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Test : The Long Journey Home

Ah la bonne vieille roublardise de la publicité mensongère, ça faisait longtemps ! Non c’est vrai quoi, The Long Journey Home c’était un bon gros paquet de promesses excitantes pour tous les space fans comme moi. Surtout qu’avant d’attaquer le test du jeu, je venais tout juste de terminer les 7 saisons de Star Trek: Voyager, dont le pitch fait écho au jeu, un vaisseau en perdition à l’autre bout de l’univers qui tente de rentrer chez lui. J’étais donc dans les meilleures conditions pour attaquer le premier bébé de Daedalic West, le tout petit studio créé à l’occasion des 10 ans de l’éditeur allemand spécialisé dans les jeux d’aventure. Seulement voilà, une fois que la partie commence, l’émerveillement laisse rapidement place au désespoir. Explications.

The Long Journey Home est donc sur le papier un jeu mélangeant exploration spatiale et RPG dans un univers généré procéduralement. On y dirige un équipage de quatre personnes à bord du premier vaisseau humain capable de naviguer au-delà de la vitesse lumière dans l’espace connu. Son objectif initial : rejoindre Alpha du Centaure. Hélas, un incident en hyperespace le propulse à plus de 37000 parsecs de la Terre. Un long voyage de retour commence dans une zone non répertoriée peuplée d’extra terrestres pas toujours amicaux. Notre but sera de maintenir en l’état le vaisseau en extrayant des ressources du sol des planètes à l’aide d’un « lander », de se réapprovisionner en carburant indispensable à notre survie et de faire du networking avec les races aliens. Tout un programme à mi-chemin entre Out There et FTL.

Pour trouver de l’originalité au jeu, il faut regarder son moteur de navigation dans un système solaire. A chaque saut dans l’espace on débarque dans un nouveau système en orbite autour de son soleil. Le vaisseau est matérialisé par un triangle et une trajectoire qu’il faudra ajuster à l’aide du stick et de la gâchette droite pour rejoindre une orbite et utiliser le pilote automatique au bon moment pour s’y maintenir ou au contraire s’en expulser. Dans la pratique, c’est le premier gros point noir du jeu. Ce système de trajectoire et de gestion de la poussée est illogique et ne fonctionne pas bien, malgré toutes nos tentatives pour y aller en douceur on se retrouve à passer au-dessus de la planète et à perdre des points de bouclier. Ca commence bien. Une fois en orbite, on analyse les données sur l’atmosphère, la gravité, la température et la surface de l’astre que l’on surplombe.

On décide ensuite d’y envoyer notre petit explorateur pour aller miner le sol ou récupérer des artefacts aliens s’il y en a à la manière d’un Terraria. Ne vous attendez pas à des ressources foisonnantes, il n’y a qu’un ou deux pauvres points d’intérêt sur la zone explorée. Je ne sais pas si Daedalic West considère ça comme partie RPG du titre, mais ces ressources extraites (minerai, gaz, matière exotique) peuvent ensuite entre injectées dans le vaisseau pour le réparer, car il subit des avaries aléatoirement. Le gaz sert de carburant nécessaire à la poussée et tout simplement aux systèmes de survie, plus de carburant = Game Over (?!). Enfin la matière exotique permet le saut spatial. Des mécaniques vraiment simplistes. A noter qu’en cas d’extrême urgence il est possible comme dans Elite Dangerous de raser un soleil pour récupérer ce précieux sésame, mais ce n’est pas sans risque.

Non parce que comme si les pannes à répétitions qui nous sont arbitrairement imposées par le jeu ne suffisaient pas, on doit aussi se taper la gestion un peu bête du personnel qui va tomber malade à cause des radiations ou des rencontres avec des étrangers, se casser un bras dès que l’on fait un atterrissage en catastrophe avec le module d’exploration, etc. Et là c’est pire, on ne peut pas crafter de médicaments, il faut soit en acheter sur de rares stations spatiales ou hôpitaux trouvés sur notre route, soit espérer qu’un gentil E.T. passe par là et nous fasse un joli cadeau. The Long Journey Home nous fait plus subir qu’agir, on a l’impression de se retrouver devant un simulateur de mort programmée et c’est rapidement pénible. Dans les autres  côtés mouaif de gameplay, on pourrait également citer les combats façon batailles navales qui nécessitent un positionnement au poil d’un vaisseau beaucoup trop lent face à des ennemis trop véloces.

A la boucle de gameplay de 30 minutes pas franchement intéressante et qui se répète indéfiniment, il faut également jongler avec une interface ignoble et datée qui fait passer les dungeon crawlers sur Amiga pour des exemples d’ergonomies. Ici on peut clairement parler de foutage de gueule, les menus sont hideux et jamais harmonisés, le mapping des touches et boutons est incohérent, le même bouton va tantôt utiliser notre poussée de manière raisonnable, mais dans un autre écran gaspiller nos ressources en carburant bêtement, où est la logique là-dedans ? La gestion du vaisseau est incompréhensible. Ah oui, j’allais oublier la carte stellaire qui nous impose un curseur noir sur fond de vide spatial… sombre. Pas de commentaire. A noter que la plupart des screenshots éditeurs du jeu ne sont pas le reflet d’un jeu qui a été méchamment et salement downgradé dans la version que nous avons entre les mains.

On a vraiment du mal à comprendre comment le jeu a pu être repoussé 6 mois et sortir dans un état d’alpha aujourd’hui. On termine avec les interactions entre l’équipage et les aliens. Elles se résument au dialogue ou au combat. Lorsque l’on entame la discussion, le jeu nous propose des interactions dignes des jeux d’aventure des années 80 sur Amstrad : on navigue dans un menu encore une fois très moche et on se contente de leur donner des mots dont ils se foutent 90% du temps. Et lorsqu’ils nous répondent, il faut s’estimer heureux si les dialogues sont traduits, car les développeurs ont manifestement oublié un bon paquet des lignes de texte dans leur adaptation française. Ces phases n’ont donc que peu d’intérêt, la seule interaction intéressante étant la toute première ligne de dialogue et le choix que l’on doit faire : accepter un cadeau, autoriser la fouille de notre vaisseau et j’en passe.

Ces choix serviront de curseurs pour modifier le comportement de l’IA envers nous pendant la durée de notre run. Là encore, aucune indication particulière de ce qui parait être juste pour nous. On comprend bien que le but est de se sentir perdu dans un espace aux lois différentes du nôtre, mais si nos actions même les plus anodines sont immédiatement punitives (comme certaines quêtes à accomplir qui changent radicalement le comportement d’autres races qui ne sont même pas au courant de nos agissements…), cela nuit à l’envie de continuer. En clair, ce système de jeu est au mieux maladroit, au pire un trait d’amateurisme. Pour terminer sur une petite note positive, il faut reconnaître que la bande originale du jeu est soignée et parfaitement raccord avec le thème de l’épopée spatiale. De même l’ambiance sonore générale est maîtrisée. Enfin le jeu nous surprend parfois par de magnifiques angles de caméra lors des rencontres avec des vaisseaux étrangers.

Mauvais

Je suis colère ! Comment peut-on sortir un titre dans cet état ? The Long Journey Home est un scandale et je pèse mes mots. Les bugs en moins, le jeu est à un stade de développement qui aurait mérité encore au moins 6 mois de maturation et d'équilibrage pour être un minimum appréciable par le commun des mortels. Et encore, la mécanique de navigation longtemps mise en avant par les développeurs dans les vidéos et sur les salons ne fonctionne tout simplement pas. Si on ajoute à cela la pauvreté du gameplay dans sa globalité, une IA qui n'en a que le nom et un titre qui n'a pas compris qu'en écoeurant le joueur il n'allait surement pas y revenir, on obtient un jeu raté, complètement à côté de la plaque. Loin, très loin de ses promesses à la fois d'exploration et de RPG, on ne voit vraiment pas à qui conseiller ce jeu si ce n'est aux développeurs qui auraient peut-être dû repasser par la case playtests avant de le balancer dans la nature. A ce niveau on ne peut même plus parler de déception.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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