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Test : Tropico 6

Le temps a dû paraître très long pour les fans de la saga de Tropico ces dernières années. 5 ans se sont écoulés depuis le précédent opus et la licence commençait tout doucement à s’endormir. Kalypso, l’éditeur qui détient la licence, à confié l’élaboration de ce 6eme épisode à Limbic Entertainment. Pour les 18 ans de la série, « El presidente » nous revient en pleine forme et avec de nouvelles ambitions. A l’heure où les jeux de gestion reviennent en force, notamment grâce à des titres comme Two Point Hospital, que vaut dorénavant aujourd’hui la licence Tropico en 2019 ?

Pour commencer à répondre à cette question, penchons-nous sur le gameplay et les fans d’El Presidente seront en terrain connu. Dans Tropico 6, vous devez toujours être sur tous les fronts pour conserver votre titre. En fonction de l’époque jouée (coloniale, guerres mondiales, guerre froide et enfin les temps modernes) différents bâtiments et choix vous seront proposés et ce, quelques soit les paramètres de votre partie. Il faudra toujours satisfaire les électeurs, contenter les différentes factions (capitalistes, communistes, écologistes …) qui feront appel à vous via des quêtes, gérer vos ressources ainsi que vos routes commerciales. Si vous ajoutez à tout cela une bonne dose de caricature, vous obtiendrez la recette de base de la série. Tropico 6 ne vient pas bouleverser cette recette. Premier changement, le fait de pouvoir personnaliser El presidente et son palais. Il ne tiendra qu’à vous de choisir une femme dictatrice, avec son look à elle. On apprécie l’effort mais étant donné qu’on ne voit presque jamais le dictateur que l’on contrôle, cela n’a que très peu d’impact.

La plus grosse nouveauté consiste en la présence d’archipel, ce qui vous permettra de gérer votre nation via plusieurs îles. Ainsi, on peut désormais concentrer la production industrielle ou le tourisme sur une île à part. Il vous sera donc demandé de bâtir des ponts, des tunnels ou des quais pour permettre la bonne circulation des marchandises et des personnes entres ces différents îles. Cette dimension amène de nouvelles problématiques. Ainsi, vous devrez créer des logements à proximité des lieux de travail de vos citoyens. Si cette idée peut paraître viable sur le papier, elle l’est beaucoup moins dans les faits, la faute à une gestion assez opaque du fonctionnement de cette mécanique. De manière plus générale, le fait de gérer les logements de votre île s’avère assez frustrant et nous y reviendrons. Autre nouveauté apportée dans ce 6eme opus, le fait de pouvoir voler des plans de merveilles pour les construire sur votre archipel. Vous aurez le choix entre la Tour Eiffel, la Porte de Brandebourg et bien d’autres merveilles qui vous apporteront des bonus spéciaux sur certains aspects du jeu. Encore une fois, on apprécie l’effort mais cela n’a que très peu d’impact sur le gameplay d’une partie… quelques heures au mieux cela fait figure de mise à jour. Dernière nouveauté au programme : le négociant. Ce dernier vous permettra d’utiliser vos fonds propres issues de votre compte en Suisse afin de débloquer certaines améliorations ou d’échanger votre argent contre des dollars pour votre état de Tropico. Ajouté à cela une légère refonte de l’interface et c’est tout ce que Tropico 6 nous propose comme nouveauté. Cela fait maigre, surtout pour une recette qui n’a que très peu évoluée depuis 3 opus. Obligé de constater que le jeu est avare en contenu, il serait temps de passer la vitesse supérieure et de renouveler une formule qui en terme de gameplay a fait son temps.

Comme nous le disions plus haut, en ce qui concerne la gestion pure, Tropico 6 n’est pas exempt de tout reproche. Tout le système de filtres, de bonheur, de commerce, de ressources et de transport est assez opaque voir mal conçu. En effet, les filtres disponibles pour afficher différents paramètres sont incompréhensibles. Par exemple, le système d’habitations qui vous pousse à créer des logements à côté des zone de travail. Il n’existe aucun moyen de vérifier la fiabilité de votre aménagement urbain. Autre exemple, la couvertures des loisirs peut afficher un indicateur vert sur toute la carte mais cela n’empêchera pas vos citoyens de se plaindre d’un manque d’activités. La gestion des routes commerciales est aussi très limitée, ce qui vous poussera à renouveler constamment vos routes commerciales au hasard pour générer plus de revenu car les revenus générés fluctuent en permanence en fonction du marché.

L’indice de bonheur quant à lui reste une énigme pour moi. Vous pouvez perdre 15 points d’influence sur la prochaine élection en 5 secondes et dans le même temps améliorez la satisfaction des tropiquiens sur une sujet comme la santé peu conduire à des situations n’ayant aucune logique. Durant l’une de mes parties, j’ai du mettre une clinique à chaque coin de rue, puis les améliorer pour voir la satisfaction sur ce sujet augmenter seulement de 8 points. En clair, l’ensemble de la micro gestion de vos citoyens et de leur attentes est imprécise et opaque, tout comme la macro gestion. Parfois des ressources n’étaient plus distribuées à mes usines sans que je sois capable d’en comprendre la raison. Ainsi, cet aspect qui reste le cœur du gameplay pour un jeu de gestion reste assez flou dans son fonctionnement, ce qui devient vite frustrant. Comme vu plus haut, le jeu dispose de plusieurs factions qu’il faudra contenter au travers des différentes requêtes, pour éviter de vous retrouver avec un camp à dos et donc une probable intervention ennemie. Une fois la surprise passée, on se retrouve vite avec les mêmes objectifs à faire et refaire qui n’ont pas toujours de sens. Par exemple, démolir des bâtiments que vous venez à peine de créer, car pas de chance sur le timing. De plus, les menus pour interagir avec vos citoyens sont assez mal conçus. Pour vous donner une exemple, durant une partie, j’ai dû démolir une prison car je ne pouvais pas activer une interaction avec un prisonnier pour la quête principale, ni le faire sortir de prison.

Passons maintenant en revue les différents modes proposés par le jeu : nous avons bien entendu le tutoriel pour les joueurs qui découvriront la licence. Les vétérans et joueurs expérimentés pourront passer cette étape, surtout que le tutoriel est bien trop long pour ce qu’il propose. Les missions sont au nombre de 15 et chacune met en avant un élément de gameplay particulier. Que ce soit le tourisme, les relations avec les communistes ou les catastrophes naturelles, chaque mission est unique. On pourra reprocher une gestion de la difficulté aléatoire entre certaines missions. En effet, certaines sont très faciles, tandis que d’autres sont beaucoup plus coriaces, ce qui s’avère problématique lorsque les missions se suivent. Le mode « Bac à sable » quant à lui vous permettra tout simplement de démarrer une partie avec les paramètres que vous souhaitez et de vous amusez sans limites de temps ou d’objectif. Le dernier mode quand à lui est le multijoueur. On ne va pas se mentir, le multijoueur n’est pas vraiment adapté à ce style de jeu et ce mode ne change pas la donne. En multi, après avoir paramétré votre partie, vous vous retrouverez sur un archipel avec 4 joueurs maximum. Vous voilà donc à gérer votre île, tout en regardant l’avancé de vos ennemis sur les îles voisines. En somme c’est comme dans un RTS mais sans l’aspect militaire. Le but ici est d’être le premier à atteindre la condition de victoire (le premier à atteindre 1 million de dollars de trésoreries, 100 000 dollars de trésorerie personnelle, 100 touristes…) ou que les autres joueurs perdent avant vous pour différentes raisons (insurrection, dettes trop importante…). Même si on apprécie l’idée, le Multi n’est pas vraiment adapté à ce type de gameplay. On est plus dans l’ajout de mode sans vraiment créer un véritable Multi adapté à Tropico. Le faible nombre de parties crées par les joueurs limite aussi ce mode.

D’un point de vu technique, le jeu n’est pas exempt de défauts. Ainsi, j’ai déjà eu une partie bloquée car aucune route commerciale avec de l’or n’était pas disponible alors qu’il s’agissait d’une des quêtes principales. J’ai également eu quelques bugs comme par exemple l’outils de création de route qui n’en fait qu’a sa tête, nous obligeant à démolir des bâtiments alors qu’il y avait la place de faire passer une route à côté. De même la gestion de la caméra n’est pas optimale, surtout quand on passe d’une île à l’autre. Pour finir, certains de vos concitoyens ou El Presidente lui même marche parfois à l’envers, étrange. Graphiquement le jeu est assez joli mais sans plus. Les ombres sont parfois assez laides mais tant que vous ne zoomez pas trop pour voir les détails, cela devrait aller. Coté ambiance sonore, c’est divertissant mais très vite répétitif. Après avoir entendu en boucle tous les morceaux de musique, les discours satiriques en provenance des médias et des différentes factions, on tombe vite dans la saturation. C’est notamment pour cela qu’après quelques heures de jeu j’ai décidé de jouer sans le sons.

Mauvais

Au final Tropico 6 fait figure de recette réchauffé sans apporter de véritable innovation. Les quelques nouveautés dispensées manquent d’impact sur le gameplay ou pire n’apporte pas grand chose, comme son mode multi. Entre ses problèmes de filtres, sa micro gestion opaque et sa gestion de la satisfaction parfois hasardeuse, Tropico 6 cumule trop de défauts pour être considéré comme un véritable bon jeu de gestion, surtout en 2019.  Il reste cependant un jeu plaisant et amusant à découvrir pour les néophytes, mais dispensable pour ceux ayant découvert la licence avec le 3e ou 4e opus.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.
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