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Test : Slain!

La route menant à la sortie d’un projet Kickstarter peut être semée d’embuches et l’équipe de Wolf Brew Games ne le sait que trop bien. Après avoir prototypé sur IndieDB et fait financer avec succès leur plateformer à la sauce 80s bourré de pixels sur le site de crowdfunding américain l’année dernière ils s’attendaient à pouvoir livrer le jeu dans les temps. Mais les déboires du développement indépendant les ont rattrapés et c’est seulement après quatre reports successifs et de longs mois d’incertitude qu’ils réussirent enfin à sortir de terre Slain!.

Le moins qu’on puisse dire c’est que la réception du public a été plutôt négative. Dès les premières heures de disponibilité sur la plateforme de Valve, le jeu a été taxé d’injouable, de punitif, mal terminé, digne d’un early access et je passe tous les noms d’oiseaux modérés dans les commentaires des curateurs Steam. Malgré tout, en courageux joueur que je suis, je décidais de me faire mon propre avis sur ce titre qu’on attendait tout de même du coin de l’oeil, ne serait-ce que pour sa direction artistique léchée. Monumentale erreur.

Slain est vendu par ses développeurs tel un hommage aux jeux de plateforme gothiques des années 80/90 comme Altered Beast, Shadow of The Beast ou bien Ghosts ‘n Goblins. A première vue, on est parfaitement dans le style. Un héros typé viking à longue barbe qui doit affronter des hordes de monstres, liches, loups géants et un grand méchant ressemblant à s’y méprendre à un certain Dracula, rien à redire on est dans le bain. Pour ne rien gâcher, les artistes ont fait un boulot admirable sur le titre. L’univers de Slain! regorge de décors semblant tous droits sortis de Conan le Barbare.

Et pour sublimer l’ensemble, tout le jeu est fait de pixels animés et illuminés avec soin. C’est un vrai ravissement pour les yeux. Les parallaxes sont multiples et toujours très détaillés, les éclairages sont très bien choisis et font honneur aux environnements du jeu… le héros, les PNJs et le bestiaire ont vraiment de la gueule ! On aimerait juste pouvoir cacher l’interface du jeu et faire des copies d’écran pour les encadrer dans notre salon tellement le travail sur la direction artistique est impressionnant et force le respect. Et il en va de même pour la musique du jeu.

Qui de mieux qu’un ex-membre d’un groupe de Doom Metal pour faire la bande originale d’un jeu comme Slain! ? Les développeurs ont donc demandé à Curt Victor Bryant de s’occuper de la musique de leur rétroplatformer. Le résultat est assez cohérent, les morceaux étant assez punchy, sombres et très bien mixés avec des sons plus actuels. Mais il y a un hic et c’est là que commencent les problèmes avec Slain!, la façon dont le jeu utilise cette bande originale est pour le moins étrange et paresseuse, voire limite amateuriste.

C’est bien simple, un niveau démarre, la musique associée se lance et elle est répétée en boucle bêtement. Pas de temps morts, la musique continue même pendant les écrans intermédiaires lorsque l’on meurt… Une bande originale d’aussi bonne qualité soit-elle devient rapidement ennuyante, voire agaçante, si elle est mal distillée comme ici. On enchaîne sur la tonne de détails pénibles du jeu avec les effets sonores. S’ils sont bien présents dans le jeu, le volume de la musique les masque totalement. Il faut donc dès le début du jeu aller dans les options et baisser considérablement la musique pour profiter du reste.

Par quoi continuer ? Parlons un peu de la maniabilité. Cela devient une habitude dans les jeux de ce style, le joueur est victime de la malhonnêteté des développeurs. Sous prétexte d’un titre qui se veut old-school, nous sommes affublés de contrôles atroces qu’une simple session de focus test auprès de quelques amis aurait pu mettre en avant. Le héros est assez rigide, il possède un dash arrière (enfin, dans la direction opposée à notre marche…) inutile et une allonge lors de ses coups qui varie en fonction de sa position debout ou accroupie. Le gameplay en subit donc naturellement les conséquences.

Sous ses airs de slasher difficile « à l’ancienne », Slain! cache un réel manque de travail côté gameplay de la part de ses développeurs. Le héros possède deux coups, un faible, mais rapide et un puissant où il fait tournoyer son épée tout en avançant légèrement vers l’avant. Le premier coup est utilisable debout ou accroupi. L’allonge étant modifiée accroupi, on peut passer la totalité du jeu a taper frénétiquement sur le bouton un genou à terre pour tuer les ennemis les plus coriaces sans trop se prendre la tête ou alors pester sur les sacs à PV que l’on a en face de nous.

En cas de mort malencontreuse, le jeu nous fait réapparaitre à l’un des points de sauvegarde du niveau, mais oublie presque toujours de re-remplir notre barre de mana, il faut donc souvent faire quelques pas en arrière pour rattraper une fiole de mana posée un peu avant le point de sauvegarde. Pourquoi ?? La mana sert-elle à utiliser la magie, une espèce de boule de feu qui fait un peu plus de dégâts aux ennemis, pas vraiment utile. Idem, le jeu nous offre de temps en temps une arme visuellement « spéciale » : hache magique, épée en feu, etc. OK, mais quel est l’impact sur le gameplay ? Faudra m’expliquer, car là je sèche.

Les pièges posés çà et là dans les niveaux du jeu sont eux aussi immondes et punitifs. Leur hitbox est honteusement grande, on se fait avoir par les pièges même lorsqu’on ne marche pas dedans et bien souvent cela signifie la mort… Pire encore, parfois on croit qu’on en a réchappé, mais l’animation du piège se déclenche quelques pas plus loin, car elle a attendu qu’une autre animation se termine, no comment. Et les hitbox des ennemis sont elles trop petites, on se retrouve parfois à taper dans le vide alors que notre épée touche bien notre adversaire.

En résumé, les combats de Slain! ne sont pas exigeants, il sont tout simplement mal réalisés et pas intéressants pour un sou. Le jeu est au mieux un vulgaire button-masher pseudo-arcade et c’est bien dommage. Surtout qu’il dispose d’un contenu assez varié, des niveaux en deux parties mettant à l’honneur horizontalité et verticalité, de surprenantes phases de runner dans lesquelles on se transforme en loup (mais qui subissent elles aussi les contrôles atroces du jeu) et des boss divers et originaux. De quoi passer de bons moments en somme une fois que tout le reste aura été corrigé.

Mauvais 

Avec un gameplay et des contrôles médiocres qui donnent envie de se défenestrer, Slain! perd tout intérêt à nos yeux dès les premières minutes de jeu. Aura-t-on la patience d'attendre que ses défauts irritants soient corrigés pour s'y remettre ? A vouloir tenter le diable en sortant un jeu dans un état proche de ce qu'on trouve en accès anticipé sur Steam, il se pourrait bien que Wolf Brew Games ait déjà scellé le destin de son bébé. Quel gâchis lorsque l'on voit le soin avec lequel les artistes ont peint les sublimes pixels du jeu. Comme quoi, y'a pas que la plastique qui compte, même dans le jeu vidéo.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par le développeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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