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[TEST/DOSSIER] La saga Onechanbara / Onechanbara Z : Kagura

Curiosité excentrique et exotique pour certains, jeu insipide au mécanisme dénué d’intérêt pour d’autres, la série Oneechanbara a toutefois le mérite de ne pas passer inaperçu, avec une attention toute particulière des joueurs, ainsi que des médias spécialisés, qui consacrent une partie de leurs articles à une production aussi peu ambitieuse. Pourquoi tant d’engouement de la part de ces différents intervenants ? Est-ce là un trésor d’inventivité au gameplay exceptionnel caché à la vue de tous? Eh bien non ! Car, cette saga ne brille en aucun cas grâce à son système de jeu, tout juste dans la moyenne, ni dans son originalité. Mais elle dispose d’une aura particulière qui attira la sympathie de toute une communauté qui se fédéra derrière les différentes productions initiées par D3publisher.

Afin de bien comprendre l’impact de cet état de fait, il faut revenir, dans un premier temps, quelques années en arrière, durant l’ère Playstation première du nom. Fondé en 1992, éditeur totalement indépendant et jusque-là très peu connu (l’histoire économique de celui-ci fera que cette indépendance disparaitra bien plus tard, lors du rachat par Namco-Bandai durant les années 2000), D3Publisher lance un concept simple et à première vue attractif. Proposer des jeux à bas prix, en rognant sur les coûts de développement et la durée de celui-ci. Favorisant ainsi les petits studios débutants et confinés en terme d’effectifs, tout en produisant des jeux à l’aspect simple et n’ayant aucune intention de concurrencer les grands hits produit à cette époque. De cette initiative naquit la collection « Simple 1500« , qui comme son nom l’indique, propose différents titres pour la modique somme de 1500 yens (soit plus ou moins 15€). Comportant des jeux aux thèmes plus que classiques et sans pour autant délivrer une once d’originalité (mah-jong, jeux de sports, courses automobiles, ou bien encore portage de jeux arcades…), une jeune équipe de développeurs du nom de Tamsoft se détache du lot peu à peu et seront les seuls à proposer des jeux dans cette gamme, à des cadences de sorties extrêmement proches entre chaque titre. Petit succès d’estime, l’éditeur et le développeur décident communément de réitérer le principe lors de la sortie de la Playstation 2, renommant le tout en « Simple 2000« , avec un prix de vente revu à la hausse pour l’occasion (l’une des conséquences de la complexité du hardware de la Ps2, générant un délai de programmation sensiblement plus long et difficile) mais qui reste tout de même très abordable avec un prix planché de 2100 yens (à peu près 20€).

Cette nouvelle série sera très prolifique avec la parution de plus de 124 jeux, dont certains seront distribués et localisés en Europe sur la fin de vie de la console. C’est à cet instant que Tamsoft prend les choses en main en mettant en place une politique de création de petits jeux différents, tout en appliquant la règle de contribution à petit budget, s’octroyant ainsi une prise de liberté quant au contenu de leurs oeuvres. Certains titres ne laisseront pas indifférent et rentreront irrémédiablement dans l’univers très fermé et atypique des Kusoge (jeux débiles, nous pouvons citer par exemple la série des Cho Aniki) propres au marché japonais.

The Daibijin fut, très certainement, l’un des premiers projets allant dans ce sens, en mettant en scène une jeune fille en bikini ayant fait une poussée de croissance exponentielle, atteignant la taille respectable de trois grattes-ciels. Le joueur contrôle un hélicoptère dépêché par les autorités locales qui aura pour but d’endormir la géante et de la maitriser, afin de limiter la casse. Plus débile et original tu meures…

Toujours plus fort, toujours plus haut dans l’absurdité ludique, Love Aerobi, propose une simulation de chorégraphies que Véronique et Davina ne renieraient pas. Ici, on ne peut pas aller plus haut dans la niaiserie ultime.Nous atteignons le dernier étage, au dessus c’est le soleil.

Et la, je vous vois venir derrière l’écran de votre micro-ordinateur, à vous écrier et en parjurant : « Non mais d’accord Ixi, cela reste fidèle a toi même de glisser quelques jolies créatures en petites tenues afin d’égayer tes propos. Mais là, on s’écarte du sujet ! » Certes, vous avez raison, mais il est important de décrire cette espèce de démarche qui engendra, à cette époque, un soft à l’apparence plus sérieux, mais à l’origine parti d’un délire commun à tout ce qui a pu précéder. Sensible de s’attirer les faveurs du public masculin, comme nous avons pu le découvrir, Tamsoft multiplie les titres à connotation ecchi, dans la plus pure tradition du voyeurisme caricatural nippon. Et c’est dans cette voie-là que sortira en 2004, sous le volume 61 de la collection, The Oneechanbara

À prononcer « Onéchambala », (et non One Chanbara comme j’ai pu entendre sur un podcast d’un site qui se désigne en tant que ménestrel du jeu vidéo) jeu de mots contractant les termes oneesan (grande soeur) et chanbara (combat). Ce jeu apporte une alchimie assez démentielle au premier abord. Un mélange de beat’em all bête et méchant, à l’aspect horrifique et aux effets gore grand-guignolesques, ajoutant un zeste de charme provenant tout droit des antécédents de la série Simple 2000. Imaginez donc devoir contrôler une midinette à la plastique de rêve, vêtu du minimum de tissus possible, déchiquetant par vagues nombre de zombies affamés, le tout dans l’exaltation de se voir recouvrir d’hémoglobine. Sans omettre la profusion à l’allure provocatrice et aguicheuse de postures lascives et suggestives, bien avant une certaine Bayonetta !

Aya et Saki sont les dernières descendantes d’une longue lignée de chasseurs de démons. Le clan dont sont issues ces deux soeurs fait l’objet d’une malédiction héréditaire transmise par le sang. Source de puissance, mais également de malheurs et de destructions, cet attribut suscite quelques convoitises de la part de certaines castes, voyant ainsi un moyen de prise de pouvoir total en utilisant la force décuplée par cet atout. Après avoir récupéré le sang de Saki, cet organisme secret se lance dans des expérimentations qui se révèleront désastreuses. Cet échec se soldera par la propagation d’une infection virale sur la population, transformant chaque être humain en bêtes assoiffées de chairs et de sangs…

Bien entendu, qui dit production a faible cout, dit jeu comportant certains points perfectibles. Oneechanbara accuse une répétitivité qui suit scrupuleusement un schéma quasi prédéfini en boucle : combat imposé en arène fermée, déblocage, exploration, arènes, etc.

Malgré ce handicap causé par une certaine linéarité et répétitivité, le jeu s’impose comme une très bonne alternative aux Beat’em all de cette époque (Devil May Cry en tête de liste), donnant naissance à une certaine sympathie, aux plus nostalgiques d’entres-nous, envers une création réalisée avec beaucoup de contraintes et très peu de moyens, comme une production de films à petits budgets à connotation horrifique d’antan (en même temps, le concept s’en rapproche clairement). Une sortie en Europe, sous le titre de Zombie Zone, gratifiaient les joueurs occidentaux de la venue d’un titre 100% pur jus nippon (et ce, sans un passage au préalable par les States!), par l’intermédiaire de l’éditeur 505 Games Street, trois années plus tard.

S’en suivra un hors série, dénommé The OneeChanpuru, en 2005, sous le volume 80 de la collection. Upgrade de la version original, elle inclut deux nouveaux personnages féminins ainsi que de nouveaux costumes. Dispensable au possible pour ceux qui possèdent le premier volet, tant l’ajout de suppléments influent très peu sur le déroulement principal. 505 Games Street l’éditera sur le sol européen en le renommant Zombie Hunter.

Derniers épisodes à voir le jour sur la console de Sony, sous le volume 90 et 101 de la série Simple 2000, The Oneechanbara 2 et The Oneechampon 2 spécial, suites directes du premier épisode et de son hors série, signeront l’arrêt de la collection Simple, lors de l’été 2006 (une tentative furtive de relancer cette idée viendra bien plus tard sur la Wii mais sans grand succès.). Gros succès dans son pays d’origine, ce second volet des bimbos chasseuses de morts-vivants, apporta l’assurance aux développeurs et à son éditeur, d’avoir mis sur le devant de la scène une nouvelle franchise, se suffisant à elle seul, capable de fédérer et d’attirer l’attention d’un noyau dur de fans. C’est dans cette optique que la série devint la priorité de Tamsoft/D3Publisher, délaissant ainsi le concept de jeux diversifiés et à bas prix, sous forme de collection.

Et c’est cette même année que parait Oneechanbara Vortex ( Onechanbara Bikini Samourai Squad pour l’Europe et les U.S.A), sur une plateforme pour le moins inattendu, la xbox 360, console d’origine occidentale. L’explication rationnelle de cette entorse à l’encontre des consoles japonaises, provient d’une volonté d’amener la série sur les différents marchés étrangers, mais aussi d’accroitre une rentabilité, de par la facilité de programmation offerte par la machine, proche d’une configuration matérielle PC. Cette suite à le mérite d’avoir été le déclencheur d’un phénomène auprès du public japonais à l’égard de la dernière plateforme de Microsoft qui deviendra, de ce fait, la console Hardcore/Otaku de cette génération (d’autres producteurs/éditeurs confirmeront cette appellation avec leurs jeux), malgré un faible volume de vente (et qui le restera par la suite…). Mis à part des graphismes remaniés en HD, ce nouvel épisode apporte très peu de nouveautés, mais reste néanmoins un titre correct qui remplit parfaitement son rôle, celui d’être un bon divertissement pour amateur friand du genre.

De manière surprenante et fort incompréhensible, sa suite directe, Oneechanbara Revolution (Onechanbara Bikini Zombie Slayers, chez nous) sortira sur Wii deux années plus tard, en 2008. Certains adeptes de la série couvriront de louanges ce dernier épisode en l’affirmant, tout simplement, en tant que meilleur volet de la saga. Se manipulant à l’aide de la Wiimote et de son nunchunk, le système de jeu, jusque-là classique au possible dans les précédents opus, propose une nouvelle expérience qui s’avère exceptionnelle tant le tout est jouable et très plaisant. Suivant ce procédé novateur pour un jeu au préalable dédié uniquement au pad classique, il est évident que Oneechanbara Revolution, grâce à ses atouts, se vit rapidement attribuer la réputation d’être l’un des meilleurs jeux d’actions sur la console de Nintendo.

Enfin ! Le temps est venu d’entrer dans le vif du sujet et d’aborder la question du nouveau venu dans le monde sexy et sanguinolent d’Oneechanbara avec l’apparition de ce cinquième volet, intitulé : Onechambara Z : Kagura. Renouant quelque peu avec Microsoft, en dédiant son titre exclusivement pour la 360, D3publisher, aborde ce titre sur le thème du changement, en proposant,cette fois-ci, non pas de contrôler comme d’habitude Aya et Saki, mais de découvrir deux nouvelles frangines tout aussi redoutables qu’attrayantes : Kagura et Saya. En plus de partager un lien de parenté, nos deux jeunes donzelles possèdent une particularité, en commun, qui fait d’elles de redoutables machines à tuer. Descendantes d’une longue lignée de vampires guerriers (Vous avez dit BloodRayne ?), nos charmantes héroïnes disposent, en plus d’une force et d’une agilité accrue, d’un don de régénération, ce à l’aide de leur propre sang qui réagit en tant qu’entité à part entière. Cela va sans dire que cet aspect singulier puise énormément de ressources et se doit d’être alimenté par l’hémoglobine d’autres créatures.

Ordonnés, par les soins d’une société secrète, d’assassiner Aya et Saki, accusés d’être la source de l’infection zombiesque, nos deux soeurs n’ont d’autres choix que d’embarquer à bord d’un cargo en provenance de Roumanie, en direction du lieu présumé ou se trouvent les sois-disantes renégates. Mais ceci ne cache t’il pas une manœuvre de corruption destiné à supprimer le seul remède véritable à cette hécatombe ? Mystères et boules de gomme…

Toujours est-il que ces deux nouvelles combattantes de choc et de charmes ne changent en rien le système de jeu éprouvé et propre à cette série. Un charcutage en règle par un système de combos reste des plus classique. Seul le mode d’upgrade des skills amènent une manière différente d’appréhender les  nombreuses batailles de ce jeu. En clair, rien de nouveau sous la pluie de plasma écarlate et l’on reprend ses marques, ainsi, très rapidement.

Malheureusement trop aisément, malgré 6 niveaux de difficulté censée amener un défi supplémentaire à un jeu qui se boucle en à peine trois, voir quatre heures de temps, le jeu se retrouve à la portée de tous, sans investissement ultra poussé pour boucler l’aventure dans les modes les plus ardus. Oui, vous avez bien lu, Oneechanbara Z est un jeu à la durée de vie plus qu’éphémère. Les grincheux pourront toujours trouver un avantage à sa cause, en mentionnant l’intégration d’un mode survival en plus du mode histoire qui n’apporte cependant que trois petites heures de prolongation, ultrarépétitive au passage, à l’appréciation de ce titre. Cette durée de vie fugace est clairement le point faible de ce jeu, tant et si bien qu’il reste encré en mémoire pour ce point noir, essentiellement. Étant fan de la série, je m’en retrouve déçu pour le coup.

Ne restons donc pas abattus pour si peu (quoique…), le jeu conserve l’esprit de la série en comportant tous les ingrédients indispensables et indissociables de l’oeuvre de D3publisher. Ennemis en masse, plans gores à outrance, poses lascives et aguicheuses de belles naïades provocantes. La patte graphique reste très honnête sans pour autant atteindre des sommets de qualité esthétique tel que certaines grandes productions du moment. Quand à la partie sonore, elle reste dans la continuité également, à savoir une techno/électro coulante et simpliste. Bref, cela reste moyen dans l’ensemble pour une oeuvre qui se voulait plus ambitieuse lors de ses différentes présentations et surtout pour un prix dans la norme d’une grande nouveauté….

Déçu sur le fond, mais conforme sur la forme, Onechambara Z : Kagura voyait grand, trop grand pour se permettre de concurrencer véritablement les ténors du genre. Décidément, D3publisher excelle dans des situations moins ambitieuses et aurait dû continuer dans cette voie là. Loin d’etre un mauvais jeu pour autant, le dernier né de la saga ne laissera pas forcément un souvenir impérissable. Au contraire, le titre laisse un gout d’oeuvre inachevée et inexploitée surtout pour un prix de vente dans la normale qu’il aurait été plus bénéfique de proposer, finalement, à un prix réduit dans une collection spécifique…

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