Switch

Test : The Adventure Pals

Qui aurait pu croire que le destin funeste des productions vidéoludiques en Flash allait catapulter trois développeurs indépendants solitaires à la conquête d’Unity et des bons gros jeux PC qui tâchent. C’est en tout cas l’histoire de Massive Monsters alias Julian Wilton, Jimp et Jay Armstrong, les sympathiques compères que nous avions pu interviewer pendant leur campagne Kickstarter. Ils nous avaient parlé de leur succès Super Adventure Pals et de la difficulté d’en faire une réétude. Deux ans et demi plus tard, le duo accouche enfin de son jeu de plateforme The Adventure Pals et nous ne résistons pas à l’envie de nous y essayer, ne serait-ce que pour répondre à la question qui nous turlupine depuis 2016 : sera-t-il plus que le simple fantôme d’une ancienne gloire d’Armor Games porté sur PC ? Pour y répondre, enfilons notre sac à dos, n’oublions pas le paquetage du héros soit une girafe-hélicoptère (what else ?) et une épée en bois et en avant pour une grande aventure au royaume des bons sentiments et de l’humour absurde !

Conçu comme une revisite de Super Adventure Pals, le jeu reprend les fondamentaux de ce gros succès Flash de 2012. Si vous n’y aviez pas joué à l’époque ou que pour vous Flash c’est juste le nom d’un super-héros, petite piqure de rappel nécessaire : dans la peau d’un garçon armé d’une épée en bois et d’un entrain sans faille, vous allez devoir botter les fesses d’un super méchant, Mr B., et ses sbires dans différents niveaux colorés mettant à contribution la dextérité du héros qui devra sauter et grimper le long de plateformes. Le bonhomme ne partira toutefois pas seul à l’aventure puisqu’il sera accompagné par une adorable girafe et un caillou qui parle. Oui, tout va bien. Dans ce nouvel épisode donc, le garçon reçoit la girafe en cadeau le jour de son anniversaire juste avant d’assister au kidnapping de son grand-père par l’abominable Mr. B. Ni une ni deux, le garçonnet prend son courage à deux mains et décide de voler au secours du « Papa » et accessoirement du monde entier. Le joueur va vite découvrir que le démoniaque Mr. B est bien décidé à transformer tous les humains en hot-dogs pour des raisons assez mystérieuses.

Il faudra donc libérer une à une les 5 contrées visitées (campagne, désert, monde aquatique, etc.) du joug de l’ennemi. Pour ce faire, on devra récupérer 5 rubis dans 5 niveaux subdivisés en 5 sous-niveaux pour débloquer l’accès au boss de chaque monde en plus de quêtes annexes demandant de trouver un objet dans un niveau. Vous suivez ? Le jeu met donc la plateforme à l’honneur dans un game design très proche de ce qui se faisait sur Flash. Pas de niveaux à embranchements ni de mécaniques compliquées, on saute, on grimpe sur des parois et on parcourt en quasi ligne droite chaque niveau. Les seuls accès annexes permettent de dénicher les cupcakes et stickers disséminés ici et là. Pour combattre, le héros peut utiliser son épée, des bombes de plusieurs types (collantes, à fragmentation, poison, transformant les monstres en animaux mignons) et les capacités des « Meilleurs Amis du Monde » du héros. Ainsi, la girafe permet de terminer un combo d’attaque en attrapant un ennemi pour l’envoyer valdinguer dans le décor. Mr. Rock, lui vole autour du jeune héros et tabasse tout ce qui passe dans son orbite.

Ses capacités pourront même être élargies à l’aide d’un système d’upgrades de personnage très classique et peu significatif sur le long terme. On passe donc le plus clair de son temps à matraquer des monstres difformes. Ce bourre-pif a beau être brouillon, il est plutôt jouissif grâce à des retours visuels et auditifs de bonne facture. Malgré cela, c’est à peu près tout ce qu’on fera pendant le jeu, sauter, glisser, débloquer des passages à l’aide d’interrupteurs, ouvrir des coffres et taper sur toujours plus de bestioles. Ajoutez à cela un level design sans surprise car trop fidèle à l’esprit « production Newsgrounds » et un manque de challenge pendant la quasi-totalité de l’aventure et vous obtenez un jeu finalement assez répétitif qui offre tout son gameplay durant la toute première heure de jeu et le recycle ensuite en changeant juste le look de l’environnement. Le jeu se paye même un portage Switch douteux car pas adapté à la taille de l’écran, de nombreux assets et textes étant presqu’illisibles (notamment les piques dans le sol) ce qui plombe d’autant le plaisir de jeu.

Décevant, surtout que tout le reste fonctionne très bien. Le design du jeu tout d’abord, très dans l’esprit Cartoon Network ou chaque personnage à une gueule cassée, déstructurée (y compris le héros) et où l’on côtoie des étrangetés uniques qu’on est sûr de ne croiser nulle part ailleurs. Les animations de pantin de bois sont aussi de toute beauté. Mais ce sont surtout les lignes de dialogues débiles allant avec des quêtes tout aussi stupides qui font de The Adventure Pals un jeu à part : libérer Lady Pancake du royaume des toasters, trouver le bas de bikini d’une baleine, aller chercher la dope d’un groupe de renards hippies, etc. etc. Le jeu regorge de dialogues plutôt bien écrits et est bourré de bons sentiments ce qui en fait un jeu partage en famille parfait. Surtout qu’il propose un mode coopératif en local du tonnerre très permissif qui ne laisse personne à la traîne, ce qui est assez rare pour être signalé ! On regrette juste une collaboration avec des Hyperduck Soundworks pas au sommet de leur art, les morceaux tournant rapidement en boucle.

Moyen

On ne peut qu'avoir un avis partagé devant The Adventure Pals. D'un côté, le jeu est réellement original avec son look Cartoon Network qui détonne, ses personnages débilo-attachants, des dialogues très fins, toujours drôles et sublimement documentés. Mais c'est lorsqu'on touche à son gameplay de près que le bât blesse. On sait que les développeurs ont revu quelques fois leur copie en cours de route et on espérait vraiment que cela allait aider à gommer l'esprit "petit jeu Flash" qui lui collait aux basques. Le titre en reste malheureusement trop imprégné pour être apprécié sur la durée. On arrive très vite aux limites de sa proposition et à moins de le grignoter pendant de courtes périodes, il faudra s'armer de courage (ou d'un pote de coop) pour arriver au bout sans un arrière-goût d'amertume.

Jeu testé sur Switch à partir d’une version fournie par le développeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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