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Test : Shadow Warrior 2

Mon premier contact avec Lo Wang remonte à 1997. Ne me demandez même pas comment, mais j’avais pu me procurer lors d’un été à Paris une copie pas vraiment légale de Shadow Warrior sur disquettes 3″ 1/2, jeu que je découvris sur mon pauvre petit Cyrix 686. Le titre fruit du génie créatif des tarés de 3D Realms qui nous avaient déjà pondu leur Duke Nukem 3D l’année d’avant reprenait le même concept que son aîné, soit un FPS bourrin mettant en scène un maître ninja qui allait vite faire connaissance avec le monde moderne : ses armes dévastatrices et sa horde de démons (ah non ça c’est purement fantaisiste). Toute une époque. Bien des années plus tard, j’ai pu assister avec surprise au retour inattendu de cette licence avec le titre éponyme de 2013, réalisé par les Polonais de Flying Wild Hog.

Un FPS ma foi fort sympathique salué par la critique et les joueurs pour ses combats nerveux, son rythme effréné et ses dialogues désopilants. Il est donc tout naturel de voir redébouler le ninja de pacotille dans sa voiture de sport pour un second épisode de Shadow Warrior. Et deviner quoi ? Lo Wang loue met à nouveau sa caboche sur Airbnb puisqu’il récupère dès le début du jeu l’âme de la fille du chef des yakuzas, rien que ça. Si le scénario du jeu est somme toute assez convenu, c’est du côté de la structure du jeu qu’il faudra se tourner pour dénicher les nouveautés de cette suite. Tout d’abord, après une petite demi-heure, qui cela dit en passant nous prend un peu trop par la main, il faut bien se rendre à l’évidence.

Fini le FPS en ligne droite, Flying Wild Hog a voulu taper fort en se lançant dans le club très fermé des hack’n’slash-FPS. Ce genre qu’affectionne particulièrement Gearbox Software consiste à mélanger le gameplay d’un FPS aux quêtes et loots d’un Diablo-like. Et il faut dire que Shadow Warrior 2 s’en sort plutôt bien de ce côté-là. Concrètement, le jeu se découpera en quelques hubs neutres qui donneront accès à des quêtes principales et secondaires à effectuer dans des niveaux générés procéduralement arpenter seul ou à plusieurs en coopératif. Au fil de vos accrochages avec les hordes d’ennemis qui peuplent les différents lieux visités, vous récolterez de l’argent, des objets et munitions, mais surtout des runes qui pourront être serties dans vos pièces d’équipement.

En combinant leurs effets (modificateurs de statistiques, ajout de dégâts élémentaux), vous pourrez ainsi forger votre arme de destruction massive personnelle. Simple et efficace, telle est la volonté des développeurs. Il en va de même pour la progression de Lo Wang. Ici pas question d’acheter des pouvoirs avec votre expérience gagnée en combat, les points de compétence acquis permettent uniquement de booster vos capacités via des bonus de statistiques : dégâts, vitesse, regain de vie, etc., et des bonus lors de l’utilisation des bottes secrètes du ninja, ces fameux coups spéciaux qu’on connait déjà et qui sont très utiles au corps à corps pour infliger des dégâts supplémentaires ou maîtriser une foule en colère.

OK on fait là dans la simplicité, mais les combats au corps à corps, eux sont toujours aussi nerveux. J’irai même jusqu’à dire qu’ils sont viscéraux et jouissifs ! On enchaîne la découpe d’ennemis à la chaîne, comme à la boucherie Sanzot, on prend même plaisir à parcourir le niveau en cherchant les ennemis et en les faisant nous suivre pour pouvoir massacrer un pack d’un coup de Vortex, tournoyant à 360° toutes lames dehors ou fonçant dans le tas en déclenchant l’autre indispensable : Percée. Les mouvements de Lo Wang sont également vifs et fluides. Je mets au défie quiconque de s’ennuyer, tant les sensations sont bonnes, enfin tant que l’on ne s’éloigne pas du corps à corps… Parce que voilà, si DOOM est un grand FPS de par ses sensations de shoot fusil à pompe à la main, Shadow Warrior brille lui uniquement par ses combats à l’arme blanche.

Ne cherchez pas, il n’y a hélas aucune arme à feu véritablement sexy. Pourtant le titre fourmille de types d’armes : flingues, fusils, lance-roquettes jusqu’à des tronçonneuses mécaniques parfaitement inutiles en combat, sur la petite douzaine d’heures de jeu de la campagne j’ai du utiliser peut-être une dizaine de fois les armes. Dommage. Heureusement, le système de runes permet de choisir de se consacrer sur les sabres et de ne pas perdre de temps avec le reste. Pour continuer avec les désagréments occasionnés par le jeu, on pestera allégrement devant l’interface de gestion de notre personnage qui permet de gérer pouvoirs, armes et runes. L’incohérence est de mise de bout en bout, ces menus ne respectant aucune logique et son très peu lisibles.

Le studio aurait au moins pu s’inspirer de l’existant ailleurs… On terminera en parlant de la structure même des niveaux. Pourtant, la liberté de mouvement est il faut bien le reconnaître, assez folle. Le jeu nous laisse aller partout où on le peut dans l’environnement sans nous pénaliser (les chutes n’infligeant pas de dégâts). On se prend souvent pour un vrai ninja à sauter et courir sur les toits pour fondre sur nos ennemis en quelques instants ou en faisant des chutes vertigineuses de quelques dizaines de mètres en contrebas (surtout dans Zilla’s City). Malgré cela, le fait que les niveaux soient générés procéduralement fait qu’on se retrouve très souvent devant les trois mêmes environnements et la répétitivité se ressent sur de longues sessions de jeu.

Encore une fois, le studio fait tout pour varier cela grâce à un moteur de conditions météorologiques qui fonctionne du tonnerre, mention spéciale aux tempêtes et leur rendu saisissant. Et puis on est tatillons, mais on est tout de même ravis de retrouver Lo Wang et ses blagues de mauvais gout plus une grande partie du casting du premier épisode. Le fan de la première heure appréciera les références aux précédentes pérégrinations de notre antihéros, les autres découvriront la voie du Wang et tout ce que cela veut dire. Techniquement, le jeu s’autorise de superbes effets spéciaux et pour une fois je le signale un sound design d’exception, que ce soit lors des boucheries bordéliques, mais parfaitement audibles ou lorsqu’une déesse s’approche de nous avec ses talons hauts, le son sonne toujours juste.

Bon

Flying Wild Hog ne fait pas dans la dentelle avec son Shadow Warrior 2 et nous livre un titre plus acéré que ne l'était son grand-frère. Même s'il ne se l'avoue pas, le jeu délaisse quasi complètement les combats à distance pour se concentrer sur ce qu'il sait faire de mieux : des affrontements au corps à corps incroyablement jouissifs. Shadow Warrior 2 ose surprendre encore le joueur en introduisant des mécaniques issues du hack'n'slash plus ou moins bien orchestrées. Passées les premières heures d'adaptation à cette petite révolution, l'ensemble se laisse apprécier, petit à petit. Enfin, ce second volet c'est surtout une opportunité de retrouver notre ninja de la loose préféré : Lo Wang et son humour si caractéristique. Et ça, ça n'a pas de prix.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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