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Test : Streets of Red: Devil’s Dare Deluxe

Sorti dans l’indifférence quasi générale fin 2014, le second jeu du petit studio singapourien Secret Base n’a pas connu le succès escompté par son créateur Raymond Teo. Pourtant le monsieur n’est pas un inconnu du jeu vidéo indépendant. Il a tout de même développé Tobe’s Vertical Adventure, un jeu de plateforme en coopération qui avait fait sensation sur le Xbox Live Arcade courant 2011. En tout cas il a jugé bon de ressortir son Devil’s Dare en version Deluxe sur Switch et PS4 en ce début d’année. Une opération qui s’est déroulée non sans problème, puisque pour de sombres histoires de droits d’auteur il a dû retirer en catastrophe quelques personnages empruntés à d’autres jeux de son oeuvre parodique. Mais qu’importe, le voilà enfin entre nos mains. Renommé Streets of Red pour l’occasion, le beat-them-all hommage à la culture jeu vidéo a fait des pif et des paf dans notre Switch et il est l’heure de juger si le portage sur la machine à imprimer des billets verts made-in Nintendo valait le coup.

L’histoire commence un samedi après-midi banal en pleine Benny Arcade Expo : la fête bat son plein, les joueurs découvrent avec en train de nouveaux jeux indépendants quand soudain, des zombies font irruption en ville et commencent à tout bouffer. Le sang des cosplayeurs présents sur la grande scène ne fait qu’un tour et ils se regroupent pour aller tataner du mort-vivant. On retrouve dans l’équipe Kingston, le concierge déguisé en Shovel Knight, Queenie et son toutou qui se prennent pour Terra et son mecha de FF6, Jackson aka Raph des Tortues Ninja et enfin Axel et son cosplay Link du pauvre. Il y a bien d’autres personnages cachés, mais chut, je ne vous ai rien dit. Chapeauté par le mystérieux Ivan, une fée communiste anagramme de Navi (non ce n’est pas un gag), l’improbable gang va devoir survivre à 10 nuits d’horreur pour espérer voir la fin du cauchemar. C’est donc sur un pitch digne des films de Seth Rogen que commence la campagne de ce Streets of Red et l’absurdité parodique ne s’arrête pas là.

L’écran de sélection de personnages passé, le jeu nous explique brièvement ses bases dans un tutoriel ludique. Le leitmotiv est clair : « oubliez tout ce que vous ont fait désapprendre les beat-them-all ces 20 dernières années ». Le jeu se veut un retour à l’arcade, la vraie, celle où l’on claquait nos pièces de 5 francs les unes après les autres pour ne pas perdre la partie à deux doigts du boss de fin. Streets of Red introduit donc un système de vie unique et de mort permanente qui se traduit ici par l’effacement de notre précieuse sauvegarde en cas de mort prématurée. Comme si cela n’était pas assez cruel, chacun des 5 environnements traversés se déroulera en une ou plusieurs nuits et chaque niveau sera plus long et plus difficile que le précédent : le premier environnement se conclura en une nuit par un boss, le second par un mini-boss puis une autre nuit avec le boss, et ainsi de suite. Sadique ? Oui, mais pas insurmontable. Il faut non seulement faire attention à sa vie, mais surtout farmer un maximum d’argent qui permettra de s’acheter des crédits.

Car le jeu n’est pas non plus punitif et proposera aux joueurs de se payer un ou plusieurs crédits supplémentaires… contre dollars et leur coût augmentera à chaque achat. Mais revenons donc au gameplay. Pour amasser du pognon en masse, il n’y a pas d’autre solution que de tuer des zombies, mais pas n’importe comment. Si les coups classiques rapportent quelques pièces d’or, c’est surtout les Fatalités et Massacres du jeu (des coups spéciaux) qui rapportent eux des sacs et coffres plein de richesses. Streets of Red encourage donc les joueurs a n’utiliser presque exclusivement que les coups spéciaux des héros et c’est bien là qu’il frappe le plus fort. Chacun des coups consomme plus ou moins d’une barre d’énergie qui se recharge petit à petit. Chacune des fatalités est vraiment cool non seulement à voir, mais également à réaliser, le jeu offrant d’excellentes sensations d’impact et les besoins en énergie des premiers coups forts n’étant pas élevés, on passe beaucoup de temps à envoyer tout le monde dans le décor et a récupérer des dollars.

Parodie oblige, chaque héros du roster possède une palette de coups inspirée par le personnage cosplayé : la pelle de Shovel Knight, les « beams » de l’armure Magitek, Link et son grappin son autant de clins d’oeil assumés par le développeur. Et encore, il a dû en retirer, car il n’avait pas le droit d’utiliser par exemple le Runner de Bit.Trip… Les boss sont eux aussi ultras référencés, de Jason à Alien en passant par La Mouche et un certains Mister J qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Jim Sterling, ancien journaliste de Destructoid réhabilité en critique YouTubeur. Bref, c’est un voyage dans la geek-culture des années 90 à nos jours que propose le jeu, dans la joie la bonne humeur et l’horreur. Le bestiaire est lui un peu léger avec seulement une dizaine d’ennemis différents, mais tous uniques, mention spéciale à la fille qui crache son bébé sur nous, charmant. Les environnements traversés sont eux des grands classiques des films d’horreur, du train aux égouts en passant par une route lugubre, il y en a pour tous les goûts.

Pour parfaire son jeu, Secret Base a rajouté des compétences qui viennent booster les coups des personnages a acheter entre les niveaux. On peut même acheter des tokens qui permettent de reprendre au début de la dernière nuit en cas de mort, mais attention à ne pas dépenser tout l’argent, il pourrait s’avérer utile avant la fin de l’aventure… surtout que le dernier boss est assez retors, en tout cas pour un seul joueur. Heureusement, Streets of Red se joue aussi et surtout en coopératif local à deux ou plus et c’est là qu’il montre tout son potentiel. On retrouve le plaisir du Streets of Rage des mercredis après-midi avec les amis devant le tube cathodique ! La musique et le look du jeu y font pour beaucoup et même si certains n’acrrocheront pas aux 50 nuances de gris et rouge du jeu, on ne peut lui reprocher une certaine originalité ici aussi. Techniquement, on notera quelques bugs de chevauchement de textures et de collisions certes rares, mais qui peuvent conduire au rechargement d’une sauvegarde dans les cas extrêmes.

Bon Obligé !

Alors au final, Devil's Dare méritait-il une réédition sur Switch et PS4 ? La réponse est oui, ne serait-ce que parce que la transposition de son concept de mort permanente au genre beath-them-all reste originale aujourd'hui. Et puis, presque personne n'y a joué sur PC, on l'accueille donc avec grand plaisir sur consoles pour quelques soirées de franche rigolade avec des amis. Simple d'accès au premier abord, Streets of Red: Devil's Dare Deluxe dévoile rapidement un gameplay plus profond, des personnages tous attachants et complémentaires ainsi qu'une progression qui en surprendra plus d'un. Enfin, si vous êtes férus de culture jeux vidéo (NDLR : si vous lisez Console Toi, on n'en doute pas), vous ne pourrez qu'avoir le sourire aux lèvres en découvrant les héros, les boss, leurs différentes phases et toutes les autres références employées par le développeur. Tout ça pour une moins d'une dizaine d'euros, c'est cadeau !

Jeu testé sur Switch à partir d’une version fournie par le développeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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