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Test : Stories: The Path of Destinies

Les livres dont vous êtes le héros vous connaissez ? Mais si voyons, si je vous dis Loup Solitaire, Défis Fantastiques, Les Messagers du Temps, cela vous parle forcément ! Ces véritables collections de livres-jeux vous promettent de folles aventures dans des univers fantastiques. Chaque paragraphe vous propose des choix qui vous conduisent à parcourir le livre dans le désordre guidé par votre intuition et vos décisions. Ce genre célèbre dans les années 80 revient à la mode, la plupart des éditeurs optant pour la réédition pure et simple de leurs plus grands classiques, même si les puristes préfèrent les couvertures originales et leur cachet si particulier. Et le jeu vidéo n’est pas épargné par ce retour en force.

En effet, les années passent et les éditeurs redoublent de stratagèmes pour nous faire découvrir ces histoires. Pour faire plaisir à un public toujours plus connecté, ils sortent désormais des livres interactifs. Aux côtés du portage vidéoludique de vraies licences comme le Sorcery de Steve Jackson développé par inkle Ltd ou la palanquée de titres originaux créés par Tin Man Games, d’autres tentent le mélange les genres pour adoucir une formule qui peut paraître trop textuelle aux yeux de certains. C’est le cas du petit studio québécois Spearhead Games fondé par des anciens employés d’Ubisoft. Après deux titres à succès déjà publiés sur les plateformes dématérialisées de Valve et Sony, les voilà qui s’attaquent au livre-jeu avec l’ambitieux Stories : The Path of Destinies.

Mais alors quelle est la recette des montréalais pour nous faire aimer le livre-jeu ? Tout d’abord, ils ont créé une histoire fantastique qui nous fait voyager, crayon à l’appui. On peut clairement dire que l’univers créé par les montréalais est recherché : peuplé d’animaux personnifiés et en proie à un souverain crapaud qui s’adonne un peu trop à la magie noire et est carrément drogué aux sacrifices, le décor des iles flottantes de Stories : The Path of Destinies est planté. Vous y jouez Reynardo, un renard voleur qui se retrouve au beau milieu d’une guerre qui oppose les corbeaux de l’empire à la fragile rébellion. Il aurait pu rester en retrait, mais c’était sans compter son légendaire courage… et l’appât du gain. De plus, Reynardo retrouvera de vieilles connaissances dans sa quête, son ami Lapino et son ancienne camarade de jeu Zenobia, une petite chatte qui se trouve être la fille de l’empereur.

La structure de la campagne du jeu est une variante originale du classique scénario à embranchements et vous obligera à recommencer l’histoire plusieurs fois pour en voir la fin. Au fur et à mesure de votre progression et de vos choix dans le run en cours, vous traverserez 5 ou 6 environnements différents à la recherche d’un objet ou d’un personnage. L’accumulation de ces choix occasionnera des conséquences toujours différentes et un final qui aboutira la plupart du temps sur la mort de votre personnage. En effet, un seul cheminement dans l’histoire permettra d’atteindre le « happy ending ». Mais rassurez-vous, vous conserverez l’expérience acquise en jeu et le livre prendra note de vos décisions précédentes pour vous aider dans vos choix de deux manières.

Premièrement il vous rappellera vos erreurs aux moments clés ou vous devrez choisir l’un des embranchements par des petits pictogrammes et c’est plutôt bien vu pour éviter de se lancer dans un run qu’on sait déjà perdu d’avance. Secondo, pour pouvoir débloquer le chemin menant à la vraie fin du jeu, il vous faudra découvrir les quatre « vérités » de Stories : trahison d’un personnage, mauvaise utilisation d’un objet, etc. ces révélations sont autant de marqueurs qui vous permettent de dérouler le scénario du jeu et de le faire progresser. Lors des phases de narration pure, Reynardo se méfiera par exemple d’un PNJ qui lui semble louche. A vous donc dans un premier temps d’aller à la recherche de la vérité.

Et pour vous aider dans votre tâche, vous pourrez compter sur le narrateur anglais du jeu qui met parfaitement en scène les séquences de dialogue et les réflexions personnelles de Reynardo lorsque vous vous baladez dans les niveaux. Un vrai travail d’acteur puisqu’il a une intonation particulière pour chaque PNJ du jeu et il a enregistré un paquet de lignes de dialogue qui se répètent très rarement. Bref un moyen de plus de lutter contre la répétitivité d’un titre qui nécessite de revisiter les mêmes lieux pour le terminer. Heureusement, ce n’est pas la seule astuce des développeurs pour nous faire revenir encore et encore dans Stories et on en vient à parler du gameplay du jeu.

Oui, car pour nous faire avaler leur livre-jeu, ils ont également su le déguiser habilement en action-RPG avec des combats surprenants inspirés d’un certain Batman Arkham. Il faut dire que l’ouverture des arènes des niveaux séparées par des couloirs s’y prête bien. On se retrouvera donc souvent à se battre contre 5, 7 ou 10 ennemis à la fois et le gameplay du jeu se montre extrêmement efficace : le renard court, se déplace à toute vitesse, enchaînes les coups, contres et évitements sans à-coup, en toute fluidité. C’est un vrai bonheur, on sent bien les coups portés et on ne s’ennuie jamais dans ces combats. Seul petit bémol, le système de progression du personnage permet de débloquer des pouvoirs d’épées, mais ils sont pour la plupart parfaitement inutiles et cassent le rythme du combat.

On préférera utiliser les pouvoirs de l’épée verte pour se régénérer hors combat et se battre en utilisant uniquement les indices visuels à l’écran qui viennent comme dans un Batman prévenir le joueur une demi-seconde avant l’attaque d’un ennemi. En ce qui concerne la montée en puissance du personnage, on note la présence d’un arbre de compétences et de gemmes pouvant booster les principales aptitudes de notre héros. L’ensemble est plutôt complet et bien balancé. Les épées que l’on peut forger au fur et à mesure à l’aide de matière première trouvée dans les coffres nous serviront à ouvrir d’autres passages dans les niveaux, augmentant ainsi la re-jouabilité, les niveaux se trouvant étendus à chaque nouveau run.

Techniquement, le titre s’en sort plutôt bien, l’Unreal Engine 4 offrant des effets de superbes effets de lumière. Malgré tout, il y a quelque chose qui nous gêne. Certes, les graphismes sont colorés, les environnements sont tous superbes, mais c’est la modélisation 3D des personnages qui nous pose un problème. Elle tranche tellement avec les croquis faits main avec amour que l’on retrouve dans les phases narratives que cela en devient déconcertant. Il faut par exemple vraiment se creuser la tête et faire preuve d’imagination pour trouver une ressemblance entre Zenobia et son avatar en jeu. Toujours dans les petits défauts, le début du jeu traîne en longueur pendant une petite demi-heure, tant au niveau du gameplay que du scénario mal amené.

On aurait souhaité que Stories prenne le temps d’une petite introduction pour nous expliquer son univers et Reynardo pour ne pas se sentir perdu, téléporté dans un monde inconnu qui nous balance une ribambelle de noms et de situations qu’on est censé connaître, mais qui ne nous ont pas été présentées. Ces petits désagréments passés, le scénario se retrouve riche et très bien fichu. Si l’on avait pu craindre que le titre se retrouve répétitif au bout d’une première heure de jeu, il n’en est rien. Finalement chaque niveau s’agrandit et se redécouvre vraiment au fil des runs. On prend aussi vite goût à la quête d’objets et matériaux qui permettent d’affiner les capacités du héros et par conqéuent le très bon système de combat du jeu.

Bon 

Le studio Spearhead signe avec Stories : The Path of Destinies un très chouette petit livre-jeu dont vous êtes le héros. L'idée d'avoir mélangé la narration pure avec des combats nerveux et un système de progression de personnage est plutôt osée, mais s'avère payante lorsque la réalisation est à la hauteur ce qui est clairement le cas ici. Le jeu évite ainsi l'impondérable du genre, la répétitivité qui ne s'invitera jamais à la fête. Chapeau bas au narrateur du jeu qui redouble d'efforts pour donner vie aux personnages. On regrette cependant que certains éléments de gameplay soient perfectibles, voire inutiles, même s'ils ne gênent en rien l'aventure.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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