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Test : Shadow Tactics: Blades of the Shogun

Lorsqu’on crée un genre et que l’on fait des suites à un jeu qui a créé un genre, il faut voir à respecter ce qui a fait de l’original un hit. Hors avec la série Commandos, les pères fondateurs du studio espagnol Pyro ont pris le parti de tenter autre chose que l’infiltration tactique en temps réel qui les avais propulsés rapidement d’illustres inconnus à superstars du développement à la sortie du premier épisode en 1998. Tant et si bien qu’ils ont perdu leurs fans au fil des années et que le genre est resté en décrépitude, peut-être parce que les fantômes du passé venaient rattraper les modestes développeurs ayant l’envie d’y revenir, nul ne le sait.

Et pourtant, les jeunes Allemands de Mimimi Productions fiers de leurs productions originales précédentes, dont l’excellent The Last Tinker que je ne saurais que vous conseiller, aimeraient bien nous faire « rekiffer » comme disent les jeunes cette recette de grand-mère espagnole d’antan : un bon gros quartier d’infiltration à l’ancienne arrosée de stratégie et enfournée dans des environnements remplis d’ennemis, le tout sous une vue 3D isométrique. Le nom assez évocateur de leur tambouille, Shadow Tactics: Blades of the Shogun est comme une invitation au voyage à travers les âges, direction d’ère Edo dans un pays du soleil levant en proie aux luttes intestines entre Shogunat et seigneurs avides de pouvoir.

Il n’en fallait pas plus pour nous vendre le principe du jeu, soit un jeu d’infiltration dans des environnements assez vastes remplis d’ennemis qu’il faudra étudier, éviter, leurrer, sauvegarder (beaucoup) et assassiner pour enfin arriver à l’objectif fixé en début de mission. Simples pions sur l’échiquier du Shogun, les héros de Shadow Tactics ont tous leurs caractéristiques propres : un ninja qui peut rapidement tuer une cible à l’aide de son shuriken, un samouraï spécialiste des dégâts de zone, une geisha qui peut se déguiser pour passer incognito, un trappeur expert de la pose de pièges discrets et enfin un sniper redoutable dans le combat à distance.

Shadow Tactics va donc nous faire nous balader dans une grande partie de ce Japon féodal pour y accomplir de nombreuses besognes, de la récupération de documents secrets à l’assassinat de Kage-sama, le némésis du Shogun en passant par le sauvetage d’un allié qui deviendra jouable plus tard dans la partie, etc.. Bien entendu, les situations offertes par le jeu vous opposent à des ennemis en surnombre qu’il est impossible d’attaquer de front. L’infiltration discrète et l’assassinat seront de mise pour vous frayer un chemin au plus profond de la carte. Apprendre leurs tours de garde, détecter des failles dans leurs angles de vision et profiter des opportunités créées par l’environnement pour passer entre les mailles du filet, voilà votre job.

Ce faisant il faudra surtout maîtriser les codes visuels du jeu et son interface, le passage obligé pour bien profiter de tout ce qu’il a à offrir. Et on peut dire que de ce côté Mimimi à fait un travail de qualité en produisant une interface utilisateur claire, étudiée pour le clavier-souris (raccourcis clavier pour les capacités et souris pour jeter un rapide coup d’oeil aux cônes de vision des ennemis, la base !). Le jeu introduit également un mode Ombre absolument génial qui permet de programmer une action pour un ou plusieurs héros et les déclencher ensuite simultanément, parfait pour effectuer des assassinats synchronisés ou combiner des compétences pour générer des solutions créatives.

Les environnements gigantesques des missions sont aussi truffés d’objets utilisables, de caches et d’événements scriptés qui permettent d’élaborer des choix stratégiques personnalisés. Mieux encore, une gestion astucieuse de la verticalité couplée à certaines capacités agrandit encore le champ des possibles autour de chaque cible à atteindre. Et c’est tant mieux, car il vous faudra parfois de nombreuses heures pour arriver à vos fins sans vous faire voir. Les développeurs ont même poussé le vice jusqu’à intégrer des challenges quasi impossibles à réaliser dans chaque niveau. Seules une analyse du terrain et des ennemis et des mouvements et actions millimétrées vous permettront d’accomplir ces défis.

Si les niveaux sont ouverts, ils n’en sont pas pour autant dénués de détails. Le boulot fait sur le jeu et autour de son enrobage est lui aussi exceptionnel. Des PNJs aux éléments du décor en passant par les ennemis et tous les bâtiments, c’est un sans-faute du point de vue de la direction artistique. Tout le petit monde de Shadow Tactics est vivant et cohérent, chaque zone traversée sentant le travail de recherche de la fidélité des décors de l’époque et on a pas honte de zoomer pour observer de plus prêt les paysans à l’oeuvre dans les champs ou la fumée qui s’échappe des maisons dans la montagne. De plus vous ne verrez jamais deux fois le même environnement, chacune des missions étant unique.

L’une des forces du jeu, son scénario que l’on suit tout au long de la partie. Chacune des 13 missions proposées nous est introduite par une petite séquence cinématique in-engine qui explique le pourquoi du comment de l’histoire et qui surtout initie la présence de tel ou tel personnage jouable dans la future destination. Plus qu’une simple justification bête et méchante, elle permet de s’attacher bien plus aux héros que l’on va prendre en main. Les missions seront aussi ponctuées par des cinématiques qui changent le rythme du jeu et nous pourrons même influer sur nos objectifs en cours de jeu. Bien vu de la part des développeurs qui assurent une continuité entre les missions, évitant ainsi la répétitivité.

Enfin, le jeu se paye un ingénieux système de sauvegarde rapide qui vous signale en permanence le temps depuis votre dernière sauvegarde avec un code couleur symbolisant l’urgence. Pratique, il stocke également plusieurs sauvegardes rapides ! A contrario, le titre souffre de quelques petits couacs agaçants inhérents au choix d’une caméra que l’on peut faire pivoter à 360° autour de l’action : nos mouvements sont parfois mal interprétés et on se retrouve face à un ennemi alors qu’on aurait juste souhaité passer d’une couverture à une autre. De même le pathfinding perd son latin lorsque l’on rapproche un héros un peu trop près d’un autre, ceci occasionne un genre de lag étrange qui peut forcer le rechargement d’une sauvegarde.

Bon

Shadow Tactics: Blades of the Shogun reprend le meilleur de mes petits chéris d'amour Commandos 1 & 2, mettant en avant la faiblesse de nos héros tout en offrant des possibilités de gameplay assez impressionnantes et variées pour nous forcer à nous la jouer infiltration. Et ça marche ! Mimimi réussit là à nous faire redécouvrir et aimer à nouveau ce genre si particulier en soignant sa présentation de A à Z : direction artistique de qualité, interface au poil, personnages tous différents et indispensables, système de sauvegarde malin. Il n'y a pas grand-chose à reprocher à un titre qui à l'audace de venir dépoussiérer comme il le fait 10 ans d'errance dans son domaine.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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