PlayStation 4

Test : PES 2019

Alors qu’on pensait le voir montrer le bout de son nez vers la mi-septembre comme le veut la tradition, Konami a décidé d’enfiler les crampons un petit peu plus tôt cette année puisque PES 2019 est disponible depuis le 30 août dernier sur PC, PlayStation 4 et Xbox One. Si certains y verront là une vaine tentative d’exister face au rouleau compresseur FIFA, ce qui n’est pas fondamentalement faux, chez Console-toi on préfère y voir une opportunité pour la simulation de Konami de conquérir ou reconquérir le cœur des joueurs. D’autant plus que, comme l’année dernière et celle d’avant déjà, PES 2019 est loin d’être un mauvais jeu. Mais vraiment pas.

Longue vie aux rois
Il y a une dizaine d’années, presque tous les tests, critiques ou simples avis sur le nouveau PES contenaient le même intertitre interrogatif : Le retour du roi ? Si à l’époque la question méritait d’être posée puisque FIFA venait tout juste de chiper le trône pour y poser ses fesses, elle n’a plus vraiment lieu d’exister aujourd’hui. Pourquoi ? Parce qu’on n’a plus un, mais deux rois qui se partagent maintenant un vaste royaume avec un certain nombre de sujets de chaque côté. Et s’il est encore possible de trouver, dans le fin fond d’un forum obscur, dans les mentions d’un tweet promotionnel ou sur les strapontins d’un métro en pleine heure de pointe, un joueur avec la bave aux lèvres qui essayent de vous expliquer que son jeu est le meilleur et que l’autre mérite de finir à la benne, tout le monde a de quoi être aux anges. D’un côté on a FIFA avec son gameplay rodé et ses licences, et de l’autre on a PES avec son moteur rutilant et sa philosophie de jeu. En clair, lorsqu’on prend la peine ou le temps de mettre les choses un peu à plat au lieu de s’envoyer des scuds dans la tronche, les fans et amateurs de jeux de foot ont tout de même l’immense chance d’avoir à disposition deux jeux d’excellentes factures. Et c’est assez rare pour être souligné.

La chatte à DD
De la même manière que Didier Deschamps qui n’a rien bouleversé de sa vision du football pour aller décrocher le titre suprême de champion du monde cet été, PES 2019 n’a presque rien changé cette année. On est ici dans l’affinage, le réglage et l’ajout de quelques subtilités ici et là pour améliorer un gameplay qui a déjà largement montré ses preuves l’année dernière. Bien que le terme de simulation est encore une fois galvaudé, PES 2019 est sans conteste ce qui s’en rapproche le plus avec un rythme de jeu « réaliste » et où tout s’appuie sur la possession et la construction. Et ce de la première relance du gardien jusqu’au caviar soigneusement déposé sur la tête de l’attaquant. S’il y a toujours de quoi tenter et réussir quelques petites incursions en solitaire avec un peu de réussite et beaucoup de talent, faire dérouler le cuir entre ses joueurs est primordial pour aller planter un but. Avec l’inertie des joueurs un peu plus prononcée et un pressing adverse toujours plus agressif, jouer dans la profondeur devient un poil plus compliqué et c’est par la verticalité, le jeu en une touche de balle ou les changements d’ailes que les meilleures occasions se présentent. Les amateurs du style à la Barcelonaise en auront clairement pour leur argent car entre le placement intelligent des joueurs, les espaces ou encore les courses, faire circuler le ballon est grisant mais aussi très gratifiant. De fait, un joueur trop habitué à la formule FIFA pourrait avoir quelques soucis au démarrage, mais un amoureux du football prendra très rapidement ses marques en plus de prendre un pied phénoménal à construire et dérouler son jeu. Un plaisir qu’on ne retrouve pas forcément autant dès qu’on se retrouve face au but.

Le petit coup de rein en moins
Je vais très certainement me répéter, mais PES 2019 est un jeu qui transpire le football et qui propose une construction de jeu parfois orgasmique. Ce qui n’est pas forcément le cas dès qu’il s’agit de mettre la balle au fond des filets. Parce qu’entre le tempo du match et les particularités du gameplay qui font qu’on prend autant de plaisir à faire circuler le ballon, le jeu manque de mordant et d’instantanéité dans les petits espaces et de surcroît dans les derniers mètres. Certes, on trouvera toujours des joueurs talentueux pour casser quelques reins dans la surface de réparation avant de mettre une petite balle piquée dans le petit filet, mais le jeu n’offre pas assez de souplesse pour qu’on puisse jouer les MBappé en herbe à l’entrée des 16,50 mètres de façon naturelle. La faute aussi à des scripts de courses un peu trop redondants chez nos coéquipiers qui nous encouragent à jouer majoritairement sur les ailes et à réutiliser les mêmes schémas d’attaque. Un « problème » qui est sans doute accentué par la défense de fer de ce nouvel épisode. Si FIFA offre plus de possibilités dans la gestion de la défense, PES 2019 propose un système plus simple et plus efficace qui nous empêche de prendre des valises à cause d’un mauvais timing dans son tâcle. Mais si la précision du pressing automatique peut donner l’impression de défendre plus facilement, on peut vite boire la tasse si on positionne mal ses hommes. De quoi se retrouver dépassé, prendre un but stupide ou relancer bêtement dans l’axe pour se retrouver en danger deux secondes plus tard. Le genre de chose qu’on a tendance à contrôler lors des matchs contre l’I.A., mais qui fait mal à l’amour-propre dès qu’on passe en ligne.

C’est pas la taille qui compte
Qu’elle soit dans la tourmente ou sous les projecteurs, la simulation de foot de Konami a toujours eu le même souci : l’éternelle absence de licences. Et c’est une nouvelle fois le cas cette année. Pire encore, PES 2019 s’est fait chiper la Ligue des Champions et l’Europa League par la concurrence. Ça n’empêche pas ces compétitions d’être toujours présentes dans la Ligue des Masters, mais sous un autre nom, sans les étoiles et sans cette douce mélodie d’avant match qui me file toujours autant de frissons. Mais comme le dit l’adage, une de perdue, dix de retrouvées. En perdant les compétitions européennes, PES 2019 a mis la main sur neuf nouveaux championnats (Turque, Portugais, Belge, Argentin, etc.) et s’est même garanti l’exclusivité du championnat Russe! De plus, le FC Schalke 04 devient l’un des nouveaux clubs partenaires et il sera possible de jouer dans le flamboyant stade du Palmeiras. Mais bon, aujourd’hui comme hier, l’absence de licences n’est qu’un faux problème. Si ça sera toujours irritant pour un fan de Chelsea de débuter sa saison avec le London FC et leur vilain maillot bleu, le jeu n’en sera pas moins bon pour autant et il est toujours possible d’utiliser un patch sur PC et PlayStation 4 pour remettre les équipes et les compétitions d’équerre. Par contre, là où PES 2019 manque un peu de verve et d’originalité, c’est dans les modes de jeu proposés. On note quelques efforts apportés à MyClub ou la Ligue des Masters pour les rendre toujours plus attractifs et complets, mais le jeu manque de diversité et reste bien en deçà de ce que propose la concurrence. On jettera aussi un voile pudique sur l’interface incroyablement austère qui, si elle a le mérite d’être fonctionnelle, donne l’impression de se promener dans la zone industrielle de Caen un dimanche matin pluvieux. Sans parler du système d’acceptation des licences avec ses abominables cases à cocher qui donnent des aigreurs d’estomac à chaque fois qu’on nous les impose. Mais bon, ça se saurait si on jugeait un jeu de foot pour ce genre de détails.

Quelle belle bête
Après un départ qu’on pourrait presque qualifier de houleux avec le Fox Engine, les équipes de Konami ont fini par maîtriser la bête et PES 2019 est tout ce qu’il y a de plus étincelant. Que ce soit dans la modélisation des joueurs, la fluidité des animations ou dans la précision des contacts. Ce qui ne m’empêche d’avoir le droit à quelques petits couacs qu’on peut admirer avec sourire lors des ralentis ou encore des angles de frappe parfois improbable. Mais pour en revenir au rendu, même si c’est évidemment très subjectif, il est de toute beauté. La modélisation de nos amis les stars du ballon rond est bluffante et l’entrée des équipes sur la pelouse met un joli taquet à la concurrence en matière de réalisme. Par contre, les couleurs sont trop vives et donnent à l’ensemble un côté jouet pas très naturel. Ça reste léger, mais c’est suffisamment marqué pour « gâcher » la qualité des modélisations et la finesse des textures. Avec une meilleure gestion de la lumière et un petit travail sur le contraste, ça friserait presque le photo-réalisme. Quant à l’ambiance, si on est loin de ce que peut proposer FIFA, ça fait tout de même son petit effet lorsqu’on entend la foule se mettre à hurler après un petit but salvateur à la 92ème. De quoi nous faire oublier le duo Margotton/ Tulett qui sont une fois de plus au ras des pâquerettes aux commentaires. Un petit conseil, n’hésitez pas à les couper si vous ne souhaitez pas écouter une fois de plus la blague sur la formation tortue. Personnellement, je n’ai plus la force.

Bon

Pourquoi faire la guerre quand il suffit de se baisser pour ramasser une rose et respirer son doux parfum ? Oui, cette phrase n’a aucun sens, mais je trouve qu’elle colle assez bien avec le fait qu’on ne vous dira pas si PES 2019 est meilleure que FIFA 19 ou inversement. D’une, nous n’avons pas encore joué à FIFA 19, et de deux, ça n’a aucune forme d’importance. Ce que vous devez savoir, c’est que malgré un manque de souplesse et de spontanéité en attaque, des modes de jeux qui manquent de folie et l’absence de certaines licences, PES 2019 n’en reste pas moins meilleur que celui de l’année dernière. Konami a maintenant trouvé la bonne formule pour son jeu et y a ajouté ce qu’il faut ici et là pour un maximum de plaisir manette en main. PES 2019 est un jeu qui pue le foot et c’est un véritable petit délice de faire circuler le ballon avant de trouver la faille pour crucifier son adversaire. Que vous soyez un joueur de FIFA ou non, ou tout simplement un grand amateur de football, PES 2019 est à essayer de toute urgence... de plus aucune excuse puisqu'une démot est disponible si besoin.

Jeu testé sur PlayStation 4 à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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