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Test : Wolfenstein 2: The New Colossus

Passer de simple nom évoqué sur un communiqué de presse discret à la célébrité en un seul jeu, ce n’est pas donné à tout le monde. C’est pourtant ce qu’a su réaliser le studio Machinegames, monté par des anciens de Starbreeze en 2009 et racheté un an plus tard par un Bethesda en quête de renouveau. De cette union naissait Wolfenstein: The New Order en 2014 et avec lui le retour du FPS irrévérencieux. Les Suédois dépeignaient un monde où nazis avaient gagné la seconde guerre mondiale et dans lequel notre bon vieux William B.J. Blazkowicz reprenait du service pour aller botter les fesses d’un professeur complètement fou. Un bon scénario de série B au service d’une claque derrière la nuque comme on n’en avait pas pris depuis un bail. Et les voilà qui remettent le couvert 3 ans plus tard avec The New Colossus. Reste à voir s’il tient la cadence, son aîné ayant mis la barre déjà haut ?

Ne s’embêtant pas de pirouettes scénaristiques rocambolesques pour faire survivre son héros à la bombe atomique, Wolfenstein 2 pose les bases de tout ce qu’il va nous débiter pendant les 10 heures de sa campagne dès les 5 premières minutes de jeu. Oui, « Blazko le Barjo » est plus vivant que jamais et après une convalescence de courte durée, il resigne pour un second round ! Comme les fans pouvaient s’en douter, notre héros accompagné de ses compatriotes du Cercle de Kreisau partiront à la poursuite de Frau Engel, la diablesse blonde de The New Order et ce faisant, tenteront de ranimer la flamme de la révolution dans le coeur des Américains, de Roswell jusqu’à La Nouvelle-Orléans. La campagne est entrecoupée de séquences sur le Marteau d’Eva, le U-Boat saisi à la fin du premier jeu. L’occasion pour le héros d’accomplir quelques quêtes aussi annexes que Fedex.

On passera rapidement sur ces détails pour se concentrer sur le plat de résistance : les nombreuses opérations extérieures. Le gameplay n’a finalement pas beaucoup changé par rapport à l’original. On fait toujours face à une armada de nazis à dégommer dans des espaces plus ou moins restreints. Comme dans le premier Wolfenstein, les développeurs tentent de calmer le jeu de temps à autre en installant des passages d’infiltration légère… et comme dans son aîné, cela ne fonctionne qu’à moitié, la faute à une IA un peu débile qui voit et entend tout, un level design qui ne s’y prête pas plus que cela et un avatar pas très doué pour la discrétion, il faut bien l’avouer. Qu’importe, le titre est avant tout un FPS décérébré aux très bonnes sensations de shoot, surtout grâce à son arsenal dévastateur et un héros très mobile. Un Wolfenstein 1.5 en somme.

Simple mission-pack de l’original ? Cette suite ajoute tout de même son lot de nouveautés : par exemple une amélioration à la Inspecteur Gadget (à choisir parmi trois types au milieu de campagne) permettant à Blazko d’accéder à de nouvelles zones dans l’environnement. Les généraux allemands (à dézinguer en premier pour les empêcher d’appeler des renforts) lâcheront eux des codes à déchiffrer à l’aide de la machine Enigma pour aller dénicher des nazis sur le sol américain entre les missions principales. On appréciera également la possibilité de monter un silencieux sur à peu près toutes les armes du jeu. Par contre on regrette que l’horripilante manie de nous obliger à appuyer sur une touche pour ramasser vie et munitions soit de retour sur cet opus. Encore une fois, cette mécanique casse le rythme du jeu plus qu’autre chose.

Mais ce détail est vite oublié face à la plus grosse qualité du jeu : sa mise en scène. Rarement un jeu vidéo, FPS de surcroit, ne nous avait autant surpris et séduits à ce niveau. En plus des séquences in-game plus Action Man que jamais, les cinématiques sont dignes de véritables productions cinématographiques. Longues, très bien réalisées des angles de caméra inédits dans un jeu vidéo aux petits détails qui fleurissent dans tous les coins, elles sont la preuve de l’amour de ses développeurs pour leur création. Ils s’amusent et abusent de leur joyeux bordel. Ainsi, tout le monde en prend pour son grade, du collabo à l’oppresseur opprimé et cela donne lieu à des séquences d’anthologie comme ces membres du KKK qui se font remonter les bretelles par un soldat de la Wehrmacht ou un casting qui tourne mal sur Venus en compagnie du Führer…

Terminons par l’habillage du jeu. Ici encore, comme dans The New Order et son extension The Old Blood, Machinegames fait un travail d’orfèvre pour rendre réaliste tout cet enfer de métal et d’imprimés rouge et blanc. Les machineries nazies l’architecturent, tout a été minutieusement étudié pour nous plonger dans un univers saisissant de crédibilité, jusqu’à la bande-son composée de standards des années 60 réorchestrés à la mode teutonne et de morceaux plus nerveux écrits par le maestro Mick Gordon. Techniquement aussi, le jeu s’en sort très bien, grâce à une utilisation au poil d’un l’Id Tech 6 mature. Enfin, et c’est assez rare pour être apprécié, Bethesda a fait l’effort sur la VF du jeu avec notamment la voix de Patrick Poivey (Bruce Willis) qui double le héros, un régal !

Bon

Toujours aussi insolent, mais plus grand et bien mieux écrit que son prédécesseur, Wolfenstein 2: The New Colossus est assurément un nouveau trophée clinquant dans le tableau de chasse de Machinegames. En plus d'un FPS bourrin efficace bien que n'évoluant que peu, ils nous livrent une production à la réalisation pour le coup quasi cinématographique qui force le respect. Qui arrêtera les Suédois dans leur quête du politiquement incorrect ? Nul ne le sait et c'est tant mieux ! On a adoré pénétrer une nouvelle fois par la grande porte dans leur univers aussi barré que jouissif et on resignera avec plaisir pour un troisième épisode. On regrette juste que les défauts irritants déjà remontés sur le premier volume soient encore présents sur cette suite. Allez, raus ! Gommez-nous tout ça !

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

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