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Test : Light Fall

C’est avec joie que l’on voit débarquer les uns après les autres des vieux projets Kickstarter de 2015. Aujourd’hui, on s’attarde sur Light Fall, un petit jeu de plateforme développé par les québécois de Bishop Games et qui se paye le luxe d’une sortie Switch. Backé avec succès il y a 3 ans, il promettait un univers riche très inspiré par « les dessins animés du dimanche matin », ceux bourrés de bons sentiments, d’histoires fantastiques et de héros charismatiques. Mais c’est surtout sa mécanique de jeu principale qui avait su captiver les foules, à savoir un personnage qui a la possibilité de créer des plateformes sous ses pieds. Bon alors oui, depuis son annonce, de l’eau a coulé sous les ponts et on pense par exemple à Octahedron qui exploite le même gameplay et qui est lui sorti il y a un petit mois à peine. Mais le canadien a plus d’une corde à son arc et souhaite aussi haranguer les amateurs de speedrun avec des niveaux étudiés pour être traversés à la vitesse de l’éclair. Verdict ci-dessous.

Je vous le disais en introduction, ce qui met un peu tout le monde d’accord, c’est la démarche à la fois artistique et scénaristique du jeu. Sur la planète Numbra, les exilés de l’espace du peuple Kamloops qui avaient quitté un monde en proie aux guerres avaient jusqu’à présent réussi à vivre en harmonie avec leur nouvel environnement. Mais lorsque les villageois disparaissent mystérieusement et leurs maisons sont rasées, le hibou de la nuit Stryx n’hésite plus et fait appel aux anciens dieux pour venir en aide à la nation pacifique. C’est là que le joueur entre en piste. Il y dirige l’une des divinités qui va devoir traverser la planète entière pour libérer les Kamloops et mettre un terme aux sombres agissements d’un ennemi inconnu. Si le scénario n’a pas conquis votre âme d’enfant, peut-être que le look du jeu le fera. Des artworks aux assets, tout transpire l’animation occidentale moderne de qualité. Les panoramas offerts sont assez saisissants, bien qu’épurés, que l’on traverse une forêt luxuriante ou un désert aride.

Seul le dernier niveau est un peu moins inspiré que le reste, mais nous y reviendrons plus tard. Décortiquons maintenant le système de jeu. Notre dieu vivant peut créer jusqu’à 4 plateformes sous ses pieds, chaque nouveau bloc supprimant le précédent. La grande majorité des niveaux du jeu utilisent donc cette mécanique à bon escient, multipliant les zones inaccessibles à la manière traditionnelle. En avançant dans l’aventure, on déverrouillera rapidement quelques pouvoirs supplémentaires : un bloc mobile que l’on peut poser où on veut avant d’y sauter dessus (et qui fait accessoirement office de 5e plateforme gratuite) et un bloc bouclier qui reste devant nous lorsqu’on avance, pratique pour éviter les pièges tendus par les ennemis. Il est aussi à noter que les sauts assez flottants du héros sont compensés par des petits mouvements des blocs dans la direction de la marche lorsqu’on les active. Maîtriser cette astuce offerte par les développeurs s’avère nécessaire pour conserver sa vélocité et ainsi adopter toute la partie speedrun du jeu.

Car il est parfaitement possible de finir les 3 actes (et le gros tutoriel) du jeu en un temps record en virevoltant dans chaque niveau. Mais ce faisant, on passera à côté d’un paquet de contenu plutôt malin, les challenges liés aux cristaux. D’une part, des cristaux bleus renferment des villageois dans chaque niveau traversé. Ils sont le plus clair du temps planqués dans des zones pas forcément visibles au premier coup d’oeil. Il faut longer les murs et parfois choisir des passages audacieux pour découvrir ces collectibles. D’autre part, tout le lore de Light Fall se savoure en récupérant les cristaux jaunes planqués dans des zones de défi faisant appel à la fois à la dextérité du joueur mais aussi à ses méninges dans des puzzles tous différents et tous agréables. Une fois ramenés au checkpoint le plus proche, ils déverrouillent des bouts de textes qui racontent l’histoire des Kamloops. Aussi, on déconseille fortement de se la jouer speedrun dans le premier run, ne serait-ce que pour le plaisir de chopper les cristaux jaunes.

Traînasser dans les niveaux permets aussi de faire joujou avec les machineries de Numbra, des objets qui s’animent lorsqu’on les combine avec des blocs (un bateau, des plateformes mobiles, etc.). On regrette cependant que les développeurs n’aient pas poussé plus loin leur délire. On aurait aussi souhaité un scénario un peu plus abouti qui ne nous laisse pas deviner son cliffhanger trois heures avant qu’il n’arrive. On passera également sur la voix française du hibou, parfaitement insupportable. Par contre, on est assez déçus du mur de difficulté qui apparait sournoisement sans prévenir au dernier acte du jeu. Peu ou pas de checkpoints, un environnement qui veut notre mort à chaque saut, ce quatrième chapitre aura raison de la patience de la majorité des joueurs. C’est bien simple, même nos reflexes développés à la dure sur Wings of Vi ont été malmenés sauvagement pendant plus de 2 heures sur ce seul segment, soit plus que sur l’intégralité du jeu… Et lorsqu’on en vient à bout, on se heurte à un boss final aux patterns un peu trop portés sur l’aléatoire. Il y a vraiment de quoi tout plaquer avant le clap de fin.

Moyen

Et cette montagne abrupte de difficulté vient tempérer quelque peu notre avis sur Light Fall. Il n'en reste pas moins un plateformer tout à fait charmant et inventif, surtout là où on ne l'attend pas. C'est dans des challenges à collectibles très malins et qu'on prend plaisir à faire qu'il délivre tout son potentiel. Ses niveaux à multiples embranchements et sa mécanique juste raviront à la fois les néophytes du genre comme les speedrunners les plus aguerris qui pourront également y trouver matière à jouer le chrono. Toutefois, comme on le disait, la fin du jeu arrive un peu trop vite et se révèle frustrante, en tout cas jusqu'à en énerver mêmes ceux qui ont poncé les plus hardcore platformers de ces dernières années. Vous voilà prévenus.

Jeu testé sur Switch à partir d’une version fournie par le développeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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