Wii U

Test : Super Mario Maker

Allez entre nous, c’est bon il y a prescription on peut se l’avouer, qui n’a jamais rêvé de triturer les niveaux de The Lost Levels étant plus jeune ? Qui n’a jamais eu envie de rajouter un petit bloc sous ses pieds à un endroit précis dans l’un des jeux de plateforme 2D de Nintendo ? Et bien c’est désormais possible avec Super Mario Maker, la machine à créer des platformers développée par les génies du genre à Kyoto. Et il faut dire qu’il marche fort ce « nouveau » Mario puisqu’on compte déjà plus d’un million de conquis. Entre les amateurs découvrant le monde du level-design, les génies révélés par leur talent et les simples consommateurs, faisons le point sur un titre somme toute assez assez étrange… et ses joueurs.

Jusqu’à peu, pour modifier ou créer des niveaux dans l’univers du plombier moustachu, il fallait un minimum de connaissances en programmation pour pirater et détourner les jeux New Super Mario Bros sur DS ou Wii. Et cela a donné des résultats plutôt bons ces dernières années comme New Super Mario Bros. 2: Doki Doki Panic! Edition ou le remake d’un certain Mario Forever. D’ailleurs, ce dernier était déjà un projet de fans développé sur PC avec une partie des sprites de Super Mario All-Stars et quelques ajouts externes. Enfin bref, cela fait un bon moment que les gens s’essayent au level-design dans le monde de Mario sans pour autant bénéficier des outils adéquats, l’arrivée d’un « hack » officiel promettait donc beaucoup.

Et en effet, Nintendo met le paquet pour son Super Mario Maker, d’un côté un éditeur de niveaux complet et intuitif (on y reviendra) et de l’autre une sorte d’explorateur de créations en ligne classées par date, popularité et par créateur. Ici tout est fait pour faciliter la navigation du curieux souhaitant picorer les créations des autres. D’un clic de bouton, on peut consulter les derniers niveaux postés par les joueurs, avoir un aperçu desdits niveaux et des étoiles qu’ils ont récolté (l’indice de popularité de ceux-ci). L’interface est claire, simple, on peut même commenter directement sur le Miiverse, pratique. Et surtout, surtout, une fois que l’on clique sur démarrer, on arrive quasi sans temps de chargement en jeu.

Une fois dans la partie, vous vous en doutez, le plombier se comporte exactement comme dans les anciens jeux, Mario aura la même tendance à déraper dans un niveau Super Mario Bros que sur la NES originale, il se contrôlera en vol de la même manière que dans un Super Mario World sur SNES, etc. Seule petite permissivité de la part des développeurs japonais, l’ajout de personnages issus d’univers de Nintendo et d’autres développeurs et éditeurs déblocables via des amiibo et ayant chacun une ou plusieurs capacités (100 au total comme Zelda, Pac-Man, Pokémon, Sonic etc.). Pour le reste, on est en terrain connu pour peu qu’on ait déjà pratiqué les anciens titres de la saga, on retrouve donc rapidement ses marques.

Que l’on soit connecté, ou coupé du monde au fin fond de la Corrèze avec nos créations et la centaine de niveaux tutoriels fournis par Nintendo, on peut s’essayer au mode « challenge des Mario », un mini-monde composé de 8 niveaux ou plus tirés aléatoirement en ligne ou parmi le pack disponible et se terminant forcément par un château Bowser, le tout à accomplir en 10 vies en solo ou 100 vies en ligne. Pour le joueur occasionnel, ça reste le meilleur moyen de s’amuser rapidement dans Super Mario Maker. On débloquer rapidement un mode expert avec des niveaux bien ardus qu’il est possible de zapper sur simple demande. Efficace. Si côté gameplay, c’est un sans-faute le tout étant codé en dur, il faut bien reconnaître que lorsqu’il est question de s’essayer au level-design,

Hélas, on ne s’improvise pas Shigeru Miyamoto en quelques heures. Et c’est cette terrible réalité qui nous saute au visage lorsqu’on commence une session découverte sur Super Mario Maker. Lors de toutes nos parties, on peut dire qu’on a réellement eu 1 bon niveau sur 20, la plupart se résumaient juste en un assemblage d’ennemis et de plateformes sans vraie cohérence. Il en va de même de la structure des niveaux, sans queue ni tête, sans véritable recherche, comme si les joueurs envoyaient leurs créations en ligne dès le premier jet, sans essayer de mieux faire. Si c’est agaçant passé les premières minutes, cela en devient vite pénible et je ne compte plus les niveaux zappés parfois à la chaîne dans un « challenge des Mario » tellement ils étaient punitifs et en devenaient impossible à finir sans les éditer.

Heureusement, au beau milieu de cette fange nauséabonde, on arrive parfois à tomber sur de véritables pépites qu’on s’empresse de bien noter et où on prend le réflexe d’aller ajouter le créateur à ses favoris, histoire de suivre ses nouveautés au fil du temps. Mais alors pourquoi tant de déchets parmi tous ces niveaux ? Certes tout le monde n’est pas apte à comprendre la subtilité du level-design d’un plateformer 2D, mais on constate avec étonnement que Nintendo a omis d’intégrer au jeu la possibilité de relier les niveaux entre eux et créer des mondes. Peut-être cette fonctionnalité aurait-elle permis plus d’implication dans le jeu de la part des créateurs et l’envie de structurer, organiser et créer une continuité dans les niveaux.

Va savoir ! En tout cas c’est bien dommage, surtout que toute la partie création est fichtrement bien foutue. Non seulement on a un éditeur WISIWYG très confortable à l’utilisation et bourré d’aide contextuelle, mais et c’est très malin, le contenu se débloque au fur et à mesure de l’utilisation de l’outil de création et du jeu. On démarre avec les éléments de base qu’on peut trouver dans le niveau 1-1 de Super Mario Bros et on récupère bientôt des plateformes volantes, de Lakitu, et ainsi de suite pour au final se retrouver avec tout le bestiaire de Mario à disposition et même plus encore (les effets spéciaux, les pattes de chat, le mini-jeu des mouches à claquer et j’en passe).

Cette progression toute en douceur est vraiment une idée géniale qui évite que les joueurs prennent peur dès le début face à toutes les options de design qu’offre le jeu. De même, l’éditeur offre des dizaines de pages d’aide sur tout ce qui le compose et de vrais conseils de level-designers pour élaborer des niveaux intéressants qu’on aurait envie de lancer et relancer. Enfin, grâce à la fonction téléchargement, il est encore plus simple de s’inspirer ou modifier les niveaux des autres, de les sauvegarder en local et pourquoi pas de republier ces créations assaisonnées à votre sauce en un clic, brillant.

Bon Obligé !

Malgré une utilisation décevante de son éditeur par la majorité des créateurs en herbe et l'impossibilité de lier des niveaux entre eux pour créer des mondes, Super Mario Maker offre un contenu absolument gargantuesque et un incroyable outil d'apprentissage aux plus sérieux des level-designers juniors pour qu'ils puissent ainsi laisser libre cours à leur imagination et créer des pépites pleines d'originalité. Du point de vue des consommateurs de plateforme qui veulent juste jouer, même s'il faut souffrir sur certains niveaux pour pouvoir en découvrir d'excellents, on vous recommande chaudement ce jeu à la durée de vie presque infinie. Et puis, que les amateurs du moustachu se rassurent, Super Mario Maker ne signifie pas la mort des jeux Mario en 2D, au contraire il prouve que rien ne vaut l'expertise de Nintendo en matière de design et l'on reprendra volontiers part aux futures aventures originales du plombier italien.

Jeu testé sur Wii U à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien

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