PlayStation 3

[TEST]Metal Gear Solid V: Ground Zeroes

Metal Gear Solid V : Ground Zeroes

Metal Gear Solid V : Ground ZeroesPrès de 6 ans après la sortie de Metal Gear Solid 4, la franchise d’Hideo Kojima revient enfin sur consoles de salon pour le plus grand plaisir des fans. Malheureusement, Metal Gear Solid V: Ground Zeroes n’est qu’un simple prologue et il faudra encore attendre une grosse année avant de voir arriver le vrai MGS 5 avec Metal Gear Solid V: The Phantom Pain. La véritable question étant de savoir s’il ne s’agit que d’une démo vendue au prix fort où un véritable MGS à part entière. La vérité semble bien être entre les deux.

Previously on Ground Zeroes

Metal Gear Solid V : Ground ZeroesAprès notre première mise en bouche, il y a deux semaines, nous voici enfin à l’heure du test de Metal Gear Solid V: Ground Zeroes. Et comme je sais que vous êtes de bons petits lecteurs bien assidus, on va éviter de trop s’étaler sur le scénario. Pour résumer très brièvement, sachez que le jeu se déroule quelques petits mois après les évènements de Metal Gear Solid: Peace Walker, et l’on doit secourir Chico et Paz qui ont été fait prisonniers sur l’île du camp Omega. Une mission de première importance pour Big Boss puisqu’en plus de devoir sauver ses deux comparses des griffes de l’énigmatique Skull face, le mec à la ganache un peu trop cuite, il doit surtout éviter d’ébruiter les petits secrets de sa Mother Base. Captivant, sans être passionnant, le scénario de Ground Zeroes pose surtout les bases de la future trame de Metal Gear Solid V: The Phantom Pain, mais réserve aux fans quelques petits frissons lors de la cinématique de fin. Vous en parler serait pure folie et je pourrais même me retrouver avec un contrat sur la tête. Et comme j’aime le sexe, la drogue et que je compte vivre encore quelques petites années, je vais m’en passer, et même m’arrêter. Cela dit, s’il y a bien une chose qui cloche dans la construction scénaristique du jeu, c’est le manque d’informations sur le personnage de Skull Face et le fait de juste effleurer les différents thèmes abordés. Si bien que l’on a cette vilaine impression de ne pas trop savoir où l’on en est une fois la trame principale bouclée. Ce qui est bien dommage pour une série qui ne nous a jamais habitué à être avare en détails.

L’angine du renard

Metal Gear Solid V : Ground ZeroesTout comme pour la preview, c’est sur Playstaion 4 que nous avons testé la version finale du jeu. Et tout comme lors de cette même preview, le jeu nous en a mis plein la tête, et il suffit d’un simple petit regard en direction de l’écran pour se prendre l’effet next-gen en pleine poire. Pourtant, si l’on regarde de plus près, on voit bien que le FOX Engine propose des modélisations assez « banales » ainsi que des textures qui manquent de finesse. Ce qui est surement le prix à payer pour proposer un jeu à cheval sur deux générations de consoles. Mais ces petites errances sont rapidement balayées d’un revers de la main par la justesse de ces mêmes textures, ainsi que la palette de couleurs très large et des effets de lumière sublimissimes. Il suffit de s’arrêter sur le tout premier plan du jeu pour admirer le travail d’orfèvre des équipes de Kojima Productions. En hauteur et sous une pluie battante, les gouttes d’eau qui perlent sur sa combinaison, Snake a une vue imprenable sur le camp Omega qui est balayé par les différents projecteurs de la base sous un filtre bleuté et quelques effets de lumière qui viennent fouetter l’écran selon l’angle de la caméra. Un peu à la manière de ce que peut fait J.J. Abrahams dans ces différents films. En même temps, et il ne s’en cache absolument pas, Hideo Kojima est un très grand fan de cinéma et tous ses jeux s’inspirent de ce que le septième art peut offrir. Ici, on reste dans la même optique avec deux longues cinématiques -en introduction et en fin de jeu- à la mise en scène particulièrement maitrisée. On a ainsi le droit à du plan séquence du début à la fin, sans aucunes coupures, où la caméra virevolte autour des différents protagonistes, propulsant le joueur au cœur même de l’action. Un choix de mise en scène qui tranche merveilleusement bien avec les traditionnels champs, contre champs et plans serrés de la série. Mais si les deux cinématiques ne manquent clairement pas de puissance, surtout celle de fin, on note tout de même un manque de profondeur. Un sentiment renforcé par la disparition des conversations au codec, rébarbatives pour les non-initiés certes, mais qui avaient pour faculté de donner de la profondeur et de l’épaisseur aux différentes situations et personnages. Le temps passe, les choses changent, et comme pour la narration et la mise en scène, Ground Zeroes propose un gameplay revisité qui n’hésite pas à changer les codes de la série.

Le Turfu, enfin !

Metal Gear Solid V : Ground ZeroesEn plus des ses cinématiques à rallonge et son scénario acadabrantesque à n’y rien comprendre, l’autre grosse tare de la série de Kojima, qui est très souvent pointé du doigt par ses détracteurs, est la lourdeur de son gameplay. Si on ne trouvait rien à y dire en 1998 sur PS One, on ne pouvait pas en faire autant 10 ans plus tard sur Playstation 3. C’est surement pour cette raison que Kojima et ses équipes ont enfin décidé de dépoussiérer la formule et de passer à la modernité. On remarque ainsi que Snake a incroyablement gagné en souplesse. Manipuler Big Boss est devenu un véritable petit plaisir et ce dernier est capable de marcher, s’accroupir, ramper, plonger au sol et même sprinter dans une fluidité assez déconcertante pour les habitués de la série. De plus, le gameplay prend une toute nouvelle dimension avec l’intégration du jeu en monde ouvert. Bon, l’île du camp Omega n’a strictement rien à voir avec la démesure de la carte de GTA V, mais la base américaine est suffisamment étendue pour s’amuser et gouter à une toute nouvelle approche de l’infiltration. En clair, plusieurs chemins sont accessibles et le level-design est tel qu’on peut tenter différentes approches à chaque nouvelle partie. Contrairement aux précédents opus où les objectifs étaient clairement indiqués sur la carte, le jeu nous laisse ici en roue libre pour découvrir la position de Chico et nous demande même d’écouter en boucle une cassette audio pour localiser l’endroit où est détenue Paz. Une mécanique de jeu bien pensée qui encourage le joueur à explorer la carte jusqu’à la connaitre sur les bouts des ongles. Surtout que l’infiltration est renforcée avec la disparition du radar, pourtant si cher à la série, remplacé par la possibilité de marquer les ennemis à l’aide de jumelles. Une fois marqués, les gardes apparaissent en surbrillance et il est possible de les localiser à travers n’importe quel élément du décor ou bien en consultant la carte sur l’iDroid (Qu’il est possible de consulter sur smartphone avec l’application du jeu). Une tendance à la simplification qui est renforcée par l’apparition d’un bullet-time lorsque l’on se fait surprendre et qui nous laisse le temps de rectifier le tir pour éviter de passer en mode alerte. Bien entendu, ces différentes options, qui feront hurler les fans, sont désactivables et donnent ainsi au jeu une toute autre dimension. Notamment en mode difficile où l’expérience peut rapidement devenir hardcore.

Côté action, le jeu gagne également en souplesse et il est même tout à fait possible, mais pas vraiment recommandé, de foncer dans le tas et faire hurler le plomb et la poudre. Le CQC est toujours de la partie et en plus de faire valdinguer n’importe qui dans le décor, il est possible de mettre en joue un garde, l’immobiliser, le tuer ou le faire parler pour glaner quelques informations ou encore attirer une patrouille du coin.  L’IA du jeu se montre globalement assez solide, avec des gardes qui n’hésitent pas à varier les rondes ou  s’approcher et pointer une lampe torche lorsque quelque chose de louche se produit. En phase d’alerte, les bougres gagnent même en férocité, agissent de concert et n’hésitent pas à communiquer entre eux pour nous localiser. La fuite devient ainsi la meilleur solution et il est assez facile, en prenant ses jambes à son coup, de se faire la belle. Malheureusement, tout n’est pas rose et l’IA montre souvent des signes de défaillance comme un garde qui ne remarque pas que son collègue est à terre juste derrière lui ou bien que personne ne semble se préoccuper que le mirador ne réponde plus présent avec un projojecteur pointé vers le ciel. Mais rien de vraiment rédhibitoire. A vraie dire, si l’on cherche des choses à reprocher au jeu, ce n’est pas du côté du gameplay qu’il faut regarder, mais plutôt vers le contenu et les méthodes de Konami.

Demo, or not demo ?

Metal Gear Solid V : Ground ZeroesBon, on ne va pas tortiller des fesses plus longtemps, le jeu est court, trop court, et comptez bien deux heures pour venir à bout de la trame principal. Ensuite, doublez plus ou moins la durée de vie pour venir à bout des différentes missions annexes. Mais sachez cependant que le jeu offre une très forte rejouabilité, que les missions annexes, quoique plutôt classiques, sont plaisantes à faire, qu’il y a de nombreux items à collecter ici et là pour débloquer des bonus et qu’il y a même les missions spéciales « Déjà-vu » et « Jamais-vu » respectivement disponibles sur les consoles de  Sony et Microsoft. La première nous faisant une rétrospective des évènements de Shadow Moses et l’autre nous mettant dans la peau de Raiden. Mais loin du problème de durée de vie, le véritable intérêt de Ground Zeroes repose sur le scoring et la faculté des joueurs à tenter de se dépasser pour battre les différents records et défis disponibles. De quoi décupler la durée de vie aux joueurs prenant la peine de s’investir. Mais selon moi, le principal problème de Metal Gear Solid V: Ground Zeroes est sa nature même de simple prologue.  N’importe quel fan de la série vous le dira, un MGS marque avant tout à l’aide de son ambiance, sa narration, son scénario, mais surtout sur le travail fait sur les différents personnages. Chaque épisode a cette faculté a doucement monter en puissance jusqu’à atteindre un final grandiose avec le combat d’un boss charismatique et une séquence de fin qui fait systématiquement mouche. Dans ce prologue, on n’a rien de tout ça. Ce qui nous fait dire que Ground Zeroes ne prendra un véritable sens qu’une fois qu’il sera combiné avec le reste du jeu dans Metal Gear Solid V: The Phantom Pain. Pas avant. Bien sûr, on y voit des évènements forts qui marqueront au fer rouge notre bon vieux Big Boss, mais on reste frustré face au manque de profondeur et l’absence de développement. En clair, on a à peine le temps de rentrer dans le délire que le jeu est déjà terminé. Frustrant ! C’est un peu comme la scène du fameux mariage dans Kill Bill 2. Elle a beau être esthétique, intense et sublimement jouée, la scène n’a aucun sens extraite de son film, car elle sert de tremplin aussi bien narratif qu’émotif à l’ensemble de l’œuvre de Tarantino. C’est exactement ce qu’est au final Ground Zeroes. Un très bon jeu, une superbe expérience, mais qui n’a pas encore de véritable sens. De là à le qualifier de simple démo ? C’est un pas que nous ne franchiront pas. La politique de Konami est tout de même très discutable et ouvre potentiellement la porte à de nombreux futurs abus. Peut-être qu’à 15 euros, la pilule aurait été plus simple à avaler. Pour terminer, et je ne le répèterais jamais assez, Metal Gear Solid V : Ground Zeroes est un jeu pour les fans et n’est pas à mettre entre n’importe quelles mains. Vous voilà prévenu.

CritoraSoyons clair et concis: Metal Gear Solid V: Ground Zeroes est un putain de bon jeu ! Une expérience vidéo ludique jouissive où l’infiltration est magnifiée par une prise en main instinctive et l’intégration cohérente et totalement réussie du système de jeu en monde ouvert. Techniquement et visuellement étincelant, le jeu nous rappelle qu’on est sur next-gen et propose une mise en scène tout en plan séquence particulièrement bien fichue ainsi qu’une bande son soigneusement travaillée. Malheureusement, si le titre a bien plus de deux heures de jeu à offrir lorsqu’on prend la peine de s’y investir, le contenu reste trop maigre et la grande majorité des joueurs trouveront l’addition bien trop salée à 30 euros. Mais c’est dans sa propre nature que Ground Zeroes trouve son principal défaut. En qualité de simple prologue, tout aussi fort et marquant qu’il peut être, le jeu ne parvient pas à égaler la puissance narrative des épisodes canoniques de la série et ne prendra sens qu’une fois combiné à Metal Gear Solid V: The Phantom Pain. Un épisode qui, si l’on reste sur les mêmes bases, s’annonce comme le chef d’ouvre d’Hideo Kojima. Le rendez-vous est pris.

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