PC

Test : Yooka-Laylee

Alors que certains allaient rouler des mécaniques à la piscine pour épater les filles le samedi, nos années 90 à nous c’était plus le genre à fermer les volets et nous enfermer dans la chambre tout l’après-midi, les yeux rivés sur le petit cathodique de 56cm. Notre bonheur d’adolescents à nous portait le nom de N64 et le fun que cette machine procurait était sans pareil. On a passé plus de temps sur Goldeneye et Mario Kart que sur nos révisions d’examens. Et je vous parle même pas des fous rires devant LA superproduction de l’époque : Banjo Kazooie, le must du plateformer 3D qui mit tout le monde d’accord à sa sortie en 1998. Drôle, épatant et technique, il avait vraiment tout pour lui. Autant vous dire qu’on a été très tristes de voir Rareware végéter et se faire racheter et renommer Rare par Microsoft pour se retrouver aujourd’hui à développer un jeu multijoueur de… pirates. Mouais, on est tombés bien bas.

La grande aventure de ce petit studio britannique aurait pu s’arrêter là mais c’était sans compter sur la passion Playtonic Games aka. Chris Sutherland et d’autres ex-Rare qui lancèrent en 2015 le Kickstarter pour un nouveau jeu de plateforme 3D à l’ancienne : Yooka-Laylee. Successeur spirituel de Banjo s’il en est, le jeu propose de suivre un nouveau duo, un caméléon et une chauve-souris dans une aventure à la recherche de pages d’un livre d’or, les mignonnes Pagies subtilisées par Capital B, un businessman peu scrupuleux. Oui, vous aussi ça vous dit quelque chose tout ça n’est-ce pas. Les développeurs ne se cachent pas de leur inspiration, ils veulent même revendiquer une appartenance à cette époque pas très sérieuse ou plateforme à la caméra folle et collection d’objets cachés dans l’environnement se mariaient à la perfection.

Pas étonnant donc qu’au-delà de ses protagonistes, le jeu emprunte tout ou presque à son arrière-grand-père. A commencer par la maniabilité et les pouvoirs des deux animaux. Yooka peut se mettre en boule pour foncer, attraper des papillons avec sa langue pour récupérer de la vie, cracher des objets et tourbillonner autour de ses ennemis comme un certain marsupial qui revient lui aussi cette année sur le devant de la scène. A ses côtés, ou plutôt juchée sur le haut de son crâne, l’acide petite chauve-souris Laylee se fera un plaisir d’aider le gros lourdaud en le faisant sauter, voler et planer. Voilà pour les attributs de base de nos héros qui viendront se compléter par des techniques annexes (écrabouillage d’ennemis, langue grappin, invisibilité temporaire, etc.) acquises auprès de Trowzer, un serpent roublard vissé à son téléphone.

En bonus, chaque stage contiendra la machine infernale de Dr. Puzz qui accordera, si alimentée par une Molécool, la possibilité de triturer notre ADN pour se transformer en un personnage supplémentaire, de la plante qui peut nourrir ses congénères à l’hélicoptère qui fera office de taxi pour certains PNJs. Chacun aura son utilité et permettra de récupérer une ou plusieurs Pagies. Enfin, toujours au registre des modificateurs de gameplay, Vendi la machine automatique vous octroiera des bonus passifs au fur et à mesure de vos exploits en jeu. Le jeu vous invite ainsi toujours à découvrir de nouvelles choses et accessoirement à revisiter les mondes déverrouillés précédemment. Parlons donc des différents environnements à explorer. Ils sont au nombre de 6 en plus de la Ruche, le hub du jeu qui connecte entre eux les livres-mondes.

De la jungle luxuriante à une galaxie entière en passant par un niveau de glace et bien d’autres encore, le jeu joue la carte de la variété. Surtout que chacun met l’accent sur une phase de gameplay en particulier. La jungle en guise d’introduction au jeu vous demandera de sauter et crapahuter sur de hautes montagnes, le glacier mettra lui vos talents de plongeur à rude épreuve et ainsi de suite. Les niveaux regorgent de Pagies à dénicher (145 en tout !) et de plumes qui servent de monnaie pour déverrouiller les techniques de Trowzer. En plus de votre agilité et de vos talents, chaque niveau offre des challenges typiques des jeux du genre : course à obstacles, petit boss, jeu d’arcade de Rextro et une aventure en chariot à la Donkey Kong offerte par Kartos, l’un des nombreux PNJs du jeu.

Playtonic a prit un plaisir non dissimulé à créer des archétypes de PNJs tous plus adorables les uns que les autres qui deviennent plus attachants que les héros eux-mêmes. Qu’ils soient amis ou ennemis, ils provoquent tous un sourire immédiat, que ce soit par leur look ou surtout par leur doublage directement inspiré par celui des Banjo Kazooie. D’ailleurs, chacun à une « voix » caractéristique toujours bien sentit. On ne se lasse pas des dialogues rétromignons et des vannes sorties par Laylee alors que Yooka tente de discuter sérieusement avec un caddie dépressif par exemple. Du grand art. Encore un clin d’oeil à son ancêtre, les épreuves de quizz organisées régulièrement en cours de partie par Dr. Quack, le bras droit du grand méchant qui nécessitent d’avoir au moins parcouru une partie de chaque monde pour pouvoir répondre correctement aux questions. Malin.

On pourrait presque en oublier notre but, amasser les Pagies, il vous en faut au moins 100 pour pouvoir toquer à la porte du QG de Capital B., Car oui, Yooka-Laylee est avant tout un jeu de collection d’objets. En plus des feuilles et plumes d’or, vous pourrez aussi partir à la recherche des 5 fantômes bien planqués dans les livres-mondes, des éléments de boost comme les coeurs de papillons pour augmenter votre vie et j’en passe. Si le jeu est relativement accessible et destiné à un public qui a grandi avec les platformers de Rare, certains passages peuvent être tendus comme la foutue caverne dans le noir le plus total au coeur des glaces (grrr!) mais jamais à cause de la caméra. Bête noire des joueurs à la fin des années 90, elle n’est ici jamais gênante, sauf lorsqu’elle est fixe dans certains intérieurs.

Non, le seul vrai couac qui casse un peu la jovialité ambiante c’est son (trop) grand hub : la Ruche. Pensé comme un niveau en plus, il relie tous les environnements et s’il est amusant de s’y balader dans une première moitié du jeu, il devient vite pénible de l’arpenter, car on passe beaucoup trop de temps à chercher les passages menant à d’autres livres-mondes et à libérer les Pagies qui s’y trouvent. C’est de loin la partie la plus difficile du jeu. Mention spéciale à la partie aquatique et la manière capilotractée de trouver la sortie ! Dommage, car l’idée était bonne et permet de mettre immédiatement en pratique les pouvoirs que nous refile Trowzer. On peste sur le hub mais Yooka-Laylee a tout de même un petit gout de reviens-y, notamment à cause à son look inimitable assez bien rendu grâce à des shaders chatoyants et à sa bande-son signée David Wise qui revient à ses premiers amours de composition.

Bon

Yooka-Laylee est comme une machine dans le temps qui nous offrirait un fantastique retour à nos souvenirs d'adolescence, une époque où le fun importait plus que tout dans le jeu vidéo ! Comme de nombreux projets de coeur sur Kickstarter, le titre de Playtonic ne cache pas ses influences très ancrées dans ce hit qu'était Banjo Kazooie : une foule d'objets à collectionner, des personnages tous attachants, une quinzaine d'heures de plateforme 3D assimilable par les petits comme les grands et une bande originale édulcorée. En cela il plaira aux fans et aux backers qui ont sciemment propulsé ce concept de revival. Et même s'il n'est pas parfait, la faute aux seules libertés prises avec son modèle... il arrive à nous faire de nouveau passer de très bons moments sourire aux lèvres et manette en main. C'est bien tout ce qu'on lui demande.

Jeu testé sur PC à partir d’une version fournie par l'éditeur. Plus d’informations sur notre politique de tests en suivant ce lien.

Cliquez pour commenter

Envoyer

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Derniers articles

En haut