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Test : Redout

A l’heure où vous lirez ces lignes, vous aurez vous aussi constaté avec horreur qu’il n’y aura pas de nouvel épisode de F-Zero au lancement de la Nintendo Switch. Le fan a de quoi avoir les boules surtout que ce n’est pas faute de crier haut et fort notre amour pour le jeu de course à haute vitesse. Nintendo s’en amuse et taquine même les joueurs avec son mini-jeu F-Zero dans Nintendoland… Qu’à cela ne tienne, les développeurs indépendants amoureux des compteurs de vitesse à 4 chiffres se retroussent les manches et sortent les uns après les autres des titres qui mélangent les plaisirs d’antan, entre Wipeout, F-Zero et Rollcage. L’allemand Shin’en a ouvert le bal avec son Fast Racing Neo sur Wii U et d’autres lui emboitent déjà le pas sur PC et consoles. De son côté, Redout a déjà marqué des points sur PC. S’inspirant de Wipeout, mais aussi dans une certaine mesure de F-Zero, il va aussi s’inviter sur Switch dans le courant de l’année. Nous avons donc sauté sur l’occasion pour vous en parler.

« Courrez plus rapidement que jamais » : le jeu des Italiens de 34 Big Things met en avant le gameplay avant tout et il nous le fait savoir dès son écran d’introduction. Il ne s’embarrasse pas d’une campagne scénarisée ou tout autre artifice qui pourrait faire dévier le joueur de son objectif premier : la course, à fond la caisse. A la manière d’un Wipeout, il nous propose d’embarquer dans un véhicule futuriste flottant au-dessus de la piste capable d’atteindre des vitesses folles dans des environnements qui mettront à rude épreuve nos réflexes et nos capacités à apprendre un circuit par coeur. Oui, car comme son aîné, il ne nous laisse que peu de marge de manoeuvre, les bordures du circuit venant immédiatement ralentir votre hoverboard. Vos adversaires ne vous feront eux pas de cadeau et profiteront de toutes vos imprécisions pour vous doubler et prendre en avance non négligeable sur vous. Apprendre à jouer à Redout c’est donc apprendre à faire et refaire le même circuit en boucle jusqu’à en connaître le moindre cm².

Mais je vous parlais de F-Zero en introduction et pour cause : chaque véhicule a une barre d’énergie qui sera érodée lorsque vous aurez le malheur de frotter de trop près les bordures ou le sol lors des loopings. Jouez trop longtemps les casse-cou et vous finirez par faire exploser votre vaisseau, vous faisant perdre de précieuses secondes au classement. Seule solution pour regagner de l’énergie, jouer calmement sans prendre de risque et sans percuter qui ou quoi que ce soit. Enfin dernier twiste de gameplay : la capacité de glisser légèrement à l’aide du stick droit pour prendre des virages à la corde. Ajoutez à cela des bonus comme un bouclier, un perturbateur de vision ennemie ou des drones de réparation et vous aurez tous les ingrédients réunis pour obtenir un modèle de course intéressant. Il faut maintenant parler des tracés pour mieux comprendre ce qui va et ne va pas avec Redout. Dévoilées via une campagne qui débloque au fur et à mesure tout le contenu du jeu, ce sont 25 circuits sur 5 environnements différents et rafraichissants qui vous seront accessibles, il y a de quoi avoir le tournis.

En fait, Redout joue la carte de la réutilisation à outrance de son contenu et des 7 modes de jeu qu’il propose : des grands classiques allant de la course simple au mode élimination du dernier à chaque tour en passant par un match à mort dans lequel la barre d’énergie ne remonte pas, etc. le tout en normal ou en variante « Pur », traduisez sans utiliser de bonus ou d’amélioration du véhicule. Ainsi pour finir la très longue campagne du jeu, il faudra se taper plus de 75 épreuves différentes ! Seul privilège du joueur patient, les épreuves uniques à chaque changement d’environnement qui nous font parcourir tous les circuits du monde précédent mis bout à bout, soit des tours de plus de 5 minutes qui peuvent mettre les nerfs à rude épreuve, mais qui sont aussi et surtout une véritable récompense. Tout ça pour en revenir à la structure des tracés qui sont de deux types. D’un côté, les circuits de vitesse pure aux lignes élégantes et fluides, taillés pour battre des records au tour et vraiment agréables à traverser.

De l’autre, des épreuves, et le mot est faible, dans lesquelles le joueur enchaîne virages serrés, chicanes, sauts et loopings les uns derrière les autres sans vraiment trop comprendre ce qui lui arrive. Ces tracés manquent cruellement de lisibilité et le par coeur est hélas nécessaire pour s’en sortir indemne à la fin du premier tour. Ceux-ci sont à mon sens incompatibles avec la vision globale de Redout, car ils obligent le joueur à freiner et perdre beaucoup trop de vitesse pour éviter de perdre de l’énergie. Agacés, on en vient même à se prendre sciemment les murs pour pouvoir repartir plus rapidement et espérer terminer dans le trio de tête… Comme s’ils étaient conscients de la frustration que cette catégorie de parcours provoque, les développeurs ont pris le parti de laisser le joueur avancer dans la campagne même s’il ne termine pas premier sur chaque épreuve. Cette rustine comble en partie ces défauts, mais laisse tout de même un arrière-gout de déception dans la bouche.

Alors certes, le joueur peut choisir une écurie et des véhicules aux capacités plus orientées vitesse, accélération, accroche lors des virages ou récupérations d’énergie, il peut aussi augmenter les statistiques de son véhicule entre les courses et lui ajouter des perks boostant ses caractéristiques de base à l’aide de l’argent gagné. Mais les véhicules sont trop tranchés, jamais vraiment équilibrés, nous demandant de combler leurs failles et gagner d’un côté pour se retrouve toujours défavorisé de l’autre, face à une IA qui ne fait pas de pitié et qui sait, elle, rétrograder pour prendre un virage parfait alors qu’on a tout le mal du monde à le faire, pauvres humains que nous sommes. C’est le gros point noir du jeu qui a tendance à revenir vous faire pester régulièrement tout au long de la campagne. De même, la glissade semblait être une bonne idée. Manette en main et sur les circuits orientés vitesse, elle est vraiment complémentaire à notre conduite et on l’utilise à bon escient.

Par contre dès que le jeu nous agresse avec ses trajectoires chaotiques, ce gameplay devient parfaitement inutile et on préfère ralentir ou se prendre un mur plutôt que d’essayer de jouer tout en finesse en rasant les murs tout en glissant. Et c’est dommage, car à côté, Redout fait un sans faute du point de vue de la technique, Unreal Engine 4 et effets en veux-tu en voilà oblige. Il offre en plus de sa campagne des options de customisation de la course rapide au mode multijoueur complet. Sa direction artistique futuristico-minimaliste fonctionne bien et permet aux développeurs toutes les excentricités visuelles, mais elle ne restera pas dans les annales, la faute principalement à des détails qu’on n’a pas le temps d’observer lorsqu’on glisse à toute berzingue suivi par une horde d’adversaires. Tout comme sa bande originale qui singe plus la techno boom-boom qu’elle ne rend hommage à la musique électronique si iconique des premiers Wipeout.

Moyen

Redout s'est payé un chouette modèle de conduite pour des situations de courses qui peuvent le plus souvent être grisantes lorsque ses tracés sont pensés intelligemment pour la vitesse, et rien d'autre. Lorsqu'il se contente de cela, ce jeu vous procure des réelles sensations de vitesse et de maîtrise du véhicule, notamment grâce à son gameplay de glissade qui est un réel plus. En outre, il offre un contenu assez conséquent et personnalisable à souhait. Le titre a hélas la fâcheuse tendance à reprendre ce qu'il nous offre lorsqu'il se prend pour un fourre-tout excentrique pas raccord avec sa proposition initiale, la faute à un trop grand nombre de circuits aux virages serrés illisibles et punitifs pour un joueur pas forcément préparé à tant de violence. A conseiller donc à ceux qui aiment faire et refaire dix fois, vingt fois, jusqu'au par coeur le même circuit pour tirer une satisfaction d'arriver en vie à la fin du niveau.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par le développeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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