PlayStation 4

Test : Metro Exodus

Vous l’ignorez sans doute, et vous n’en aurez très certainement rien à faire une fois que vous le saurez, mais j’aurais très bien pu ne jamais vous écrire les lignes qui vont suivre si mon facteur avait décidé de garder mon jeu au lieu de me le rendre après une déclaration de ma part sur le site de la Poste. Enfin là j’accuse le facteur, mais je n’ai toujours pas exclu la possibilité que ce soit l’un de mes voisins qui ait tenté de me le subtiliser avant de changer d’avis. Quoi qu’il en soit, j’ai pu récupérer le jeu, mais je vous avoue que je l’aurais eu un peu mauvaise si ça n’avait pas été le cas. Pourquoi ? Parce qu’en nous extirpant des sous-sols oppressants du métro de Moscou pour la toundra sibérienne et son train à vapeur, Metro Exodus est un jeu qui offre une grosse bouffée d’air frais.

Road Trip

Pour ceux qui n’auraient pas joué ou même jamais entendu parler de la franchise Metro avant l’arrivée d’Exodus, sachez, pour commencer, que vous êtes passé à côté de deux très bons FPS et qu’il s’agit de l’adaptation vidéo ludique du roman de Dimitri Glukhovski : Métro 2033. En gros, et pour faire bref, suite à une guerre nucléaire qui a ravagé la Russie et une grande majorité des pays du monde entier, l’espèce humaine a été condamnée à se terrer dans les entrailles de la terre pour survivre et ne pas se faire cramer par les radiations qui empoisonnent la surface ou se faire écharper par les monstres qui y sont nées de diverses mutations génétiques. Les deux premiers volets de la trilogie nous plaçaient en plein cœur du métro moscovite où il fallait aussi bien évoluer dans de nombreuses galeries souterraines plongées dans l’obscurité que sous la pluie acide de la surface avec la pression d’un minuteur qui nous rappelle à chaque tintement qu’un masque à gaz n’est en aucun cas une garantie pour survivre dans les ruines d’une ville dévastée. Que ce soit Last Light ou 2033, les deux premiers Metro étaient des jeux oppressants et parfois même anxiogènes où les rares sorties à l’air libre étaient toutes aussi suffocantes que le reste. Et c’est pour cet état de fait qu’il serait bon de remercier les développeurs de 4A Games d’avoir eu l’immense délicatesse de nous offrir une bonne grosse bouffée d’oxygène en bousculant le paradigme de leur formule. On quitte donc l’obscurité du métro de Moscou pour les vertes prairies de la Russie à bord d’une locomotive à vapeur, l’Aurora, dans ce qui ressemble très franchement à un road trip entre soldats en quête de dépaysement, d’espoir, mais aussi de vérité.

Artyom Senna

Metro Exodus nous met dans les bottes d’Artyom, un soldat tout ce qu’il y a de plus ordinaire, vraisemblablement muet (il ne parle jamais) et qui passe le plus clair de son temps sur les toits de Moscou dans l’espoir de recevoir un signal radio qui viendrait de l’extérieur. Accessoirement, c’est aussi le petit ami d’Anna, la fille du commandant Melnik qui est en charge de la sécurité de la ville. Une position qui lui apporte une certaine forme d’animosité de la part de son futur beau-père, mais qui va tout de même lui sauver les miches lorsqu’il va mettre à jour un vaste complot en tombant nez à nez avec un train en parfait état de marche aux abords de la ville. Si le scénario n’a rien de très passionnant, je vous épargne les détails pour ne pas vous gâcher le doux plaisir de la découverte et quelques effets de manche plutôt bien vu, mais après une première mission assez trompeuse car elle ne représente absolument pas ce qu’est réellement le jeu, Artyom, Anna, le commandant Melnik et une poignée de soldats vont se retrouver malgré eux à bord de l’Aurora pour un road trip aux quatre coins de la Russie. Et après toute une vie passée entre deux stations de métro et un centre commercial en ruine, personne ne s’est spécialement plaint de ce petit voyage improvisé. Et le joueur n’a pas à le faire non plus.

Un train toujours à l’Aurora

Metro Exodus ne reprend pas la même structure que ses prédécesseurs et abandonne la linéarité pour quelque chose de nettement plus ouvert. Pour autant, 4A Games n’a pas cédé aux sirènes de la mode qui vampirise le jeu vidéo depuis maintenant un bon gros paquet d’années et on ne retrouve pas avec une énième open world à boucler en plus de 50 heures avec une tonne de quêtes secondaire inintéressante. Non, Metro Exodus propose plutôt un savant mélange des deux mondes où l’Aurora sert de HUB avant de filer vers une nouvelle mission dans l’une des différentes régions de la Russie qu’on ait amené à visiter. On crapahute ainsi dans des niveaux semi ouverts et plus ou moins vastes où l’on évolue en totale liberté avec des missions principales, quelques missions secondaires et une faune et une flore tout aussi dangereuse qu’à Moscou malgré des radiations moins présentes et des paysages un poil plus cléments. S’il arrive qu’on nous force la main pour faire avancer le scénario, ce qui n’a finalement rien de choquant, le jeu offre suffisamment de souplesse et de possibilités de gameplay pour laisser libre court l’imagination des joueurs. En somme, en plus d’offrir un dépaysement radical tout au long de l’aventure, on passe de marécages poisseux de la Volga au désert ardant de la mer caspienne en passant par une ancienne base rongée par la rouille en à peine deux stations de train, Metro Exodus propose également un gameplay riche et varié qui n’hésite pas à piocher les bonnes idées chez la concurrence.

Pot-pourri

Mes premières heures de jeu avec Metro Exodus n’ont pas été des plus exaltantes. Après une introduction plutôt efficace, j’ai vite déchanté lorsque l’Aurora s’est arrêté dans la Volga. Entre la direction artistique austère, la lourdeur des contrôles et les munitions extrêmement rares, j’ai trouvé le jeu un peu trop familier avec moi. Et je vous parle pas des passages en barque pas loin d’être ignobles avec des contrôles horripilants et ces saletées de bestioles qui vous balancent de l’acide en pleine tronche sans vous donner la possibilité de répliquer efficacement. Fort heureusement, au fil de l’aventure, le gameplay se décante et on entrevoit rapidement la multitude de possibilités qui s’offrent à nous. Pour faire une comparaison un peu houleuse mais qui résume parfaitement mon ressenti, le gameplay de Metro Exodus est une espèce de mélange entre les anciens Metro, Rage ou encore Fallout. On peut foncer tête baisser en faisant parler la poudre mais au risque de rapidement se retrouver à sec ou alors jouer la carte de la discrétion, et pas infiltration, en attendant par exemple que la nuit tombe pour prendre à revers les autres factions humaines. De plus, le jeu joue très bien la carte de la variété avec des séquences sur de vastes étendues, en nous balançant une horde d’ennemis à repousser dans une série de couloirs étroits ou encore nous filer les chocottes dans l’obscurité d’une cave radioactive avec des monstres qui nous tombe dessus à la volée. Je ne vous cache pas que j’ai déjà eu de mes meilleures sensations manette en main avec un FPS, mais la force de Metro Exodus est clairement sa diversité. Sans compter ces petits passages très calmes à bord de l’Aurora où on discute avec les différents PNJ qui sont loin de n’être que des plots et pour lesquelles ont fini par s’attacher.

Full 4K Natif 60 OSEFPS

Jusqu’ici, vous devriez avoir compris que Metro Exodus est bon jeu, mais il est loin d’être parfait, il a même pas mal de petits défauts. À commencer par une lourdeur dans les contrôles et notamment dans les déplacements lorsqu’on ralentit subitement parce qu’on marche sur une pauvre flaque d’eau ou qu’on frôle de trop près un arbuste. C’est agaçant. Un peu comme l’interface qui est loin d’être un exemple d’ergonomie et qui nous demande de maintenir la touche carrée enfoncée pour la moindre interaction. Je pourrais aussi parler du système de crafting que je ne trouve pas très affuté ou du moins intéressant pour qu’on prenne vraiment plaisir à ramasser tout ce qu’on trouve par terre pour fabriquer des soins ou des munitions. Mais là où Metro Exodus m’a particulièrement déçu alors que j’en attendais énormément, c’est dans sa technique. Je sais, ça peut paraitre curieux de dire ça lorsqu’on voit les moult captures du jeu qui pullulent sur les réseaux sociaux, notamment chez les possesseurs de Xbox One X toujours très prompt à s’enorgueillir de la puissance de la bête, mais le jeu a tout de même quelques carences. Comme l’IA, incroyablement débile, avec des ennemis humains incapables de se mettre à couvert correctement et qui souffrent de surdité lorsqu’un de leurs camarades se fait tuer à moins de deux mètres ou encore ces pauvres bestioles qui parfois tournent en rond sans but au lieu de nous attaquer. Bon, je force un peu le trait pour le style, mais c’est loin d’être glorieux. Un peu comme le rendu graphique qui oscille entre les plans majestueux avec une gestion de la lumière impeccable et des textures parfois très grossières placardées à la va-vite au coin de certaines pièces. Selon le niveau et l’endroit, on se croirait même dans deux jeux différents tellement la différence est parfois frappante. Mais rassurez-vous, la baffe l’emporte et on passe beaucoup plus de temps à s’en prendre plein les yeux qu’à tiquer.

Bon

Après deux très bons épisodes dans les entrailles du métro moscovite, 4A Games a eu la très bonne idée de transposer sa franchise aux quatre coins de la grande Russie pour rafraîchir une formule qui aurait pu souffrir de l’épisode de trop. En fait, Metro Exodus a tout ce qu’il faut dans sa besace pour briguer la place du meilleur FPS de l’année : des personnages attachants, des environnements variés et un gameplay au diapason avec une multitude de possibilités de jeu. On regrette tout de même la lourdeur des contrôles, une DA inégale, l’IA aux fraises et une technique qui manque de régularité, mais qui propose tout de même de très belles choses.

Jeu testé sur PlayStation 4 à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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