement que Dan Terminus et l’Australien Power Glove pour avoir la BO ultime !

HotlineMiami2WrongNumber_01Outre les insolents problèmes évoqués plus haut, le level-design a changé également pour le meilleur avec une disposition plus harmonieuse des portes et ouvertures sur les grandes salles ou encore un bon nombre de fenêtres placées intelligemment (et ce même dans les tous premiers niveaux !) pour dézinguer à tout va. Côté graphique, Hotline Miami 2: Wrong Number propose de nouvelles animations vraiment détaillées pour les personnages, des textures plus variées, plus colorées et des arrière-plans en mouvement psychédélique.

Critora Alors que penser de ce Hotline Miami 2: Wrong Number ? On regrette sincèrement qu’à de rares exceptions près, le charme du planning méticuleux de nos tueries du premier épisode ne soit plus vraiment d’actualité. La faute à une IA injuste et un level-design beaucoup trop ouvert qui forment un duo bien cruel envers le joueur. De plus, les bugs persistants et entachant le gameplay qui pouvaient être tolérés, voire excusés il y a deux ans, ont bien du mal à passer dans une suite vendue comme plus riche et plus complète. Finalement et cela me crève le coeur de le dire, j’ai l’impression qu’à vouloir en faire l’épisode ultime, les développeurs de Wrong Number ont dénaturé le concept simple, brut et violent qui faisait d’Hotline Miami un jeu culte.
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