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Test : Ni No Kuni 2: L’Avènement d’un Nouveau Royaume

Y’a des fois où l’on me regarde avec des gros yeux interrogateurs à la rédac, comme si je venais de sortir une bêtise plus grosse que moi. Prenez ce soir de décembre dernier. J’apprends l’énième report de Ni No Kuni 2 et j’explique à Stephane et Marc mon amour pour le génial premier volume sortit en 2013. Ca ne loupe pas, les deux me regardent avec leur air de merlan frit, enfin plutôt de morue frie pour le second (bisous Marc) et je dois me justifier en expliquant que oui, j’aime d’un amour profond les jRPGs à histoire, militant au passage pour qu’ils s’achètent le dernier chef-d’oeuvre de Sakaguchi, Blue Dragon, enfin bref… Tout ça pour dire que oui, j’attendais énormément Ni No Kuni 2: L’Avènement d’un Nouveau Royaume. Autant dire que j’ai pris mon temps pour finir le jeu avant de venir vous en parler, parce qu’il y a pas mal à dire sur ce titre qui s’est mangé deux reports successifs et qui surtout ne bénéficie plus du contrôle qualité à la Ghibli, le studio n’ayant pas pris part au projet. Alors que reste-t-il de l’esprit Ni No Kuni dans cette suite ? C’est ce que nous allons voir ensemble.

Tout d’abord on retrouve Akihiro Hino à la barre du projet et au scénario. Pas étonnant donc de voir l’aventure démarrer de la même manière que dans La Vengeance de la sorcière céleste : il est toujours question d’une téléportation soudaine d’un humain dans le monde de Ni No Kuni. En lieu et place du jeune Oliver qui venait de perdre sa mère en 2013, ici c’est Roland, président d’une superpuissance mondiale qui se retrouve propulsé dans le royaume de Carabas après avoir essuyé une attaque atomique sur Terre. A son arrivée, il fait connaissance avec Evan, jeune prétendant au trône suite au décès de son papa quelques jours auparavant. Tout ne va évidemment pas se passer normalement, les ratocrates prennent le pouvoir et le jeune mistigri se trouve obligé de fuir la cité avec son nouveau compagnon d’infortune. D’où le titre du jeu, L’Avènement d’un Nouveau Royaume. On passera donc le plus clair de son temps à établir les bases du nouvel empire d’Espérance sur le continent, faisant ami-ami avec tout le monde avant d’aller fédérer les autres pays autour d’un traité de paix.

Oui, Ni No Kuni n’a rien perdu de ses bons sentiments légendaires dans ce second volet. Il joue toujours la carte du mélodrame « japoniais » 100% pur jus à base de « je veux créer un royaume aux millions de sourires » et de grandes envolées du jeune roi qui chouinait 5 minutes avant devant une foule en délire. Certains trouvent ça parfaitement insupportable, j’avoue avoir un petit charme pour ces scénarios à la Ghibli qui font le job pour nous réchauffer le coeur par une sombre après-midi d’hiver. Alors certes, le pitch n’a pas la puissance émotionnelle du premier, on se contente ici de suivre les pérégrinations d’Evan dans une histoire peut-être déjà vue et au final qui se devine dès les premiers instants, mais qu’importe, on se régale. Le titre garde tout de même une petite part de mystère avec un grand méchant et une méta-histoire qui se dévoileront complètement sur le dernier tiers de l’aventure et des quêtes annexes surprenantes d’écriture, nous y reviendrons. Mais parlons d’abord des combats du jeu, car vous allez y passer la majorité de votre temps.

Ouf, on en a enfin fini avec les combats pénibles de l’original. Fini le pseudo-ATB, les wanabe-pokémon chiants et les heures passées à courir autour des ennemis en regardant nos collègues foncer tête baissée vers eux… Ni No Kuni 2 repart sur les bases de batailles au format action-RPG dans des zones semi-ouvertes, pour notre plus grand plaisir. On contrôle toujours le chef de notre équipe, les autres personnages étant pilotés par une IA bien plus maline que dans le premier titre. Chaque héros possède 3 slots d’armes à courte portée et un slot d’arme à distance qu’il peut interchanger grâce au menu d’équipement. En combat il use de l’une ou l’autre comme il le souhaite. Au fur et à mesure qu’il tape, des jauges se remplissent et une fois le 100% atteint, on peut déclencher l’un des 4 sorts équipés (dégâts localisés, attaque de zone, débuff, etc.). Les sensations d’impact sont excellentes, quel que soit le personnage joué et même si l’ensemble peut paraître bourrin, c’est clairement l’un des atouts de ce Ni No Kuni 2.

Pour parfaire ce système, les développeurs n’ont pas pu s’empêcher de rajouter des bestioles qui viendront nous donner un coup de main sur le champ de bataille. Les mousses, c’est leur petit nom, ressemblent à des pikmin et ont chacun un style différent : support, soigneur, sorcier, dps, etc. sont autant de classes qui peuvent les qualifier. De temps en temps, un cercle lumineux indique que tel ou tel groupe de mousses est prêt à déclencher son super-pouvoir, pouvant vous donner un petit bonus supplémentaire, bien que les combats ne soient pas spécialement difficiles. Oui, car à la différence du premier volet dont on se souvient encore pour sa courbe de progression violente (coucou les mondes de glace et le grinding obligatoire pendant des heures et des heures…), ici c’est un peu la promenade de santé continuelle. Seule l’approche de Mécarbor et du tout dernier niveau du jeu pourra donner du fil à retordre au joueur, le temps d’une petite demi-heure de grind avant de rattraper le niveau des monstres. Pour le reste, on se balade, on one-shot les boss en moins de 20 secondes en moyenne, easy game.

Même s’il ne nous rassasie pas par son défi, L’avènement d’un nouveau royaume multiplie les gameplays pour proposer au joueur un maximum d’activités annexes. Tout d’abord, le mode Royaume est un vrai hommage à la gestion du village dans Suikoden. Bien qu’il soit moins impactant sur l’aventure que dans son illustre ainé, ce gameplay demandera tout de même de faire gonfler la taille d’Espérance en construisant à gogo des bâtiments avant d’aller jouer les Stéphane Plaza de par le monde, rameutant chats, chiens, rats et robots dans le royale cité. Pour se faire, il faudra accomplir une tonne de quêtes bien souvent Fedex (fournir tel ou tel objet à un personnage, livrer un truc, parler à 12 gus et j’en passe) ou prendre part à des Opérations militaires. Cet autre mode de jeu bien plus anecdotique vous invite à gérer un groupe d’escouades sur une carte tactique et à participer à de véritables échauffourées contre des bataillons adverses de divers types. Ici c’est la loi du pierre-papier-ciseaux, telle unité étant plus forte qu’une autre et ainsi de suite.

Il faut donc jongler entre les unités disponibles en temps réel, ce n’est ni profond, ni réellement amusant. Ce n’est pas la seule activité un peu inutile, on peut aussi citer la chasse aux monstres à l’aura maléfique, des genres d’élites qui n’apportent rien de plus que la satisfaction d’avoir passé plus de 20 secondes sur un gros monstre… heureusement, Ni No Kuni 2 offre aussi de petites surprises comme les 9 labyrinthes imaginaires bien cachés dans des grottes aux quatre coins du monde et qui présentent le challenge le plus intéressant du jeu, mais je n’en dirais pas plus ! De même, les très nombreuses quêtes annexes sont souvent étonnamment bien écrites, mais elles nous font rapidement nous rendre compte de l’étroitesse du monde de cet opus. A part la petite dizaine de cités à arpenter, la carte est parcourue finalement en quelques enjambées et les proportions y sont étranges. On est loin du gigantisme de l’overworld du tout premier, ceux qui y ont joué le savent. On arrive tout doucement sur la partie artistique du jeu et là aussi, il y a du bon et du moins bon.

Il aurait été risqué pour eux de s’éloigner de l’esthétique iconique du studio d’animation de Hayao Miyazaki. Level-5 a donc tout naturellement fait du Ghibli-like en s’inspirant des croquis d’un transfuge du studio, Yoshiyuki Momose qui apporte sa contribution à l’édifice Ni No Kuni. Il en résulte un chara-design honnête, mais qui aurait pu être plus travaillé, certains personnages secondaires ayant des traits plus accentués que ceux du duo Evan-Roland. Il en va de même de la bande originale, toujours composée par Joe « maestro » Hisaishi. Il ne reproduit heureusement pas l’accident industriel lié au « battle theme » du premier jeu, certains morceaux sont d’une beauté rare comme Escape, Pirate Base ou Sadness. Mais a contrario, divers rythmes déstructurés, ceux de Gamblor en première ligne, résonnent étrangement dans nos oreilles. Dernier petit détail : saluons ici le travail sur la version PC du jeu impeccable en tout temps et qui propose même le HDR en options pour les chanceux équipés du matos qui va bien !

Bon

Un mode Royaume qui ne va pas au bout de son concept, des Opérations militaires inutiles, des quêtes Fedex à foison et une difficulté inexistante : prises individuellement, les briques qui composent la grande maison de Ni No Kuni 2 ne sont pas d'une exceptionnelle qualité et pourtant, la magie opère une nouvelle fois lorsque Level-5 assemble tout ça à grand renfort d'un système de combat en béton armé. En capitalisant sur le retour des fans du premier épisode, le studio japonais nous pond ici un jRPG doudou comme on les aime qui a su en effet revoir la formule de ses combats pour éviter les écueils. Entre petits drames et plâtrées de bons sentiments, pas de doute que l'histoire du jeu plaira elle aux frais quarantenaires biberonnés aux VHS Ghibli honteusement dupliquées avec le double-magnéto du voisin. Enfin, on dira ce qu'on veut, mais le père castor Hisaishi signe à nouveau une bande originale enchanteresse qui sublime l'ensemble. Donc oui, on regrette que les trop longs mois de développement aient eu hélas un impact un peu trop visible sur cette suite, mais Ni No Kuni 2: L'Avènement d'un Nouveau Royaume reste un titre solide qui se déguste comme un bon film d'animation.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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