PlayStation 4

Test : Marvel Spider-Man

Il y a quelques jours sortait Marvel Spider-Man et le jeu est déjà en passe de battre tous les records de ventes. Avec 3,3 millions d’exemplaires déjà vendus, le jeu d’Insomniac Games devient l’exclusivité vendue le plus rapidement pour Sony. Le jeu est bien parti pour mettre un coup de massue à la concurrence et c’est d’ailleurs étonnant de voir Insomniac Games aux commandes, qui d’habitude sont cantonnés aux productions de « plus petites envergures », comme Ratchet and Clank ou Sunset Overdrive (exclusivité One pour cette dernière). Pour une première dans le monde du Triple A, on peut dire le studio américain frappe fort en terme de ventes. Dans cette déferlante de jeux Open World, Spider-Man mérite-il qu’on y consacre du temps, autrement qu’en attendant Red Dead Redemption 2 ?

Le jeu débute directement dans la vie de Peter Parker, alors qu’il a déjà ses pouvoirs depuis un long moment. Insomniac games a fait le choix de ne pas faire « d’Origin Story” et ont les en remercie vu le nombre de fois que cette dernière a été racontée sur grand écran. Dans cette aventure, Peter a 23 ans est séparé de Mary Jane et sa vie se divise entre son job d’assistant pour le professeur Octavius, sa vie privé avec notamment sa tante May et son devoir de super-héros. Vous êtes jeté directement dans le grand bain puisque dès le début, vous êtes amené à vous rendre à la tour Fisk pour votre première mission, afin d’arrêter l’un des méchants les plus emblématiques du comic avant qu’il ne détruise certaines preuves le mettant en cause.

Cette première heure de jeu fera office de tutoriel où vous vous familiariserez avec les commandes du jeu. Cela demande une certaine pratique pour intégrer le timing des esquives et enchaîner les combos, mais passé les premiers échecs, les combats se révèlent d’une fluidité irréprochable. Une fois arrivé au sommet de la tour, vous affrontez votre premier boss en la personne de Fisk lui-même. Assez classique, les combats de boss s’avère être vite lassant mais nous y reviendrons. Une fois débarrassé de Fisk, New-York devient votre terrain de jeu. La carte se révèle à la hauteur de la grosse pomme et de nombreux points d’intérêt commence à fleurir sur la carte. La chute de Fisk fait naître une nouvelle menace, bien plus inquiétante pour les habitants de New-York. Je ne spoilerais pas l’intrigue dans ces lignes, mais sachez qu’il s’agit ici à ma connaissance d’un nouveau méchant, avec une trame narrative des plus intéressantes.

Le jeu est clairement inspiré des Assassin’s Creed, d’Infamous et de la série des Batman par Rocksteady : un monde ouvert avec des bandits à combattre, des missions secondaires et des antennes à déverrouiller pour accéder aux missions de chaque quartier. On commence ainsi les allers et retours pour effectuer de mini-missions, souvent des quêtes fedex, et toutes ne sont pas du même niveau. La ville de New-York est parfaitement retranscrite, avec ces différents quartiers et ses clins d’oeil à l’univers des comics, comme la tour Avengers. Mais une fois passé la sensation de vertige devant ce bac à sable géant, on se rend vite compte de certaines limites. Ainsi, le jeu ne possède pas de cycle jour/nuit dynamique. Certaine missions devant se dérouler la nuit vous oblige à patienter pour charger la ville en version nuit.

En continuant votre exploration, vous vous apercevrez que ce monde n’est pas si ouvert que ça. Impossible par exemples de suivre les rails du métro, de rentrer dans des bâtiments sans un temps de chargement. Mais le plus gros problème concerne le manque de vie de cet univers. A la manière d’un Batman avec Gotham, les interactions avec les habitants de New-York sont terriblement restreintes. Il n’est pas rare de voir des habitants nous saluer, pour nous insulter 30 secondes plus tard, et enfin reprendre une suite d’actions en boucle, comme des robots. On a vraiment la sensation que les développeurs ont conçu le jeu en sachant que la majorité des déplacements se ferait dans les airs, et que le reste était accessoire. Et c’est à mon avis ce qui résume le mieux son monde ouvert : à première vue incroyable, mais dès que l’on gratte un peu la surface, on s’aperçoit rapidement que le tout est assez vide. On est loin des autres triple A Open World que sont GTA, Witcher III et consorts.

En ce qui concerne le gameplay, il s’articule autour de 2 types de missions principales, de quelques mécaniques secondaires, et d’une énorme quantité de quêtes fedex. Vous l’aurez compris, 70% du jeu repose sur la baston. Le système de jeu de ses séquences reprend en partie celui des Batman cités plus haut. Il vous faudra enchaîner les coups avec le bouton carré pour enchaîner les combos et augmenter votre barre de spécial. Une fois cette dernière pleine, vous pourrez déclencher le pouvoir lié à votre costume, ce qui vous donnera un avantage certain temporaire durant le combat, ou utiliser un coup spécial qui met vos ennemis K.O en un coup spectaculaire. Les possibilités sont nombreuses entre les attaques aériennes, le fait de désarmer les ennemis ou de les projeter dans les airs, sans parler de la myriade de gadgets disponibles au fur et à mesure que vous avancez dans le jeu. On se surprend alors à essayer plusieurs techniques, contre différents types d’ennemis, pour effectuer des enchaînements parfait tout en esquivant avec grâce les attaques adverses.

Dans les faits, le jeu propose plusieurs types de missions où il faudra fracasser du méchant : stopper un cambriolage, une course poursuite ou encore démanteler une base ennemi. Malheureusement, tout cela se déroule peu ou prou de la même manière. En captant la radio de la police, vous apercevez une activité sur votre carte, vous y allez, vous fracassez vos ennemis, vous obtenez de l’XP et vous repartez. A noter que chacune des missions vous donne des objectifs secondaires (effectuer 5 attaques aériennes, faire un combo de 20 coups etc.) tout cela permet d’obtenir plus de jetons en récompenses. Quand on pense en avoir terminé avec certains objectifs de collecte d’items, de nouveaux apparaissent. Retrouver des pigeons, des sacs à dos, finir des défis, démanteler des bases… tout y passe. On touche ici un des plus gros défauts du titre : le grand nombre de types de jetons dans ce jeu. Au nombre de 6 en tout, ces jetons permettent d’améliorer votre équipement. On retrouve donc les jetons de défis (baston, infiltration, poursuite de drones, bombe à désamorcer), de sac à dos à trouver, de monuments (prendre en photos les lieux touristiques de New-York), de bases (tabasser tous les ennemis d’une base), les jetons de recherche (missions annexes) et les jetons de crimes (arrêter des criminels dans les quartiers). Autant, certaines de ces missions proposent un gameplay légèrement différents, comme les centres de recherche d’Harry qui nécessite d’effectuer des prélèvements, ou de faire péter des canalisations pour éviter une trop forte pression, mais la plupart font surtout office de remplissage. Si tous ces défis étaient optionnels on pourrait s’en accommoder, mais vous aurez besoins de tous les types de jetons pour améliorer vos capacités, et cela devient très vite rébarbatif.

D’ailleurs, en ce qui concerne l’amélioration de votre personnage, vous aurez plusieurs possibilités. En augmentant de niveau, vous obtiendrez des points de compétence à dépenser dans 3 embranchements : Innovateur, Défenseur et Tisseur de toile. Chacun de ses arbres de compétences est adapté à un style de jeu durant les phases de combats. De plus, vous pourrez également “pimper” votre Spider-Man, en lui achetant de nouvelles tenues (trop swag !), issues des comics, ce qui débloque des nouveaux pouvoirs. Ces derniers peuvent être activés une fois votre barre de concentration pleine, cette dernière se recharge en fonction des combos réalisés. Il existe également 3 emplacements de bonus passifs, que vous pourrez débloquer en dépensant des jetons. Comme tout oeuvre de Spider-Man qui se respecte, le jeu dispose aussi de tout un set de gadgets. Il y en a pour tous les goûts: lance toile, spider-drone, bombe de toile, toile électrique… vous trouverez forcément votre bonheur pour lyncher vos adversaires avec style.

L’autre défaut majeur du jeu apparaît quand Insomniac Games essaye de rompre avec la monotonie des phases de baston en proposant des phases d’infiltration. Vous y contrôlez des gens proche de Peter Parker (Tante May par exemple… non je rigole, mais avouez que ça aurait pu être marrant non ?) qui doivent infiltrer des bases de vilains pour y dérober quelque chose. Soyons franc, ces moments sont dignes de certaines phases de gameplay de l’époque de la PlayStation 2. Manette en main, c’est incroyablement mou et on ne voit pas vraiment l’intérêt, de plus que l’intelligence artificielle est profondément débile. Bref, dans la majorité des cas, on se dépêche d’effectuer ces missions pour pouvoir retrouver quelque chose de plus intéressant à faire le plus vite possible. Mais passé une dizaine d’heures de jeu, la récurrence se fait de plus en plus pesante. On enchaîne une boucle de gameplay qui consiste à effectuer quelques missions principales, une ou 2 quêtes annexes, et farmer les jetons pour améliorer son personnage.

Heureusement que le scénario et le mise en scène sont digne d’intérêt. Je dois avouer avoir été conquis par l’histoire et surtout par la manière qu’Insomniac Games l’a raconte. L’écriture est soignée et respecte parfaitement l’univers de l’homme araignée et de ses protagonistes. Les missions principales sont plaisantes à jouer, à l’exception des boss. Ces combats s’avère un peu brouillons et manque d’originalité. On se contente la plupart du temps d’esquiver en boucle (Dark Soul style), d’attendre un moment de répit pour envoyer des salves de toiles pour ensuite attaquer l’ennemi avec ou sans Q.T.E., et recommencer 4 ou 5 fois avant de le terrasser. Rassurez-vous, ils n’ont pas exagéré sur l’utilisation des Q.T.E. (contrairement à ce que laissé penser le trailer de l’E3), ces derniers n’étant utiliser que de manière sporadique. En parlant de boss, sachez qu’il faudra compter entre 20 et 30 heures pour arriver devant le dernier boss, en fonction de votre manière de jouer, avec une dizaine d’heures supplémentaires pour le finir à 100%. Le jeu n’est pas avare en contenu, même si comme nous l’avons vu, la majorité fait surtout office de copier coller.

D’un point de vu technique, il n’y a pas grand chose à reprocher au jeu. La ville de New-York est reproduite de manière saisissante comme jamais auparavant, la modélisation des personnages est excellente et le jeu est fluide comme jamais. Seul ombre au tableau de ce côté, les temps de chargement quand on passe du monde ouvert à un niveau en intérieur (so 2015). Comparé à un jeu de Bethesda Softworks, Marvel Spider-Man est assez pauvre en bugs (c’était gratuit), mais il en persiste tout de même certains. N’ayez craintes, cela n’a rien de bloquant dans le déroulement de votre aventure. Vous aurez juste l’occasion de voir certains P.N.J. qui disparaissent ou des dialogues coupés. C’est une chose assez rare pour un jeu bac à sable, du coup permettez moi de saluer les équipes de Q.A. pour leur travail (GG les gars).

En parlant de “Big Up”, je tiens à mettre en avant les doublages de la version française qui sont excellents. Donald Reignoux, le comédien reprenant le rôle de Peter Parker s’est totalement imprégné du personnage et ça se ressent dans les dialogues les plus marquants du jeu. Il incarne parfaitement cette version de Spidey, assez proche des comics, entrant dans l’âge adulte et loin de l’ado nerd de certains des films récents. C’est rassurant de voir que sur certains jeux de cette ampleur, la V.F. sait rester au niveau. Quoi qu’il en soit, Monsieur Donald Reignoux, bravo pour votre travail sur ce projet. Niveau bande son, le thème principal du jeu est tellement épique qu’on le confond presque avec celui des films Avengers. Malheureusement, le reste de la bande-originale est assez banal et en retrait. Du coup, on se retrouve avec un ambiance musicale avec un titre tournant presque en boucle… dommage

Bon
Alors au final, que penser de ce Marvel Spider-Man ? Malgré les défauts que nous avons de citer, et en particulier sa répétitivité, son manque d’originalité parfois et surtout ses quêtes fedex, le titre d’Insomniac Games possède un certain charme. En reprenant des éléments de gameplay créés par les développeurs ayant déjà travaillé sur la licence (Treyarch pour Spider-Man 2, Beemox pour Spider-Man: Edge of Time…) Insomniac Games reprend le flambeau en mettant au goût du jour la recette mais sans la révolutionner. Si vous êtes fan de la licence ou que vous n’avez rien contre la répétitivité ou les aller-retour, vous trouverez dans ce Spider-Man un titre qui se laisse apprécier. Pour les autres vous êtes prévenus. Néanmoins, je salue l’effort des développeurs (notamment pour certains parti pris au niveau de l’écriture) qui, rappelons le, ne sont pas des habitués des productions triple A. Sony fait, une fois de plus, un gros coup en ajoutant ce jeu à sa liste d'exclusivité. Il ne reste plus qu'a attendre la sortie de Read Dead Redemption 2 pour juger de la différence en terme d'Open World et au vu des premiers retours, cette dernière pourrait bien être colossale. A suivre donc...
Jeu testé sur PlayStation 4 à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.
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