PlayStation 4

Test : Rugby 18

Bigben Interactive continue d’exploiter sa licence rugby, après un épisode confié aux équipes de HB studios. Pour cette édition 2018, le ballon a été passé à Eko Software, responsable du très moyen Handball 17. Les fans de l’ovalie étant rarement servis en termes de jeux vidéo et très souvent déçus une fois la manette en main, que peuvent-ils attendre de ce Rugby 18 ? Voyons cela ensemble.

On le sait depuis plusieurs années, les jeux de rugby souffrent de la comparaison en termes de graphismes avec leurs homologues du ballon rond. Qu’on se le dise, on est très loin d’un FIFA, mais le niveau global reste acceptable. On reconnait les joueurs emblématiques du Top 14 sans trop d’efforts et généralement cet aspect tient la route sans que cela soit transcendant. L’interface est quant à elle relativement pauvre mais bon, comme dirait l’autre, ça passe. Le véritable problème de ce titre réside dans son gameplay. On ne va pas faire durer le suspense inutilement, ce dernier s’avère d’une pauvreté abyssale, à commencer par son système de ruck. Reprenant le principe propre à tous les jeux de rugby, il s’agit juste ici de ramener plus de joueurs dans le ruck que son adversaire. Les joueurs rappliquent un par un avec la vivacité d’une moule et il n’est pas rare d’en voir certains bugger. De plus, les règles du rugby sont totalement éclipsées durant cette phase de jeu, car pas d’application de la règle plaqueur / plaqué, du hors jeu ou de l’obligation de rentrer par l’arrière du ruck. Etant donné que vous aurez à vous infliger cette séquence de jeu jusqu’à 15 fois par match, vous avez intérêt à prendre votre mal en patience. Ici pas de stratégie, uniquement du martèlement de touche, mélangé à de la chance pour que vos joueurs répondent au doigt et à l’œil.

Mais la torture continue, car une fois que vous aurez pris le contrôle du ballon, il faut être en mesure de progresser… notamment via des passes et là encore, c’est raté. On en revient au système de boutons de tranche de votre manette pour passe gauche & droite, ainsi que passe croisée en appuyant sur les 2 à la suite, ou passe en arrière avec ces mêmes boutons de tranche. Le problème ici réside dans le placement des joueurs, généralement tous sur le grand coté, à deux mètres des adversaires, sans possibilité d’ajuster leurs placements. De plus, les passes s’avèrent hasardeuses (quand ce ne sont pas les joueurs qui ratent des passes immanquables). Le système de jeu fait que vous serez plaqué dès la réception du ballon et ainsi dans l’incapacité de progresser de manière efficace via des passes suite à un ruck. On ne retrouve pas le plaisir d’enchainer les passes comme dans un jeu Jonah Lomu et cela devient extrêmement frustrant à la longue, d’autant plus que même les passes longues manquent de tonus. Il n’est pas possible, par exemple, de faire une passe longue sautée à un joueur posté à 10 mètres du meneur de jeu.

Le rugby a cette particularité de permettre un éventail d’actions pour progresser vers l’en-but et l’une d’entre-elles réside dans le jeu au pied. Après maintes parties offline & online, je peux assurer que c’est ce qui vous permettra de progresser le plus facilement, puisque les autres compartiments du jeu ont vu leurs retranscriptions à l’écran être complètement « destronchées ». Mais là encore, on s’aperçoit qu’Eko Studio fournit le service minimum. Là où le jeu Jonah Lomu Rugby Challenge 3 permettait d’avoir un slow motion durant les phases au pied, ce qui laissait la possibilité d’ajuster plus précisément ses tirs et de renouveler le gameplay, rugby 18 utilise un système archaïque et moins efficace. Sortir un drop relève de la performance et les phases au pied sont vite répétitives et ennuyeuses. Il est, par exemple, impossible d’ajuster son tir convenablement une fois la frappe amorcée et cela vaut aussi pour les pénalités. Une fois la direction choisie, vous ne pourrez que donner de l’effet (bienvenue dans les années 90).

En ce qui concerne les phases de jeu arrêté (mêlées, touches) on atteint des sommets en termes d’ergonomie archaïque. Les premières phases consistent à enchainer des QTE à certains moments pour préparer l’entrée en mêlée, puis suivre le mouvement d’un curseur. Le joueur réussissant le mieux obtiendra le ballon. Autant dire que même un bon copier/coller d’un autre système de jeu aurait fait mieux. Pour les touches, vous devrez choisir le nombre de joueurs dans l’alignement (3, 5 ou 7) et choisir à quel niveau vous passerez le ballon. Il ne vous restera plus qu’à choisir si vous voulez passer ou garder le ballon et espérer que votre adversaire n’ait pas sélectionné le bon joueur et ne vous ait pas battu niveau timing. Cela pourrait passer si le rythme de ces phases n’était pas complément haché par des animations intitules, entrecoupé du logo Rugby 18 en guise de transition (croyez-moi, après 15 fois par match, vous détesterez cet écran).

Comme si tout cela ne suffisait pas, l’animation des joueurs est à la limite du ridicule lors de certaines phases. Les courses ne m’ont pas convaincu, sans parler de la maniabilité complètement arcade pour le coup. En règle générale, l’équilibre attaque / défense donne plutôt l’avantage à la défense, car le rythme est assez lent. Le manque de vitesse est assez frappant, même chez les meilleurs arrières du Top 14. Il est rare de pouvoir prendre un avant de vitesse, d’autant plus que le système d’endurance forcera votre joueur à ralentir considérablement après 20 mètres. Du coup, oubliez tout de suite les essais du bout du monde, vous qui comptez fouler la pelouse de Rugby 18. En ce qui concerne le pack d’avant, le manque d’impact se fait ressentir dans les sensations de jeu. On ne sent pas la domination physique des gros, mis à part lors des plaquages cathédrales. À noter qu’afin de simplifier la lecture de jeu, l’interface comporte un indicateur de plaquage autour des joueurs. Plus le cercle entourant les défenseurs est étendu, plus le plaquage a des risques d’être raté. Pour finir sur le gameplay, j’ai trouvé un manque cruel d’effort et de créativité pour retranscrire les différentes phases de jeu. Certains diront qu’il est impossible de véritablement adapter l’ensemble des possibilités offertes par ce sport dans un jeu vidéo (NDLR: et c’est surement pourquoi il y a en a si peu). Je suis en partie d’accord, car je reste persuadé qu’il existe encore des mécaniques de jeu à réinviter pour retranscrire au mieux la beauté de ce sport. Cela demande néanmoins de travailler énormément sur l’équilibrage et de faire en sorte que l’ensemble des gameplays forme un mélange fluide et homogène, ce qui n’est pas le cas ici. La répétitivité et le fait que certaines techniques soient complément inefficaces, pousse le joueur à répéter les seules techniques qui fonctionnent (en l’occurrence, les dégagements). Ainsi, on assiste à des matchs online qui ne présentent aucun intérêt, puisque le jeu proposé repose uniquement sur cette technique car les autres manquent d’efficacité ou vous mettent en danger via les contres notamment.

Tous les éléments négatifs que nous venons de citer se retrouvent amplifiés par une intelligence artificielle aux fraises. En jouant, j’avais l’impression que certains joueurs ne savaient pas ce qu’ils faisaient là, surtout en les voyant complètement à la rue quand il s’agissait de plaquer un adversaire. Ainsi, il n’est pas rare de voir débouler le porteur du ballon, passer au travers de 3 défenseurs, incapable de faire quoi que ce soit. Le positionnement de certains joueurs reste d’ailleurs un des grands mystères de ce jeu, ce qui anéantit pas mal de situations. Autre point noir, certains bugs inadmissibles qui apparaîtront de manière totalement aléatoire. Allant du simple bug graphique, au joueur restant bloqué, à la caméra qui alternera une vue face au porteur du ballon, il y en a pour tous les goûts. Mention spéciale à un bug (ou était-ce intentionnel ?) qui conduira les joueurs de votre équipe (contrôlés par l’I.A.) en position de hors-jeu, à s’emparer automatiquement du ballon, même si vous n’avez rien demandé. Dans n’importe quel autre jeu, les joueurs reviendraient derrière leurs lignes, les mains en l’air, afin de ne pas faire action de jeu et ainsi entraîner une sanction. Que dire à part être consterné par un tel niveau de finition (même si le jeu a été patché juste après sa sortie).

Pour achever le calvaire au plus vite, signalons rapidement les modes de jeu proposés par ce Rugby 18. On retrouvera le classique Match rapide (offline & online) avec un mode online buggé à la sortie mais patché par la suite. Le mode championnat est également présent et consiste à enchaîner tous les matchs d’une saison. Nouveauté, le mode Carrière vous permettra de contrôler l’équipe de votre choix en gérant l’effectif et le budget. À la manière d’un rugby manager du pauvre, avec une interface brouillonne, cela ne rajoute au final que la possibilité de recruter de nouveaux joueurs et d’évoluer dans un mini championnat afin de grimper les échelons. Dans le même esprit, le mode « My squad », vous permettra de créer votre équipe via les points engrangés à chaque match (quelque soit le mode). On apprécie l’effort même si, dans les faits, peu de joueurs seront prêts à utiliser ce mode.

Concernant l’ambiance sonore du titre, cela s’avère encore assez pauvre. Les commentaires sont plats et hachés, sans parler des blancs durant les matchs. Rugby 18 propose 8 stades, à l’ambiance quelconque, mais au vu du jeu proposé sur le terrain, on peut comprendre les supporters. En termes de licences, le jeu est au niveau, puisqu’il vous sera possible de jouer avec les équipes du Top 14, de la Pro 2D, de la ligue Aviva et bien d’autres. À noter qu’au niveau international, le titre de Bigben Interactive ne dispose pas de certaines licences, comme l’Argentine ou l’Irlande.

Très mauvais

Comment une réalisation pareille a t'elle pu passer les tests qualité ? C’est à se demander si les équipes qui ont travaillé sur ce jeu ont vraiment regardé des matchs de rugby, car ils n’ont pas su retranscrire l’essence de ce sport. Pas de rugby champagne ici, mais plutôt un match de fédéral brouillon et poussif. Après un tel échec, on ne peut qu’espérer que l’éditeur revoit sa copie et revienne à la charge dans 2 ou 3 ans avec une meilleure proposition. C’est pourquoi nous infligeons un gros caramel à ce rugby 18 et retournons sur d'autres jeux de sports pour le moment !

Jeu testé sur PlayStation 4 à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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