Wii U

Test : Star Fox Zero

Comme l’état français face au mouvement Nuit Debout, Nintendo reste inflexible devant les cris des hordes de joueurs réclamant un nouveau F-Zero. Et pourtant, les Kyotoïtes tendent l’oreille et écoutent. Preuve en est, la sortie ce mois-ci de Star Fox Zero, un titre voulu par les fans depuis de longues années. Ils ont même mis les petits plats dans les grands en confiant la réalisation de cet épisode au ténor de l’action nippone, PlatinumGames qui n’en est pas a ses débuts sur Wii U avec le titre de lancement Wonderful 101 et Bayonetta 2. Tout s’annonçait donc sous les meilleurs auspices, mais c’était sans compter le fameux cahier des charges de la Wii U a respecter pour le développeur qui officie sur un jeu de commande. Aie aie aie.

Les développeurs tiers qui ont déjà travaillé sur une licence Nintendo le savent, leur liberté d’action est toute relative. Ici, Wii U oblige, le renard et sa bande de potes de tous poils vont devoir faire avec le gameplay asymétrique bancal de la console de salon. Pour faire simple, si à l’écran on retrouve une vue arrière classique d’un Star Fox, l’écran du Gamepad nous montre une vue première personne à l’intérieur du cockpit qui nous servira à viser et shooter les ennemis à l’aide du gyroscope de l’engin (gyro désactivable pour les plus réticents). Et les ennuis commencent dès les premières minutes de jeu, la maniabilité du tout devenant rapidement infernale.

Mis à part lorsque l’on affronte des boss souvent gigantesques, il est en effet très difficile de coordonner les mouvements du ArWing et de viser en même temps. A partir de là, mettre ne serait-ce qu’un vaisseau amiral de la flotte d’Andross dans l’espace assez longtemps dans sa ligne de mire pour en venir à bout est un véritable calvaire. On est sans cesse en train de faire des demi-tours pour reprendre de la distance avec notre cible. Le pire reste le gameplay des dogfights contre certains généraux du grand méchant qui devient d’un ennui total lorsque l’on comprend qu’il est impossible d’essayer de l’affronter de face. Le jeu nous oblige à attendre que le vaisseau ennemi soit dans notre dos puis à faire un looping pour qu’il passe devant nous.

Certaines phases de gameplay (notamment dans l’espace) tiennent donc plus du rail-shooter qu’autre chose. C’est bien dommage, car justement c’est dans le vide intersidéral que notre vaisseau est le plus maniable, si l’on peut dire. Au sol, Star Fox Zero insiste pour que l’on se transforme en l’une des trois variantes du vaisseau de Fox McCloud. Le Landmaster est une sorte de gros tank qui peut planer au-dessus du champ de bataille pendant un court laps de temps. Inutile de vous dire que sa maniabilité est assez lourde et se déplacer sur une plateforme en mode vol est quasi-mission impossible. Le Gyrowing est la petite nouveauté de cet épisode, une espèce de drone très lent, mais assez agréable à utiliser qui introduit au joueur – roulement de tambour – des phases d’infiltration !

Et c’est peut-être la partie de Star Fox Zero sur laquelle nous avons le moins de reproches à faire. Bon certes ce n’est pas très passionnant, on se balade dans des tunnels et des cavités souterraines avec notre Gyrowing et on déploie un petit robot (coucou Rob) qui va pouvoir aller déclencher des boutons dans des espaces exigus en vue FPS sur le Gamepad. Rien d’extraordinaire là-dedans, mais on n’a pas grand-chose à lui reprocher si ce n’est la mocheté de ses environnements, mais j’y reviendrai un peu plus tard. Continuons avec le dernier modèle d’engin à notre disposition : le Walker. Cette transformation de l’ArWing lui permet de marcher et se balader dans les tunnels. Mais le Walker cristallise surtout le gameplay asymétrique raté du jeu.

Et pour le démontrer, on peut parler du combat contre le dernier boss, vous vous en doutez bien Andross qui se fait presque entièrement en mode Walker. Le jeu demande au joueur une précision et une coordination sans faille dans ses mouvements, jusque là pas de problèmes. Par contre, d’une la caméra centrée sur le boss ne permet pas contrôler son personnage correctement, faire une manoeuvre simple comme se mettre face au boss est plus que pénible (et on retrouve ce défaut dans un combat de boss sur deux). Deuxièmement, les points faibles du boss sont atteignables lorsque l’on fait des pas chassés comme dans n’importe quel FPS sauf qu’ici c’est impossible de « strafer » normalement, il n’y a tout simplement pas de contrôles implémentés.

On passe alors son temps à pester contre le jeu en recadrant la vue dès que l’on fait un pas de côté… quelle horreur. En passant, merci PlatinumGames d’avoir ajouté un bouton pour recentrer auto la vue sur le Gamepad, c’est à croire qu’eux-mêmes avaient du mal avec leur propre jeu ! Bref, vous l’avez compris, le gameplay est le principal ennemi du joueur dans Star Fox Zero. Et comme si cela ne suffisait pas, le jeu est d’une laideur affligeante, si bien qu’on arrive parfois à se demander s’il n’était pas destiné à la 3DS avant d’être promu. Les textures sont simplistes et baveuses, aucun effort n’a été fait non plus sur la modélisation des objets et malgré cela, dans un environnement vide comme l’espace, le jeu rame, c’est tout bonnement inacceptable.

Malgré tout, PlatinumGames a su respecter la direction artistique de la licence et on peut noter le soin apporté notamment au look moderne des protagonistes du plus bel effet dans les vignettes des dialogues. Enfin et pour finir sur une note presque positive, le calvaire de Star Fox Zero sera de courte durée puisque le jeu se termine en 2h30 en ligne droite. Les complétistes auront eux du boulot puisque le run de base évite certaines planètes et zones de l’espace à découvrir en passant dans des vortex annexes. Petit bonus non négligeable : tous les niveaux du jeu peuvent être joués en coopératif, un joueur visant avec le Gamepad pendant que l’autre contrôle le vaisseau avec le Pad Pro. Ca reste de loin la meilleure manière d’aborder Star Fox Zero.

Mauvais 

Vous l'avez voulu, vous l'avez eu votre Star Fox sur Wii U ! Et franchement, vu le résultat obtenu, on se demande s'il est bon de harceler Nintendo pour demander le retour de nos licences fétiches. Star Fox Zero est un cas d'école, l'exemple parfait de ce qu'il ne faut pas faire en matière de gameplay asymétrique. De plus, il respecte à la lettre le petit manuel des jeux de commande Wii U tamponnés par le Seal of Quality de l'éditeur japonais : mauvaise utilisation du gyroscope, un amiibo gadget, des graphismes au rabais pour pouvoir afficher l'image sur l'écran du Gamepad et évidemment un gameplay au ras des paquerettes... Rarement plaisante à part peut-être à deux en coopération, encore moins fun, la descente aux enfers vécue par le joueur aura au moins le mérite d'être passagère puisqu'on en aura vite fini avec cette erreur de parcours.

Jeu testé sur Wii U à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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