7 ans ! Cela faisait 7 ans que l’agent 47 n’avait pas repointé le bout de son crane sur nos consoles. Après la ré-édition récente des 3 premiers épisodes en HD, c’est un jeu totalement inédit qui débarque avec son lot de craintes et de promesses. Cette série au gameplay exigent a-t-elle succombé aux sirènes de la « casualisation » ? Réponse quelques lignes plus bas…
On attendait ce Hitman Absolution depuis trop longtemps, ainsi on se dépêche, on insère la galette dans notre console ou PC et là déjà premier élément frappant: la qualité des graphismes. Décidément les consoles de cette génération sont pleines de ressources. On en prend plein la gueule et on en redemande ! La gestion des foules est incroyable et les décors sont la plupart du temps très inspirés, que ça soit en terme de level design ou de recherches graphiques. Les petits gars de chez IO interactive ont sévèrement buché sur l’ambiance et ça se ressent manette en main. Chaque lieu visité fourmille de détails et on se représente très bien les références empruntées au cinéma lors de certains passages.
Cette ambiance remarquable soutient clairement le scénario qui malheureusement n’est pas au niveau de la réalisation. Engagé par l’agence pour éliminer Diana, une ex-membre qui a trahi cette dernière, l’agent 47 prend conscience des dessous de ce contrat et des intérêts de chacun. Intérêt représenté par une jeune adolescente qui fait l’objet de beaucoup de convoitises pour ses particularités (je n’en dirais pas plus pour éviter tout spoil). Trop convenu, sans réelles surprises, on enchaine les missions sans se passionner pour le scénario qui nous emmène vers une fin attendue. La question est la suivante : est-ce vraiment cela qu’on demande à un Hitman ? Clairement la réponse est: « non », car le scénario n’a jamais été le point fort de cette série et même si il aurait été appréciable de voir plus d’efforts consentis sur cet aspect, on s’en contentera tant l’ambiance est maitrisée de A à Z. Personnages pourris, sales tronches et situations comiques sont au rendez-vous. Un gros travail a été effectué sur l’écriture des répliques et le doublage français, que ça soit durant les cinématiques ou en jeu. C’est un vrai bonheur d’écouter les personnages non joueurs parler de banalités avant de leur infliger une punition mortelle (mention spéciale au garde dans la première mission qui se croit sauvé suite à une rémission du cancer de la prostate).
Mais à quoi servirait une ambiance incroyable si cela ne sert pas le gameplay ? A rien on est bien d’accord, mais là encore les développeurs ont de la ressource. Après avoir choisi sa difficulté parmi les 5 modes proposés, on entame un didacticiel bien fichu qui vous présentera l’histoire de manière dynamique. Selon vos habitudes de gamer, la difficulté choisie sera d’une importance fondamentale sur les manières d’aborder une mission. Si les modes facile et normal sont bien trop permissif et sans réel challenge (mais surement adaptés aux « nouveaux » joueurs) on passera directement en mode difficile pour retrouver les véritables sensations de l’infiltration. Réussir une mission en mode infiltration total devient un défi et un véritable plaisir. Vous devrez mourir, souvent, et apprendre des environnements et des personnages. On regrettera toutefois le bon vieux brief de départ qui imposait une rigueur supplémentaire dans la façon d’aborder ces contrats. Malgré cet oubli, on sent une véritable volonté des game designers de laisser le choix aux joueurs sur la manière de jouer. Ainsi les défis sont là pour souligner l’ensemble des possibilités qui vous sont offertes à chaque mission. A vous de trouver chaque arme, chaque déguisement et manière de liquider votre cible. Plus vous en trouvez, plus votre score en fin de partie augmente et cela prend aussi en compte différents paramètres (si vous avez été repéré, le mode de difficulté, le temps…).
Néanmoins, on sent clairement que cette liberté offerte au joueur se réduit considérablement au fil des missions. Ainsi certaines missions sont clairement conçues pour être effectuées d’une certaine manière, et même si des éléments supplémentaires sont à trouver dans les niveaux, on ne peut que regretter cette sensation de liberté des premiers stages qu’on ne retrouve que trop rarement par la suite.
Prendre le temps de repérer le déplacement des ennemis sera indispensable
Pour vous aider dans votre tache au combien difficile, vous disposerez de l’indispensable corde à piano pour éliminer vos victimes dans le feutré et de votre instinct de tueur. Cette nouveauté est matérialisé par une barre sur le coté pouvant être utilisé à tout moment, qui se recharge en fonction des actions que vous effectuez et qui vous rapporte plus ou moins de points. Utiliser l’instinct vous permettra de voir la position des PNJ à travers les murs (indisponible en mode expert) et vous pourrez passer incognito à coté des ennemis ayant le même costume que vous sans être repéré. Fonctionnalité sympathique, cela permet de retrouver certaines sensation des jeu d’infiltration, ou la petite goutte de sueur coulera le long de votre front lorsque vous arriverez à la fin de la mission avec votre instinct au minimum… sueur froide garantie.
Tout cela fait de Hitman Absolution un jeu vraiment agréable à jouer et aux mécanismes de jeu intéressants… mais il y a un mais. En effet on se retrouve trop souvent confronté à une intelligence artificielle bien étrange. Disons-le clairement, cette dernière est à la rue dans bien des domaines. On attendait clairement mieux d’un jeu de cette envergure. Les réactions des ennemis sont parfois plus qu’étranges. Ainsi le fait de passer à 20 mètres d’une cible fera que vous serez démasqué, mais si vous continuez votre petit bonhomme de chemin jusqu’à la porte symbolisant le checkpoint alors que la cible vous a repéré comme intrus, vous passerez tout de même à la scène suivante. De même pour les séquences d’action, où les gardes feront preuve d’une idiotie sans bornes, allant jusqu’à se faire tuer les uns après les autres alors que 47 ne change pas d’emplacement (syndrome dit de « Die hard 5″). Cela est fort regrettable et arrive même en mode difficile où le fait de tuer 50 ennemis, ou d’abattre une cible sans déguisement entouré de gardes, à coup de bidon d’essence dans sa tronche devient possible. Pour éviter cela on sera obligé de choisir les deux derniers modes de difficultés où chaque impact de balle se fera clairement ressentir sur votre barre de vie… dommage.
Autre gros soucis qui m’a véritablement gêné durant ce test : les plantages à répétition. En effet, lors de certains écrans de chargement, il n’est pas rare de voir le jeu crasher littéralement. Dans ce cas, le joueur gagne le droit de refaire le chapitre déjà terminé en priant le ciel que le jeu ne plante pas une seconde fois. Autant on pourra passer outre certains errements du gameplay, autant ce type de défaut est assez difficile à pardonner pour une licence comme Hitman.
Je finirais ce test en vous parlant du mode multijoueur: contrats, qui vous permet de refaire les missions du scénario tout en ajoutant un peu le challenge. Je m’explique. Vous choisirez les cibles qu’il faudra abattre dans votre contrat en les marquant (3 cibles maximum). Puis, vous laisserez aller votre imagination sur la manière de les tuer et dans quelle tenue. Une fois le contrat proposés à la communauté, les joueurs du monde entier pourront essayer de battre votre record et ainsi récupérer des points. Ces derniers permettent par la suite de débloquer des éléments pour vos propres contrats.
Amusant et permettant de rallonger la durée de vie, ce mode est une bonne idée et est bien intégré à l’univers Hitman. Toutefois, même si ce mode est intéressant, on s’imagine mal passer des nuits dessus.
Au final, Hitman absolution est un jeu qui promet beaucoup, mais qui petit à petit laisse entr’apercevoir ces failles de game design et les gros errements de son I.A. La liberté d’action se réduit au fil des missions. Toutefois, le jeu séduira tout de même un certain public avec son ambiance incroyable et par les défis que représente certaines missions. Square Enix à su préserver l’essence de cette série mythique, même si cela s’est fait au prix de quelques sacrifices au niveau de l’I.A et de la stabilité du jeu.
