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Test : Masters of Anima

Le jeu vidéo indépendant à définitivement le vent en poupe en région lyonnaise et ce n’est pas le couple Passtech Games/Osome Studio qui fera mentir les statistiques. Fruits de leurs premières collaborations le premier à la barre, le second à la technique : Space Run et sa suite Space Run Galaxy ont su conquérir un public large grâce à des mécaniques simples et bien orchestrées. On ne change pas une équipe qui gagne et le petit studio Passtech remet le couvert cette année avec Masters of Anima, un titre radicalement différent, mais toujours propulsé par le moteur OEngine de ses copains. Exit les Uber de l’espace, place à la magie (et l’amour !) pour ce nouveau jeu même si le patron n’a pas pu résister à l’envie d’inclure un gros pan stratégie dans son aventure-puzzler. Dévoilé discrètement au salon Paris Games Week en fin d’année dernière, il aura fallu attendre février pour en savoir plus sur sa proposition. Il est enfin là dans sa version complète et on a pu faire mumuse avec les gardiens du jeu, verdict.

Il y a fort longtemps les dans les vertes contrées de Masters of Anima, un volcan entra en éruption et rejeta de l’Anima et des golems de feu partout dans le monde. Heureusement, les Animanciens, maîtres des arts mystiques pouvant invoquer des armées de gardiens magiques arrivèrent à contenir et même sceller le pouvoir du volcan derrière des barrières protectrices. Depuis, les générations perpétuent l’art de l’Animancie, même si les gardiens du passé sont aujourd’hui utilisés comme main-d’oeuvre pour accomplir les tâches les plus compliquées de la vie courante. Après cette brève introduction, le joueur fait la rencontre d’Otto, un apprenti Animancien follement amoureux d’Ana, l’actuel maître Animancienne. Le joli couple n’attend que le sacrement d’Otto pour pouvoir se marier et couler des jours heureux. Ainsi le tutoriel du jeu nous demandera de passer notre diplôme d’Animancien et de découvrir toutes les subtilités de cet art. Le scénario vous vous en doutez ne s’arrête pas là…

Il faudra en effet bientôt lutter contre l’infâme Zahr voulant s’approprier la puissance de l’Anima contenue par les anciens et accessoirement sauver sa bien-aimée Ana qui s’est vue comme qui dirait « fractionnée » en trois parties par le grand méchant. Ce faisant, le héros apprendra à dompter de nouveaux gardiens qui ont chacune des capacités particulières à utiliser contre les nombreux golems rencontrés en jeu. Entrons justement tout de suite dans le vif du sujet, les Gardiens. Il en existe 5 types : Protecteurs équipés de haches et boucliers, parfaits pour el combat rapproché. Les Sentinelles peuvent attaquer à distance à l’aide de leurs arcs. Les Catalystes aspirent l’Anima de leurs ennemis pour la refiler à Otto, les Invocateurs génèrent des nuées de petits gardiens qui foncent tête baissée vers les ennemis et enfin les Commandants relayent le cri de guerre du maître sur-le-champ de bataille. Ce cri est un modificateur qui va activer certaines capacités d’un groupe de gardiens (tir groupé, protection, gain de points de vie, etc.).

Pour parfaire ce set d’actions, le héros et ses gardiens bénéficient tous de petits arbres de compétences permettant d’améliorer la puissance, la durée des pouvoirs, le nombre de gardiens invocables et j’en passe. Le système de jeu demande pas mal de dextérité, car il faut switcher entre les groupes de gardiens de même type et les envoyer faire front ou les positionner en repli pour un maximum d’efficacité. Tout le sel de Masters of Anima consistera donc à maintenir un flux constant d’Anima récupéré dans l’environnement ou sur les ennemis pour pouvoir invoquer toujours plus de gardiens. Il faut aussi apprendre à jongler entre les classes de gardien en fonction de la menace et à maintenir une population constante quitte à en sacrifier quelques-uns pour récupérer de l’Anima où conserver une dizaine de Catalystes à portée qui garantissent un flot quasi ininterrompu d’Anima en combat. A la manière d’un Pikmin, Otto peut agiter son bâton pour rappeler à lui tout ou partie du groupe, histoire d’éviter les attaques de zones de certains golems.

En pratique, dans les arènes de combat des différents niveaux du jeu, on passe plus de temps l’oeil rivé sur les jauges de gardiens sous le joueur que sur l’action. On switche et on switche encore entre les types de gardiens, en recréant ici et là tout en courant autour du boss pour éviter de se manger des dommages collatéraux et récupérer des orbes d’Anima dans l’environnement. Alors oui, Otto peut se défendre avec son bâton, mais il sera bien plus utile de combattre à l’aide des gardiens. Il est quand même regrettable de constater que le jeu tient plus de la gestion que de la stratégie, les boss demandant un certain pattern de gardiens (100% de sentinelles, 50/50 Protecteurs et Catalystes,…). Seuls les affrontements contre les golems mineurs sont des foires d’empoigne où la force brute prédomine sur une quelconque gestion de troupes. Attention cependant à ne pas perdre trop de temps, car les ennemis ont une jauge de Rage Primordiale qui se rempli et c’est le game over assuré s’ils déclenchent leur rage.

C’est pour nous une fausse bonne idée, car les joueurs qui ont du mal à prendre en main la gestion des gardiens seront punis gratuitement par les ennemis et n’auront qu’à relancer la sauvegarde pour tenter une autre « stratégie » en espérant qu’elle fonctionne. Autre défaut, il arrive carrément que l’on tombe à sec d’Anima et là aussi, cela conduit directement au game over car on a plus assez de temps pour amasser de l’Anima, invoquer des gardiens et frapper l’ennemi de concert avant qu’il ne déclenche son superpouvoir dévastateur. Ce « tout ou rien » des combats peut occasionner une frustration chez certains joueurs, surtout lorsqu’on bute sur un boss en boucle (ah cette satanée araignée !) pendant de longues demi-heures à refaire les combats encore et encore jusqu’à trouver la combinaison qui marche. La faute aussi au mode de combat en arène qui ne permet pas la fuite pour revenir plus en forme. Au final, on sent les arènes venir de loin et cela en devient assez pénible avec le temps.

Surtout que toute la partie puzzle, elle, est assez agréable, chaque type de gardien ayant une utilité propre. Les Catalystes par exemple peuvent créer un bouclier temporaire qui permet de se déplacer sur les terres brûlées par les golems, les Invocateurs eux peuvent carrément créer un golem de pierre gigantesque qui servira à défoncer la roche et ouvrir des passages dans l’environnement. La plupart des puzzles mettent à contribution tous les pouvoirs des gardiens et les combinent. La récompense est le plus souvent un collectible qui va permettre de rallonger la barre de vie ou augmenter le nombre de gardiens max, mais on prend vraiment plaisir à fouiller les niveaux et à solutionner ces petites énigmes. Au registre des joyeusetés on notera également l’excellent travail sur la partie son, que ce soit dans le doublage avec la délicieuse voix d’Eleanor Yates dans le rôle d’Ana ou la superbe bande originale de Leon Shelby. Enfin, les graphismes colorés et épurés font le job de bout en bout.

Moyen

En mêlant plus ou moins habillement gestion, aventure et puzzles, Passtech Games a su faire un titre pour le moins original qui manque d'un chouia d'équilibrage pour contenter tout le monde. On regrette que ses combats ne soient au final que trop binaires : brouillons et ennuyeux ou alors juste punitifs en fonction de la vitesse d'apprentissage de leurs mécaniques par le joueur. Surtout, le fait qu'ils restent cloisonnés à des arènes entrave à notre avis le gameplay et crée plus de frustration qu'autre chose. Ses puzzles par contre sont la vraie réussite du jeu, agréables et inventifs. Enfin, on ne peut pas enlever à Masters of Anima sa réalisation impeccable, de son histoire à sa partie technique. Un titre qu'on conseille donc en priorité aux adeptes du clic frénétique sur les jeux de microgestion nerveux. Les autres risques de broyer une souris sur ses boss avant d'y trouver du plaisir.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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