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Test : Overload

Au milieu des années 90 alors que les joueurs PC s’extasient devant des FPS qui deviendraient bientôt des classiques : Doom, Heretic, Dark Forces, etc. un tout jeune studio tente une nouvelle approche. Sorti de nulle part en 1994, Descent, le premier FPS 6DOF pour « Six degrees of freedom » fut vu comme une petite révolution à une poque où les jeux de tirs se vivaient sur un simple plan horizontal. Il invitait lui le joueur à contrôler un petit vaisseau perdu dans d’immenses galeries creusées au coeur d’astéroïdes ou dans des bases stellaires, toujours en gravité zéro. Résultat, un gameplay 3D à 360° qui eut assez d’adeptes pour que Parallax n’emboite sur une suite avant qu’une partie du staff ne rejoigne Volition, avec le succès qu’on leur connait. Les créateurs du studio ont eu continué les suites à n’en plus finir et se sont un peu perdus en chemin. Bien des années plus tard, c’est avec le même grain de folies qu’ils financèrent une suite spirituelle au premier Descent sur Kickstarter. 2 ans plus tard, Overload est enfin en approche de l’orbite de Saturne et il est de nouveau temps d’aller dézinguer des robots.

Commençons ce test par un petit « disclaimer » des familles : Oui, si vous n’avez pas aimé Descent il y a 25 ans, il y a fort à parier que vous vous ennuierez rapidement devant Overload, bien que les développeurs aient tout fait pour réconcilier les vieux barbus du PC avec le 6DOF, nous allons y revenir. Mais expliquons d’abord le concept du jeu. Nous sommes au 22e siècle et après avoir pillé toutes les ressources de la Terre, l’humanité s’est envolée vers les étoiles pour en extraire ses richesses. La corporation Juno Offworld Automation s’est elle installée aux abords des lunes de Saturne et y a fondé une colonie, Cronus Frontier. Un beau jour de 2118, vous êtes réveillés partiellement amnésique de votre cryostase et êtes envoyé sur Ymir, l’une des lunes pour enquêter à propos d’un mystérieux signal de détresse envoyé par les administrateurs de la base. Hélas, vous allez vite comprendre que non seulement ils ont été tués, mais les robots automatisés ont pris le contrôle des opérations…

C’est dans ce contexte que le joueur évolue dans une campagne de 15 missions se déroulant sur les différentes lunes de la sixième planète du système solaire. Au fil de sa progression, il en apprendra plus sur la colonie, ses liens avec la megacorporation et le pourquoi du comment de la rébellion mécanique. Enfin ne nous éloignons pas trop du sujet principal, la baston, car c’est là le coeur du jeu. Confortablement installé dans un vaisseau de la taille d’un bathyscaphe, on devra s’enfoncer toujours plus loin dans les galeries de tunnels creusés par les robots sous la surface, y faire un ménage de printemps à grand coup de roquettes et lasers divers et ce faisant libérer des humains en cryostase ou accomplir divers objectifs (destruction de réacteur, récupération de données, etc.). En sa qualité de FPS 6DOF, le jeu fera tout pour vous perdre dans ses immenses réseaux sous-terrain. On ne passera donc pas mal de temps à se repérer à l’aide d’une carte qui se génère au fur et à mesure de l’avancée dans le niveau.

Les anciens joueurs de Descent seront sensibles au level design du jeu qui malgré tout est beaucoup plus clair qu’auparavant. Entre l’éclairage des parois, des zones bien délimitées et des tuyaux beaucoup plus fins qu’avant, il est nettement plus facile de s’y retrouver dans les dédales du jeu. Le gameplay fait également tout pour faciliter l’appréhension du jeu en redressant légèrement l’assiette du vaisseau de temps en temps, c’est un détail, mais il a son importance. Autre nouveauté bien venue, la possibilité de laisser des fusées éclairantes comme des marqueurs pour noter une zone dans laquelle on souhaiterait revenir plus tard ou éviter de revenir sur ses pas continuellement. Comme dans Descent et ses pairs, des clés d’accès seront nécessaires pour déverrouiller certaines portes, on passera donc un temps certain à fouiller l’environnement dans tous les sens pour les dénicher. Les niveaux regorgent aussi de passages secrets, de panneaux qui s’ouvrent à notre approche et dévoilent de précieux bonus d’amélioration.

Mais cette balade dans les profondeurs de gros cailloux spatiaux ne sera pas chose aisée, car les robots guettent et surgissent de partout ! Et Revival Productions n’a pas lésiné sur les moyens pour nous en faire baver. Chaque niveau introduit une nouvelle classe de saloperie mécanique qui n’aura qu’un but, détruire tout ce qui ne réfléchit pas de tête de lecture à la place du cerveau. Et entre ceux qui nous tirent dessus, les kamikazes Golems qui foncent tête baissée en criant d’horribles aberrations métalliques, les générateurs d’auto-ops qui créent en boucle des ennemis et les boss, on a pas le temps de s’ennuyer. Heureusement, l’arsenal à notre disposition est lui aussi conséquent : 15 armes différentes réparties entre canons à énergie, missiles et mines. Certaines sont plus énergivores que d’autres et il faudra faire attention à sa jauge qui peut descendre rapidement si l’on enchaîne les salves du dévastateur canon Reflex par exemple. Réminiscence du passé, Overload occulte l’auto-regen moderne au profit d’un modèle à l’ancienne : on récupère des orbes de santé sur les carcasses fumantes des robots et on sauvegarde régulièrement.

Car Overload est loin d’être facile. En difficulté normale, il sait piquer le joueur expérimenté dès le premier tiers de la campagne. Si la plupart du temps il suffit de reculer pour éviter les tirs ennemis, certaines situations de combat (boss, zones de confinement, salles exiguës) exigent de la dextérité pour en sortir en vie. On peut par chance compter sur une maniabilité exemplaire du vaisseau et après une petite heure à redécouvrir cette prise en main particulière, on se surprend à en redemander. Le strafe tant horizontal que vertical, zéro-g oblige, devient vite le meilleur ami du joueur et il faut se rendre à l’évidence : fondre sur ses proies la tête en bas en canardant à tout va est extrêmement jouissif ! Les plus récalcitrants bénéficieront d’aides supplémentaires pour bien démarrer : hologuide qui indique l’objectif, taquet de difficulté réglable, autovisée à la manette, améliorations des armes et armure, et j’en passe. D’ailleurs le menu d’options du jeu donne le tournis tellement il recèle de réglages de gameplay et optimisation graphiques. Justement la technique du jeu est impeccable.

Les éclairages sublimes y font pour beaucoup, mais on est également admiratifs devant chaque explosion d’ennemi qui rejette une tonne de particules et props dans l’environnement. La relative angularité des assets tient plus de l’hommage appuyé à Descent qu’à la pauvreté de modèles 3D au rabais, il n’y a qu’a comparer le bestiaire avec l’original pour voir que c’est plus un choix qu’autre chose. Les mélomanes nostalgiques seront eux ravis d’apprendre que les compositeurs des bandes originales de Descent 1 et 3 sont aux commandes de la musique d’Overload et font ici un bonheur pour les oreilles qui accompagne à merveille le cataclysme de tôle froissée à l’écran. On ne pouvait pas faire l’impasse du contenu additionnel à la campagne déjà longue d’une quinzaine d’heures. Chevaleresque jusque dans les détails, le jeu propose un mode multijoueur complet qui emploie même des mots interdits comme « mode LAN ». En plus de ses arènes taillées pour les rixes musclées, Overload refile en bonus un mode horde Défi qui mettra à rude épreuve vos nerfs et votre agilité dans des hubs foutrement bien architecturés qui donnent envie d’y revenir.

Bon Obligé !

En ne faisant aucune concession sur ce qui faisait l'essence même de Descent, Revival Productions a développé l'hommage parfait au 6DOF d'antan et donc un titre qui ne fera pas l'unanimité. Les fans adoreront son gameplay fluide qui met en avant le strafe à gogo et les séances de shoot précis dans des environnements exigus, les autres le trouveront répétitif et pas agréable à manier. Quoi qu'il en soit, Overload est un vrai tour de force technique, beau et tellement bouillonnant de contenu. Les Yankees ont même pensé aux nouveaux venus indécis, une démo du jeu étant disponible sur Steam. Vous n'avez donc aucune excuse pour l'essayer et plus si affinité. Le jeu a en tout cas conquis mon petit coeur de quadra élevé au bon grain et aux 640Ko de mémoire conventionnelle. Si comme moi vous avez connu le salvateur DOS/4GW qui permettait de s'affranchir de ces limitations et que vous avez bouffé les tunnels de Descent et ses suites pendant de longues nuits face à votre écran cathodique, n'attendez plus et foncez !

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par le développeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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