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Test : Tower 57

Si je vous dis changement de disquettes en plein milieu d’une scène cinématique, modtrackers et chargements interminables vous pensez immédiatement à l’Amiga n’est-ce pas ? Ce micro-ordinateur iconique des années 90 est le symbole de toute une génération de graines d’informaticiens plus intéressés par le fun qu’il procurait que par le sérieux du PC. Il y avait ceux qui se sont arraché les modèles 500, les riches qui cranaient avec leur 1200 et ceux comme moi qui ont eu la chance de tâter la puissance de l’Amiga 4000 en faisant du rendu Real 3D sur la bécane. Ah quelle belle époque ! L’Amiga fut aussi et surtout la machine qui accueilla de grandes licences comme Lost Vikings, VROOM ou encore l’immense The Chaos Engine. Et si j’évoque non sans une larme à l’oeil ce joli bébé c’est qu’un développeur s’est mis en tête de faire un jeu hommage à The Chaos Engine répondant au doux nom de Tower 57 et c’est notre test du jour.

Le run and gun c’est un peu la marque de fabrique de l’Amiga, alors il ne fallait pas se planter en s’essayant à l’exercice. Aussi les développeurs allemands de Benitosub ont multiplié les détails pour donner du coffre à leur création, à commencer par son scénario. Dans Tower 57, vous prenez les commandes d’une escouades d’individus télécommandés par une mystérieuse organisation et envoyés infiltrer la tour 57, symbole de l’opulence d’une corporation adverse dans un monde dieselpunk où les restes de la population mondiale s’entassent dans ces immenses bâtisses. Leur quête les mènera jusqu’aux plus hautes sphères et ils y découvriront un secret bien gardé. Après avoir fait connaissance avec l’univers, on nous invite rapidement à sélectionner un trio infernal parmi les 6 personnages jouables, chacun ayant une arme unique (mitraillette, lance-flamme, fusil électrique, etc.) et des gadgets également originaux permettant par exemple de ralentir le temps.

Ce n’est pas la seule caractéristique de nos héros, non. Ils disposent tous de membres interchangeables et qui pourront se mettre à jour via des bornes prévues à cet effet pour gagner en puissance, énergie vitale ou vitesse. Les ennemis eux sauront trouver le moyen de vous les déchiqueter, vous obligeant à vous trainer jusqu’à la station de rechange la plus proche pour procéder à une intervention chirurgicale d’urgence. En cas de mort, vous switchez directement sur le personnage suivant et devrez courir après les orbes d’ambre qui servent de monnaie d’échange pour ressusciter vos collègues tombés au combat. Le gameplay est arcade et nerveux, on retrouve ses réflexes d’antan à jouer avec la caméra pour éviter de se mettre dans la ligne de mire d’un ennemi hors de l’écran, c’est assez plaisant, tout du moins au clavier-souris. Car les joueurs manette sont bien moins servi avec des inputs du second stick qui sont annulés par les mouvements au premier.

Ainsi, pour pouvoir tirer dans tous les coins, il faut rester immobile. Un bug très gênant qui n’est toujours pas corrigé à l’heure actuelle. Autre problème old-school, les checkpoints mal placés qui sauvegardent votre partie généralement au mauvais moment empêchant un retour en arrière qui aurait pu permettre de se refaire une santé. Résultat : on passe pas mal de temps à pester contre le jeu qui nous laisse affronter un boss avec 2 points de vie et 4 balles dans le chargeur. Surtout qu’en plus, le titre aurait clairement pu distiller ses points de sauvegarde sur la durée vu qu’il n’est pas bien long : comptez 3 heures pour faire le tour des 4 niveaux autour du gigantesque hub finalement bien vide… Le coop à deux rajoute une dimension « bordel à l’écran » qui peut occasionner un gap artificiel de difficulté, car les ennemis font eux toujours aussi mal. Malgré un bestiaire bien rempli, le jeu se mange de gros souci de rythme, laissant présager pas mal de choses pour en fait nous expédier tout ce qu’il a à offrir en une poignée d’heures.

Une déception, car Tower 57 sait se faire charmeur lorsqu’il nous prend par les sentiments : vue 3/4 copiée-collée depuis les meilleurs titres du genre, graphismes 16 bits sublimes, animations soignées du décor ou des personnages, particules et éléments destructibles à gogo… Franchement l’effet flashback est garanti jusqu’à la petite dose d’humour qui va bien. Les environnements visités sont eux tous uniques de par leur palette de couleur et vastes, même si on se retrouve toujours à appuyer sur des boutons ou nettoyer une salle pour déverrouiller la prochaine porte. Le jeu est bavard dans ses dialogues et son lore distribué à tous les coins de rue. Il s’offre même le luxe de quelques voix digitalisées retravaillées façon rétro pour coller à l’ambiance. Enfin la bande originale très réussie fera écho aux classiques du tracking de l’époque Amiga (mais n’égalera jamais le génial Space Debris de Captain).

Moyen

Manque d'ambition ou développeurs rattrapés par un budget Kickstarter trop serré ? En tout cas le fait est qu'on arrive hélas trop rapidement à la conclusion de Tower 57 et c'est d'autant plus rageant que le titre est un vrai petit bijou dans tout ce qu'il fait de rétro. Feeling arcade proche de son père spirituel The Chaos Engine, graphismes qui ont tout compris à la machine à hits dès années 1990 et un arsenal généreux au service d'une histoire qui aurait mérité d'être rallongée. Si on ajoute à ces regrets un twin-stick qui n'en est pas un à cause d'un bug, forçant à jouer au couple clavier-souris pour ne pas ronger sa manette et ses checkpoints injustes, on obtient un tout "moyen plus" qu'on vous conseille tout de même de faire, ne serait-ce que pour le boulot abattu par des développeurs qui font tout sauf singer paresseusement nos souvenirs d'enfance.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par le développeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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