PlayStation 3

[TEST]Naughty Bear: Panic in Paradise

Il aura fallu attendre deux ans pour voir arriver la suite des aventures de l’ours en peluche le plus sadique de l’histoire de la création : Naughty !!! Simplement suffixé d’un Panic in Paradise, la suite de Naughty Bear nous transpose dans une île paradisiaque qui sera le théâtre de massacres les plus ignobles les uns que les autres. En même temps, lorsqu’on est un petit ours en peluche tout mignon et qu’on ose ne pas inviter ce pauvre Naughty en vacances, on ne peut que s’en prendre à soi-même. Cette fois-ci et contrairement au premier épisode qui n’avait clairement pas marqué les esprits et surtout pas la critique, Naughty Bear : Panic in Paradise est uniquement disponible en téléchargement sur le Xbox Live Arcade et le Playstation Network. De quoi imaginer le pire ? Et s on allait voir ça!

Une peluche nommée Dexter

Pouvoir martyriser et trucider des petits oursons en peluche à la pelle a comme quelque chose de jouissif, voir enivrant. Non, je ne suis pas un sociopathe en puissance et je n’ai pas prévu d’aller zigouiller mon voisin dans la nuit et de lui arracher une dent ou deux que j’ajouterais à ma collection personnelle cachée sous une vielle pille de journaux au fin fond de mon grenier (NDLR: Dexter collectionne bien les échantillons de sang). Non, je ne suis pas de cette espèce-là. Mais j’avoue ne pas bouder mon plaisir lorsqu’il s’agit de libérer la pression sur un jeu bien bourrin hautement chargé en testostérone et en virulence. Et surtout si le dit jeu est édulcoré d’un humour bien grossier et d’une palette graphique mignonette chargée en couleur. Ce qui est justement le cas de Naughty Bear : Panic in Paradise. Mais autant être franc dès le départ, je n’ai jamais joué au premier Naughty Bear. Tout ce que j’en sais, c’est qu’il a été boudé par la critique malgré un pitch de départ drôlement intéressant et bien rafraichissant. On lui reprochait surtout une réalisation brouillonne, un gameplay limité, répétitif ainsi que de très gros soucis de caméra. Avant de rentrer dans le vif du sujet, autant vous dire que cette suite souffre  malheureusement des mêmes maux à quelques exceptions près. Ne vous attendez donc pas à une montée en puissance de la série, mais plutôt à une stagnation avec un léger mieux. De quoi contenter, dans un premier temps, les fans de l’ours balafré.

Bis repetita

Je ne vais pas m’étendre une éternité sur le scénario de Naughty Bear : Panic in Paradise. Surtout que le jeu ne se contente que d’une « cinématique » de quatre secondes montre en main pour poser le pitch de départ. En gros, les oursons sont partis en vacances dans une île paradisiaque sans avoir pris la peine d’inviter le gentil Naughty. Manque de bol pour eux, ce dernier s’est planqué sous le bus et compte bien se venger. Voilà, s’est terminé, rangez les copies. Bien que ce ne soit pas un élément crucial du jeu, ça n’aurait vraiment pas fait de mal aux équipes de Behavior Interactive de se creuser un peu plus les méninges sur ce segment. Surtout qu’avec le ton totalement décalé et assumé du titre, une mise en scène travaillée et un peu plus de substance du côté de la narration n’aurait pas été de refus. Contrairement au premier Naughty Bear qui se découpait en plusieurs chapitres avec une trame scénaristique, cette suite nous propose un enchainement de missions où le but est de zigouiller une cible bien précise dans l’une des plusieurs zones de l’île tout en respectant scrupuleusement les indications. Ainsi, on peut passer de l’hôtel en bord de plage à une soirée costumée dans une somptueuse propriété tout en passant par une zone industrielle d’un simple coup de machette. Hélas, malgré la diversité visuelle des décors, le jeu s’embourbe une fois dans un plus dans un gameplay simpliste qui nous fait systématiquement répéter le même schéma. Avant de démarrer une mission, on nous parle rapidement de la cible et on nous indique comment l’exterminer. Par exemple, il faudra tuer l’ourson Dodu à l’aide d’une machine à liposuccion tout en étant déguisé en docteur et pour se débarrasser de l’ourson savant fou, il faudra simplement le balancer dans un portail quantique. Comme quoi, on meurt avec classe et panache sur Paradise Island. A la mission principale s’ajoute également trois missions secondaires comme atteindre le score demandé, tuer, piéger et pousser au suicide le nombre d’ours indiqué. Si lors des premières missions on s’applique à tout faire bien comme il faut, la répétitivité des actions nous pousse rapidement à s’occuper fissa de la cible principale avant de passer à la suite. Un comble pour un jeu qui cible avant tout le scorring et qui implique donc de recommencer plusieurs fois de suite la même mission.

Carnaval !

En plus de la répétitivité du schéma de jeu, on peut aussi pointer du doigt la pauvreté du gameplay qui s’articule essentiellement autour de la mise à mort d’oursons qu’on coince dans un coin de la carte, la possibilité de se cacher dans les hautes herbes pour avancer furtivement, de pousser des petits cris pour attirer ses cibles ou des hurlements pour les effrayer, de se bastonner assez mollement en enchainant quelques combos très timides, mais aussi de se déguiser afin de pouvoir opérer incognito. En effet, grande nouveauté avec cette suite, Naughty est maintenant capable de piquer les costumes de ses congénères afin de ne pas se faire repérer mais aussi d’augmenter certaines aptitudes comme l’endurance ou encore la force. De plus, selon les actions réalisées en cours de partie, il est possible de débloquer des éléments de costumes et des armes que l’on peut ensuite acheter dans une boutique à l’aide des points glaner ici et là. Et à l’image de ce qui se fait un peu partout en ce moment, le jeu propose une dimension « RPG » avec des ponts d’expérience nous permettant de débloquer de nouvelles compétences comme le coup de pied retourné. Une carotte qui servira de moteur à bon nombre de joueurs qui n’auront de cesse que de mettre à mort nos compagnons d’enfance en les empalant sur des cactus, en les cramant dans un barbecue ou encore en leur fracassant le crâne à coup de portière de voiture. Car malgré la répétitivité et la lascivité du jeu, sa grande force réside dans la multitude de manières qu’ont les joueurs de laisser parler leur imagination. Du côté de la réalisation, le jeu nous propose des graphismes simplistes, colorés, visuellement attrayant, mais qui manque tout de même de détails et de finesse. On se retrouve souvent avec des portions de niveaux horriblement vides qui renforcent l’ennui qui peut naitre sur de longues sessions de jeu. Et quitte à parler des problèmes techniques du titre, on peut ajouter à la liste des contrôles qui manquent de souplesse et une caméra qui a la fâcheuse tendance à venir se coincer dans des angles totalement improbables. Alors oui, Naughty Bear Panic in Paradise à ce petit côté très sympathique, très drôle et même carrément jouissif par moment, mais passée la grosse demi-heure de jeu, on s’ennuie ferme à refaire encore et encore les mêmes types de coups, les mêmes mises à mort et les mêmes missions annexes. Le tout avec une gameplay non évolutif qui aurait pu être la pierre angulaire d’un titre qui partait finalement sur de très bonnes bases.

Reprenant les mêmes bases que son prédécesseur en y ajoutant quelques petites modifications et nouveautés, Naughty Bear Panic in Paradise ne parvient toujours pas à se hisser au rang d’incontournable. Malgré sa fraicheur et son originalité, le titre de Behavior Interactive se casse une fois de plus les dents sur des défauts qui viennent inexorablement ternir l’expérience de jeu globale. La faute à un gameplay sans réelle ambition, une structure de jeu sans une once d’évolution et une réalisation une fois de plus reléguée au second plan. La suite des aventures de Naughty est toutefois sauvée par une ambiance attachante, l’apparition très judicieuse des costumes et un plaisir manette en main indéniable sur de courtes sessions de jeu. Pour son petit prix, on ne va pas crier au loup, mais si vous vous attendez à du lourd, autant prendre vos précautions, vous pourriez être déçu.

Cliquez pour commenter

Envoyer

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Derniers articles

En haut