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Test : Unravel

Si Electronic Arts est souvent reconnu auprès du public pour ses productions musclées (Battlefield, Need for Speed, FIFA et Madden NFL en fers de lance), le géant du jeu vidéo américain crée pourtant l’événement à l’E3 dernier en présentant au beau milieu de sa sacrosainte conférence pleine d’explosions un titre calme, tout doux et baignant dans la mélancolie. Le genre de jeu que l’on a l’habitude de voir germer du côté de la scène indépendante : Unravel. La nouvelle production du studio Coldwood a été immédiatement perçue comme le moyen pour l’éditeur de toucher un tout autre public, il reste maintenant à savoir si le pari est réussi.

Passée la toute première cinématique du jeu qui plante le décor en quelques secondes, Unravel nous met dans la peau d’un petit personnage rouge sang né dans une pelote de laine, Yarny. Notre aventure nous emmènera feuilletter l’album photo d’une famille suédoise endeuillée au rythme de la découverte de différents clichés placés ça et là dans la maison. Ces clichés seront des prétextes pour nous transporter dans des magnifiques niveaux de type plateforme-puzzle présentant chacun une scène particulière (jardin, bord de mer, étendues enneigées, zone de chantier, etc.).

La condition laineuse de notre héros fait qu’il se traine continuellement un fil qu’il déroule dans le niveau, devenant ainsi de plus en plus maigrichon. Heureusement pour lui, quelques checkpoints matérialisés sous la forme de petites bobines de fil sont disséminés dans les niveaux et lui permettent de repartir du bon pied. Les développeurs espéraient surement accentuer l’ambiance larmoyante du jeu avec cette petite fourberie, le chétif Yarny faisant tout pour nous faire comprendre qu’il est fatigué, voire malade, lorsqu’il arrive en bout de fil. Hélas, ça ne fonctionne pas.

Et c’est symptomatique de tout Unravel. Le jeu fait tout pour nous tirer des larmes à grand renfort de souvenirs éthérés où l’on découvre un père de famille aimant qui devient soudainement malade puis finit par mourir. Et si cela ne suffit pas pour vous faire sortir les mouchoirs, le titre joue la carte d’une nature souillée par des produits chimiques. Et bien entendu le tout se déroule devant les yeux d’un héros muet et maladroit qui n’arrête pas de tomber… non vraiment, le jeu use et abuse des codes du chagrin et de la déprime, tant et si bien qu’il procure l’effet inverse au joueur.

Cette mise en scène maladroite est également orchestrée par une bande originale larmoyante et bêtement répétée en boucle durant tout le niveau. Le jeu ne laisse pas cogiter le joueur et n’est donc qu’un puzzle-plateformer de plus. Puzzles, vous avez dit puzzles ? Oui bon j’exagère un petit peu puisqu’ici on se contente de pousser des objets, d’utiliser notre fil de laine pour s’accrocher ou créer des ponts, rien d’extraordinaire. En fait, si l’on enlève son esthétique ma foi très mignonne, le jeu aurait pu être un vulgaire plateformer mobile comme on en voit tant.

La longueur du fil de laine de Yarny est elle un vrai problème de design : si les bobines de laine sont toutes de même volume, la distance que pourra parcourir Yarny après avoir « rechargé » sa laine variera tout le temps. Pourquoi ? Et pourtant il y a quelques idées qui auraient pu être plus travaillées pour les rendre intéressantes, surtout dans la seconde moitié du jeu où quelques puzzles sont efficaces (à défaut d’être compliqués). Malgré cela, je me suis surpris à buter sur des problèmes, car j’imaginais des solutions complexes à réaliser alors qu’il fallait tout simplement raccorder deux bouts de ficelle pour avancer…

En fait on a souvent comparé Unravel à Limbo ou LittleBigPlanet. Je le comparerai plutôt à l’excellent Puppeteer. Même postulat de départ pas très joyeux, même héros muet et anémié, même gameplay épuré à l’extrême. Et pourtant, le jeu de Sony s’en sort avec les honneurs, car lui savait captiver le joueur jusqu’à la toute fin par une mise en scène époustouflante et qui se renouvelle. Ici on attend jusqu’au bout un sursaut du personnage ou du scénario, mais non, rien et on ne se surprend même pas à pester contre le jeu et ses longueurs par moments.

Moyen 

Unravel est tout juste moyen. Coldwood espérait sans doute noyer le trop léger travail de ses développeurs autour des mécaniques de gameplay du jeu dans un océan de tristesse et une morale gratuite autour de la vie, la mort et le respect de la nature. C'est raté. Le titre s'éloigne rapidement de ses pairs et fait partie de ces petits jeux qu'on oubliera immédiatement après les avoirs terminés. C'est bien dommage, car le studio tenait là un personnage attachant et aurait pu tricoter sa laine de bien plus habile façon pour réaliser au final quelque chose de plus qu'un simple plateformer.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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