PlayStation 4

Test : PES 2018

La tentation est forte, mon introduction aurait été toute faite, mais je préfère vous épargner le sempiternel refrain du « retour du roi ». Voilà maintenant dix ans que FIFA domine les débats, et si l’écart ne cesse de s’amenuir année après année, la hiérarchie n’est pas encore prête de changer. Tout ce que vous avez à savoir, c’est que Konami a encore peaufiné sa formule pour un résultat des plus convaincants.

Ça ne se voit pas à l’écrit, ou alors vous êtes planqués quelque part dans le RER où j’écris ces lignes, mais je souris bêtement en repensant à mes parties sur PES 2018. Pourtant, malgré cette bonne humeur débordante, qui ferait passer les Teletubbies pour des pigistes de Gamekult, je vais commencer par vous parler des choses qui fâchent. Les tares que se traîne la série depuis bien trop longtemps maintenant et qu’il est de plus en plus compliqué à occulter. Pas la peine d’en dire plus pour deviner que je parle de l’absence d’une partie des licences officielles. Alors oui, c’est vraiment très sympa de se lancer dans une Ligue des Champions avec l’habillage et la petite musique d’avant match qui va avec ou de partir à la conquête de la coupe d’Asie, pour les plus exotiques d’entre nous (NDLR: coucou Ledko), mais ces compétitions font office d’arbre qui cache la forêt. La petite mèche de cheveu posée sur le côté pour cacher la misère. Parce que derrière tout ça, on continue de se coltiner des championnats à moitié complet où on passe du grand Liverpool à Man Blue ou Man Red d’une simple pression de touche. Après, si on peut se faire à l’idée de ne pas avoir les licences du Real Madrid ou de la Juventus, j’ose penser qu’aucun contrat n’obligeait les graphistes de Konami à nous refiler des maillots immondes tout droit sortis d’un tout à 10 balles. Heureusement, on peut toujours compter sur la communauté et un fichier libérateur arrivera tout ou tard pour remettre tout ça d’équerre. Aussi, en plus de l’absence des licences, et à l’heure où nous avons joué au jeu, c’est-à-dire toute la semaine avant la date de sortie de ce dernier, les effectifs n’étaient toujours pas à jour suite au mercato de cet été. Et autant vous dire que ça fait sacrément tache de voir Neymar sur l’écran titre du jeu et la cinématique d’introduction sous les couleurs Blaugrana. Quand bien même le transfert a été fait sur le tard.

Tant qu’à être sur les complaintes, autant continuer sur ce qui entrainera le plus d’aigreurs d’estomac chez les joueurs : les commentaires. Je n’ai rien de spécial contre Gregoire Margotton, et encore moins contre Darren Tullet que je trouve habituellement délicieux sur les plateaux de télévision, mais le résultat est ici catastrophique. Ce n’était déjà pas spécialement bon par le passé, mais je l’impression que c’est encore pire cette année. Ils entament les rencontres presque toujours de la même façon, sans parler des anecdotes qui ressortent tous les trois matchs. De quoi donner des envies de meurtre quand on réécoute pour la dixième fois l’histoire de la tortue romaine lors d’une seule après-midi de jeu. Et puis au-delà de ça, le ton de la voix est rarement en accord avec les situations et les remarques bien trop souvent à côté de la plaque. Oui Darren, quand un attaquant est seul devant les buts et qu’il frappe, c’est qu’il a essayé de marquer. Merci pour cette si brillante analyse. Fort heureusement, il est toujours possible de les couper et même de changer leur langue en faisait un petit tour dans les options principales. Sans être renversant, les commentaires en Portugais, Espagnols et Anglais sont plutôt corrects et apportent cette petite touche festive qui sied à merveille aux jeux de foot.

Après les licences, la mise à jour des effectifs et les commentaires, parlons un peu du contenu, l’autre pan de PES qui tend à s’étouffer dans la naphtaline. Comme je vous le disais un peu plus haut, on retrouve les différentes coupes internationales, mais le plus gros du bifteck reste la Ligue des Masters, le mode myClub ainsi que Vers une Légende. Malgré un effort certain d’apporter des modifications, ajustements et d’enrichir la formule ici et là, le tout reste encore très fade face à l’offre de la concurrence. De quoi chopper le cafard en faisant un tour dans le mode entrainement qui souffre d’une apathie sévère ou en prêtant un peu trop attention à l’interface toujours aussi austère. Si le menu principal est loin d’être ragoutant, le constat n’est pas le même dès qu’on fouille un peu plus en profondeur. Le menu de la Ligue des Masters est un exemple de ce qu’il ne faut pas faire en ergonomie, avec une gestion des transferts pas loin d’être calamiteuse ou encore la partie plan de jeu bien capable de filer la migraine. Du côté des nouveautés, on note le retour des matchs aléatoires, où la composition des équipes est faite selon certains critères, ainsi qu’un mode coopératif. Si ce n’est pas très drôle tout seul, on peut y jouer à trois aussi bien en ligne qu’en local et chacun des joueurs est noté en temps réel selon leur performance. De quoi bien alimenter la machine à chambrage entre potes. Des nouveautés qu’on peut qualifier d’assez légères, mais on peut se consoler sur le fait que Konami n’a pas chômé concernant le cœur du jeu qui connait quelques changements par rapport à l’année dernière.

Malgré le fait qu’Usain Bolt ait rejoint le casting des joueurs stars, et on se demande sincèrement pourquoi, la vitesse de jeu a été revue à la baisse. Comme toujours, il est possible de l’accélérer via les options, mais dans sa configuration de base, le jeu opte pour un rythme plus posé. Aussi, l’inertie des joueurs a été accentuée et on sent dès les premières minutes de jeu la volonté de Konami à revenir aux fondamentaux de la simulation. Les joueurs sont plus lourds et ne réagissent pas aussi rapidement qu’avant lorsqu’il s’agit de changer de direction ou de se relever après un tacle glissé. Des changements loin d’être anodins qui imposent aux joueurs d’utiliser un style de jeu un peu moins direct. De plus, la palette d’animation des joueurs semble avoir été retravaillée de fond en comble avec des mouvements parfois incroyablement réalistes. Comme l’attaquant qui jette un coup d’œil très rapide derrière lui avant de recevoir le ballon ou encore le gardien qui gesticule pour se relever le plus rapidement possible après un arrêt réflexe. Mais avec son lot de nouvelles animations, qui induisent des mouvements plus décomposés, le jeu perd en immédiateté, même s’il reste très réactif manette en main. Par exemple, ne cherchez pas à frapper instantanément au but si le ballon est à deux ou trois mètres devant. Il en va de même pour une passe après un contrôle de la cuisse sur une longue transversale. Le temps que le joueur se mette correctement sur ses appuis et arme son geste, il se passe quelques millièmes de secondes de plus que sur PES 2017. De quoi donner une étrange impression de latence dans les contrôles lors des premiers matchs. Une simple impression puisqu’une fois passé un certain temps d’adaptation, deux ou trois parties tout au plus, le plaisir s’installe et on enquille les matchs s’en voir le temps défiler.

La simulation prenant encore un peu plus le pas sur l’arcade, certaines actions ont un peu plus de mal à passer ici. Sauf avec quelques joueurs aux statistiques complétement craquées, on vous épargne la liste, il est vraiment très difficile, pour ne pas dire presque impossible, de dribler plusieurs défenseurs les uns derrière les autres pour se retrouver seul face au gardien. Même lancé le long de sa ligne, un latéral va avoir du mal à se retrouver en position de centrer sans avoir la pression d’un ou deux défenseur derrière lui. Le jeu nous impose donc de privilégier la construction, faire des dédoublements, revenir en arrière utiliser toute la largeur du terrain pour avoir bien plus de chances de marquer. Concernant l’I.A., si elle est globalement de bonne facture, on note toujours cette même fébrilité des attaquants à demander le ballon dans la profondeur. Même en jouant sur les paramètres avec les curseurs à fond, il faut trop souvent temporiser avant de voir un coéquipier s’enfoncer dans une brèche tête la première. Ce qui rend les phases offensives moins fluides de ce qu’elles pourraient être. En ce qui concerne l’adversaire, la défense est suffisamment appliquée pour nous obliger à varier notre style de jeu sans avoir à s’enfermer dans un schéma stéréotypé. Les rencontres gagnent en naturel et en diversité. Quant aux gardiens, s’il y a moyen de les tromper avec une belle frappe enroulée ou la réception d’un centre au premier poteau, ils sont agréablement efficaces sur leur ligne. On a même souvent le droit à des arrêts réflexes spectaculaires sur des frappes ou têtes qu’on voyait finir au fond des filer. Une efficacité qui pose une certaine tension lors d’un face à face avec le gardien dont la finalité est maintenant beaucoup plus incertaine. Et ça, c’est franchement agréable.

Avec son tempo de jeu revu à la baisse, la remise au gout du jour de l’I.A. des gardiens, l’inertie plus prononcée des joueurs et surtout l’équilibre global du gameplay, PES 2018 offre des rencontres avec un cachet vraiment réaliste et particulièrement efficace manette en main. Un style qui plaira aux amoureux de la simulation, mais qui filera quelques crampes d’estomac aux adeptes de l’arcade qui aiment percer les défenses avec un tank avant de faire vibrer les filets. S’il est encore parfois possible de le faire, avec le bon joueur et surtout la dose de talent nécessaire, la construction de jeu reste indispensable pour marquer des buts. Pour parler un peu de la défense, s’il n’y a rien de particulier à dire dessus, on note tout de même l’arrivée d’un second curseur translucide qui indique quel est le prochain joueur qui sera actif. Un ajout malin qui permet d’anticiper et d’être bien plus efficace pour chopper le ballon. Pour terminer, un petit mot sur la réalisation graphique du titre plus étincelante que jamais. Le jeu tourne une fois de plus sur le Fox Engine qui semble enfin maitrisé par les développeurs de la licence, surtout du côté de la modélisation où les joueurs sont reconnaissables d’un simple coup d’œil et même bluffant de réalisme pour les joueurs les plus connus et sous contrat avec Konami. De quoi regretter l’animation faciale un peu bâclée qui donne un côté robotique lors des célébrations de but. Aussi, le jeu pêche un peu du côté de la finition, et si on note bien quelques efforts pour renforcer l’ambiance des matchs, allant des chants de supporteurs aux stadiers qui célèbrent un but de l’équipe à domicile, on reste encore loin de ce que sait faire la concurrence dans le domaine. Et s’il n’y a vraiment rien à dire sur la partie technique, le jeu est vraiment joli en plus d’être stable et fluide, cependant la colorimétrie est trop vive et donne un côté « jouet » à l’ensemble. Ce qui tranche avec tout le travail qui a été fait sur les animations. Tout n’est qu’une question d’équilibre, mais Konami semble bien partie pour rendre sa formule plus séduisante d’année en année.

Bon

Si PES 2018 n’en a pas suffisamment sous le pied pour reprendre la place de leader à l’ogre FIFA, ça n’en reste pas moins un excellent jeu de foot qui plaira aussi bien aux fans de la licence qu’aux aficionados de simulation. En modelant la vitesse de jeu, la physique et la palette d’animation des joueurs, Konami est parvenu à une formule agréablement équilibrée et surtout plaisante à jouer. Malheureusement, le jeu se coltine les mêmes problèmes que ses ainées avec des commentaires indigestes, des licences incomplètes, des modes de jeu vieillots et une interface qui mériterait bien plus qu’un simple ravalement de façade. Des défauts qui expliquent en partie l’écart avec la concurrence, mais qui ne vous empêcheront pas de poncer le jeu jusqu’à l’année prochaine si jamais vous choisissez PES cet automne.

Jeu testé sur PlayStation 4 à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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