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Test : Lake Ridden

Définitivement hétéroclite, la petite équipe de Midnight Hub créa l’évenement lors de l’annonce son premier jeu en 2015 : un titre mêlant fantômes, puzzle et narration à la première personne. Faut dire que ça ne correspond pas vraiment au pedigree du studio composé d’ex-membres de Mojang, Tarsier ou Paradox. Ca ne nous a pas empêchés de suivre le projet et même d’y jouer lors de l’EGX 2017. A l’époque difficile de saisir où voulaient nous emmener les développeurs en matière d’histoire, à part qu’ils insistaient pour nous dire que Lake Ridden n’est pas un jeu d’horreur. Très bien, en tout cas on s’était bien creusé la tête pour terminer la démo salon du jeu et ses puzzles pour le moins alambiqués. Les bandes-annonces qui suivaient n’étaient pas non plus très explicatives et nous avons donc dû patienter jusqu’au tout dernier moment pour avoir une idée du déroulé du scénario. Voilà, après quelques heures passées dans les bois lugubres du jeu, les dés sont désormais jetés et il faut passer à l’exercice de la critique. En avant donc.

L’histoire commence comme un bon petit thriller à l’américaine. Marie, 13 ans souhaitait marquer la fin de la période estivale en organisant un camping sauvage avec sa petite soeur Sofia et des amis en pleine nature au beau milieu d’une forêt en plein comté du Maine. Suite à une dispute, sa soeur prend le large et Marie comprend vite qu’il lui est arrivé quelque chose. Elle entreprend donc de partir à sa recherche, seule dans la nuit, et va vite découvrir que les bois renferment plus d’un secret. L’adolescente va rapidement faire connaissance avec Nora, un fantôme espiègle et ses différentes acolytes qui guideront Marie dans sa quête, ne manquant pas de lui demander d’accomplir tout un tas de tâches justifiant ainsi la balade qui mènera le duo des forêts sombres à un hameau hanté autour du lac et bien évidemment la plupart des puzzles du jeu. Un scénario qui s’inspire donc de la littérature américaine et des légendes liées au folklore du « Pine Tree State », un lieu parfait pour raconter des histoires d’esprits vengeurs, etc.

Le jeu s’articule donc autour de deux thèmes. La narration à la première personne d’un côté qui nous fait voyager dans le passé de cette région et nous fait découvrir le quotidien des habitants, mais aussi de mystérieuses disparitions autour du lac. De l’autre, les puzzles rebondissent sur ces mythes, nous faisant réfléchir autour de signes cabalistiques, de codes secrets et aussi d’un peu de surnaturel. C’est là que brille Lake Ridden, ses puzzles regorgeant de créativité. Il y en a pour tous les styles de joueurs, l’aventure oscillant entre énigmes simples à résoudre, jeux de réflexion pour déverrouiller serrures de portes et coffres, et puzzles plus complexes impliquant de la recherche d’objets et de la mise en parallèle de documents glanés ça et là pour dénicher de précieuses informations et trouver la solution. On est assez épatés par les moyens mis en oeuvre par le tout jeune studio. L’ensemble est astucieux et surtout ne laisse personne sur le bord de la route grâce à un système d’indices multiples qu’on peut ou pas déclencher si l’on est perdus.

Ils ne donneront toutefois jamais la solution, mais plutôt une vague piste à suivre. C’est plutôt malin et ça aide notamment votre serviteur qui n’est pas le plus à l’aise avec des énigmes parfois capilotractées « à la Myst ». Là où le jeu s’en sort aussi correctement, c’est dans sa partie technique. Même si les décors peuvent avoir un look délavé, le jeu d’éclairage est réussi et la partie son n’est pas en reste avec des effets spéciaux de qualité. La bande originale reste par contre très anecdotique et la répétition du même morceau en boucle peut ennuyer à la longue. Hélas, car il faut bien lui trouver des défauts, la narration s’avère rapidement frustrante, la faute à un scénario qui fait continuellement deux pas en avant et trois pas en arrière. Alors qu’on arrive à trouver ou pourrait se trouver notre petite soeur, on a pas d’autre choix que d’acquiescer aux demandes horripilantes des fantômes qui nous font clairement perdre du temps (et donc gonflent artificiellement la durée de vie du jeu).

Et c’est tout le temps le même refrain : « oh super merci maintenant va faire ci » « oh et puis merci d’aller dénicher ça » et une ado qui dit amen à tout ce beau monde alors qu’elle sait sa petite soeur en danger de mort… Tant et si bien qu’on en finit par ne plus avoir d’empathie ni pour les enfants ni pour le scénario et ne plus se poser de questions sur rien. On se contente d’enchaîner les énigmes et c’est vraiment dommage. Surtout qu’on ne fait pas grand-chose d’autre à part ça et discuter avec les esprits, le titre tiendrait presque du walking simulator dans des niveaux labyrinthiques. Heureusement d’ailleurs que l’équipe a inséré des bougies et lampadaires à allumer/éteindre partout pour éviter de se perdre dans certains dédales. Pour terminer sur les problèmes du jeu, l’interface semble avoir été laissée à l’abandon beaucoup trop tôt dans la production, l’inventaire étant quelconque et le curseur de souris se perdant de vue sur des documents et photos trop claires.

Moyen

Lake Ridden n'est pas un mauvais jeu lorsqu'il fait dans le puzzle bien velu. Il va même beaucoup plus loin que pas mal de concurrents en fournissant une tonne d'énigmes toutes plus ingénieuses les unes que les autres, n'oubliant pourtant pas de rester accessible au plus grand nombre en diffusant au compte-goutte ses carottes-astuces. Mais son scénario beaucoup trop timide, avançant continuellement à reculons, aura raison de la patience des joueurs exigeant un minimum d'histoire pour se laisser bercer dans un jeu du genre. Manquement qui conduira jusqu'à l'inévitable ennui que l'on redoutait déjà lors de notre prise en main il y a quelques mois. Venez-y donc pour le remue-méninges, mais n'y cherchez pas autre chose.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par le développeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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